Chapitre 33 : Fear.

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Mes jambes tremblent de toute leur hauteur, comme le reste de mon corps d'ailleurs. Mes lèvres sont salies de larmes d'eau salée, et je me mords tellement la langue pour m'empêcher d'éclater en sanglots que je sens le goût de sang dans ma bouche. 

J'arrive enfin à la piscine, le souffle court et les oreilles comme anesthésiées vis-à-vis du bruit extérieur. Mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine, et le liquide chaud qui remplit mon corps se glace lorsque je franchis enfin la lourde porte noire qui donne l'accès aux bassins. Mes pieds refusent d'avancer, j'ai vraiment peur de ce que je vais trouver. 

Mais je dois y aller. 

Au plus vite. 

Et c'est ce que je fais. Je regarde avec le plus de rapidité à travers le petit bassin et le moyen, n'y trouvant personne, juste de l'eau claire et trop calme. Les larmes déferlent sur mes joues roses, et je réalise absolument tout ce que je peux pour ne pas hurler et me laisser tomber sur ce carrelage blanc et immonde de cet endroit. 

 Puis j'arrive enfin au plus grand bassin. 

Mon sang ne fait qu'un tour dans ma poitrine lorsque je vois une silhouette musclée et noire tout au fond de l'eau. J'enlève ma veste et mes chaussures, et plonge dans l'immensité bleue. Je sais que c'est lui, cela ne peut qu'être que ce garçon épileptique dont je suis désespérément tombée amoureuse. 

Je fais du mieux que je peux pour atteindre le fond de l'eau et ne pas remonter à la surface. Ayant pris des cours de natation en primaire, c'est de loin la chose la plus facile pour l'instant. Je le distingue, les bras tendus vers le haut, comme si Nathan voulait qu'on l'aide. Et c'est exactement ce que je vais faire. 

Je commence à manquer cruellement d'air, mais je m'en fous à cet instant. J'agrippe sa grande main et le tire à la surface avec le plus de force que je suis capable d'émettre. Ma vue se trouble, je sais que si je ne nous remets pas immédiatement en haut, nous mourrons tout les deux dans cette piscine. 

Et alors que je luttais de tout mon être pour parvenir à aller à la surface, nous y sommes enfin. 

Ma tête émerge de l'eau, et l'air remplit à nouveau mes poumons, me délivrant de cette douleur physique insupportable. Mais je me re-concentre vite et tire le corps lourd et musclé de Nathan sur le bord du grand bassin, avec difficulté et en lui hurlant de se réveiller. 

Sa peau est livide, blanche, comme si il était déjà partit. Ses beaux yeux gris sont cachés par ses paupières, que je déteste à ce moment, les rendant responsable de son état. Je tape sur son torse en hurlant, or, ma raison reprend vite le contrôle et j'essaie de lui faire des massages cardiaques, car son pouls manque à l'appel. 

Mais je ne vois toujours pas ses prunelles, alors je colle mes lèvres aux siennes, faisant de mon mieux pour que de l'air rentre à nouveau en contact avec ses poumons, et que son cœur reparte. 

Mon état à moi est second, je suis comme un robot, lui administrant les gestes de premiers secours que j'ai appris en regardant des documentaires à la télévision sur les urgences médicales. Les larmes ont arrêté de couler à la seconde où Nathan a été hors de l'eau. 

Mon souffle est dans sa bouche, j'ai l'impression que cela fait une heure que je suis en train de tenter de lui redonner la vie. Il ne peut pas me laisser, il ne peut pas mourir, pas maintenant. Pas à l'instant où je parvenais enfin à l'aider, pas au moment où le terminale ressentait à nouveau des sentiments. 

"Putain, Nathan ! Réveille-toi ! Je t'en supplie ! Me...me laisse pas bordel ! Tu peux pas me faire ça ! Non ! Non ! Reviens à la vie ! Je...je peux pas...je peux pas rester en vie en sachant qu'à cause de moi tu...tu es mort... je...je...Les larmes déferlent sur mes joues et je le prends dans mes bras, pleurant contre son cou froid et dépourvu d'air - S'il te plaît, me fais pas...me fais pas ça...je...t'en supplie...Nathan...Je t'aime...Me laisse pas putain...Ne laisse pas la maladie t'atteindre...!

So. [ FR ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant