Chapitre 20 : Plus jamais !

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Sandro

—    À demain Sandro ! Je te bip s’il y a la moindre alerte.

—    Ok ! N’hésite pas surtout. À demain Camille.

Ma veste en cuir sous le bras et mon casque à la main, je quitte son bureau et arpente le couloir désormais désert. La tête comme dans un étau, je passe les portes du centre et dévale les escaliers qui mènent au parking à peine éclairé. Je pose tout mon attirail sur la moto en lâchant un long soupir. Epuisé, les muscles tendus par le stress, j’ai besoin de cinq minutes avant de prendre la route. Cinq minutes indispensables pour faire le vide, effacer ces visions qui me perturbent. Jamais je ne m’habituerai... Je me passe les mains dans mes cheveux, les fourrage, agacé, en me remémorant leurs directives. Ils peuvent se les mettre au cul.

« Tu dois prendre une décision. »

Ils pensent que du jour au lendemain je vais changer d’avis alors que je me bats depuis toutes ces années. Comme si c’était facile. Ce choix n’est pas sans conséquences…

Je m’avance au bord de la falaise et prends appui sur la glissière de sécurité. Mon visage se lève en direction du ciel rempli d’étoiles qui scintillent. Je me perds dans ma contemplation quand mes lèvres s’incurvent en reconnaissant la grande Ourse. Nous sommes restés si souvent allongés, main dans la main, à la regarder que je serais incapable de les compter. Notre petite bulle de bonheur rien qu’à nous… je puise un peu de sérénité dans nos souvenirs, ferme les yeux et me focalise sur le bruit des vagues qui s’échouent sur les rochers, brisant le silence ambiant. Instinctivement, ma respiration se calle sur le doux va-et-vient qui apaise le désordre qui me ronge. Une parenthèse de quiétude dans ce tourbillon qui m’emporte vers l’impensable. Je n’imaginais pas en arriver là un jour, je m’y étais toujours refusé mais il est temps de lui parler. Je ne peux plus faire marche arrière. Elle a autant le droit que moi de décider de la suite de nos vies.

Je suis brusquement extirpé de mes pensées par la sonnerie de mon portable. Je récupère rapidement ma veste d’où j’extrais l’appareil pour y voir inscrit le nom de mon pote. Il passe la soirée chez sa nana, pourquoi m’appelle-t-il ?

—    Qu’est-ce que t’as ma poule ? je balance d’une voix enjouée pour cacher mon malaise.

—    Sandro, je sais que ce n’est pas le moment de te déranger mais on est dans la merde !

Un brouhaha résonne derrière lui sans que je comprenne quoique ce soit.

—    C’est quoi le problème ? T’as oublié tes capotes ?

—    Mec, j’ai aucune envie de déconner. On ne sait pas où elle est !

Je me fige immédiatement, Ez n’est pas du genre à stresser pour des broutilles.

—    De qui tu parles ?

—    Cali ! Elle a disparu.

Le téléphone coincé avec mon épaule, j’enfile ma veste à la hâte tout en lui parlant.

—    Depuis quand ? Joye était avec elle ?

—    Oui, elle l’a quitté vers vingt-et-une heure trente. Elle est avec moi maintenant.

—    C’était où ?

—    Sur le port, elles ont bu un verre au Bel Air. Il soupire avant de poursuivre, agacé... je t’avais dit ce matin que ça partirait en vrille entre les filles.

—    Je sais mais ça ne sert à rien de paniquer. Ce n’est peut-être pas si grave, dis-je pour le rassurer où peut-être pour me convaincre moi-même.

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