Chapitre 12 : Remonter dans le temps

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— Lâche-moi ! Je ne suis pas impotente, je peux encore me déplacer ! Oh ! Tu m’écoutes ?

Un bras autour de sa nuque, j'ordonne à Sandro de me poser sur le champ. Il fait mine de ne
rien entendre alors qu’un rictus étire ses lèvres. Les nerfs exacerbés par la douleur sous mon pied, je bouillonne de sentiments contradictoires en étant dans ses bras.

Je tente de me dégager mais c'était sans compter sur la force qu'il exerce. Ses doigts s'incrustent plus profondément sur ma peau
m’empêchant ainsi tout mouvement.

— T’es pire qu’une sauterelle, reste tranquille il y a du verre partout, tonne-t-il en me bloquant
avec plus de fermeté contre lui.

— Pose-moi tout de suite !

Il s’arrête et braque ses yeux rieurs sur moi.

— Mais c’est qu’elle mordrait en plus, lance-t-il amusé.

— Tu pourrais avoir des surprises !

Un combat visuel s’enclenche. La tension monte. Aucun de nous ne veux céder. Il devient
urgent que je mette de la distance. Je ne veux plus ses mains sur mon corps et encore moins ressentir cette confusion quand il est près de moi.

Son regard s’adoucit subitement puis devient plus songeur. Il relâche légèrement la pression
en amorçant ma descente. Mon sourire se dessine. Le sien réapparaît.

— En fait j’ai pas envie… tu n’as pas prononcé le mot magique, alors non ! balance-t-il d’un ton
chargé d’espièglerie.

Il se fout de moi ! Je vais lui en donner des mots magiques !

De nouveau plaquée contre son torse sculpté, je rage de plus belle.

— C’est pas possible d’être aussi tête de mule !

— C’est l’hôpital qui se fout de la charité là ! rétorque-t-il en entrant dans la salle de bain. Détends-toi, on est arrivé.

Il m’installe sur le rebord de la baignoire et saisit délicatement ma jambe pour la poser sur un tabouret. J’agrippe une serviette pour me couvrir tandis qu’il examine de plus près mon pied.

— C’est moche ? je demande, pas vraiment rassurée.

Le pli qui se forme sur son front confirme mes craintes.

— Tu ne t’es pas loupé. Le morceau de verre s’est planté au niveau du talon et t’as d’autres
coupures autour, constate-il soucieux.

Il appuie légèrement sur le contour de la plaie pour évaluer sa profondeur. Je serre les dents
jusqu’à laisser échapper un gémissement.

— Je t’emmène aux urgences, c’est plus profond que ce que je pensais.

Mon cœur manque un battement à l’idée de remettre les pieds dans cet endroit de malheur.

— C’est mort je ne vais pas à l’hosto ! C’est rien du tout. Il suffit d’enlever le bout de verre, de
désinfecter, de bander par-dessus , je sais pas et je m’en moque, mais je ne bougerais pas d’ici.

— Il vaut mieux voir un doc…

— NON !! Soit, tu le retires, soit, je le fais moi-même mais je ne mettrais pas un pied à l’hôpital.
Si t’as peur de me faire mal, c’est pas un problème pour moi.

Surpris par la virulence de ma réaction, les sourcils froncés, il oscille entre mon visage et
l’entaille en jaugeant la situation. Il se redresse en lâchant un long soupire, contrarié.

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