Chapitre 4 : Perdu

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Lisandro

Prostré, je me tiens face à Cali inerte, allongée sur le sol. Cette vision me glace le sang, me plonge dans un état second. Je ferme les yeux. Les images s’enchaînent, me percutent de plein fouet, me tourmentent… encore. Mon palpitant s’emballe, la gorge serrée j’ai du mal à respirer. Le passé se mélange au présent. J’essaie de me concentrer, reviens à la réalité. Tout s’accélère autour de moi. Les hurlements. La foule. Cali. Joye. Ez… Les pieds ancrés au sol, je ne contrôle plus mon corps.

—    Sandro ! Ooh Sandro ! Regarde-moi !

Ez me malmène. Je secoue la tête, passe une main sur mon visage.

—    Il s’est passé quoi là ?

Encore perdu dans mes pensées, Ez claque des doigts pour attirer enfin mon attention.

—    Oooh… réponds-moi ! Ça va ?
—    Je crois…

Je fais rapidement un tour d’horizon. La musique s’est arrêtée, laissant place à un brouhaha constant. Au moment où la lumière s’allume, Ruben passe par-dessus le bar et rapplique dans notre direction.

Merde !

—    CALI RÉVEILLE-TOI !! hurle Joye.

Attiré par ses cris, je me ressaisis, mes réflexes se remettent en action. Je pousse mon pote et me dirige sur les filles en ignorant celui que je cherchais à éviter.

—    Joye, qu’est-ce qu’elle a ? demande Ruben, paniqué, en s’accroupissant.

Joye maintient fermement Cali dans ses bras. Sa tête est renversée en arrière tandis que Ruben caresse son visage d’une pâleur effrayante.

—    Je ne sais pas. Demande-lui ! 

Ses billes acier rougies par les pleurs me transpercent en répondant au barman. Quand celui-ci pose enfin son regard sur moi, la surprise se lit dans ses yeux. La tension monte d’un cran. La mâchoire contractée, il se redresse. Il est à deux doigts de me sauter à la gorge.

—    Ez ! Fais reculer tout le monde, ordonné-je pour couper court à toute altercation. Ruben ! Demande aux vigiles d’évacuer au max pour faciliter l’accès aux pompiers, y’a trop de monde ici !

Il hésite entre m’en coller une ou suivre mes indications. Je baisse mes yeux sur Cali et le fixe à nouveau en avançant d’un pas. 

—    On n’a pas de temps à perdre avec des conneries Ruben. Cali a besoin d’aide. Ok !

Il capitule et sans plus tarder, se fraye un chemin jusqu’à l’entrée. Ez et quelques gars font reculer les voyeurs.

Je saisis la main glacée de Cali mais aussitôt, Joye me repousse violemment.

—    Ne la touche pas CONNARD ! Qu’est-ce que tu lui as fait ? Elle allait bien avant que tu débarques.
Ses larmes redoublent, elle resserre son étreinte, implore son amie d’ouvrir les yeux. Sans la brusquer, je m’efforce de lui parler calmement.

—    Joye… je t’assure qu’il ne s’est rien passé. Je ne comprends rien, tout comme toi. Je jauge ses réactions et m’aventure un peu plus en avant en reprenant d’une voix posée. Maintenant, écoute-moi s’il te plaît. Tu dois la lâcher, doucement. On la pose au sol et ensuite tu m’aideras à la mettre sur le côté. T’es d’accord ?

Elle s’essuie la joue d’un revers de main, évalue la situation et relève son attention sur Ez. 

—    Tu peux lui faire confiance.

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