Chapitre 5 : Cauchemar...

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J’ai froid… terriblement froid. Allongée sur une table d’examen, nue, n’ayant pour seul vêtement qu’une blouse et un drap blanc qui recouvre mes jambes, j’attends… j’attends dans l’atmosphère glaciale, l’inévitable. Recluse dans cette pièce, en état de choc, j’essuie les larmes qui ruissèlent sur mon visage. Le regard braqué sur le plafond, je me remémore les dernières heures. Les cris. La peur… l’horreur. Mes pleurs redoublent et brisent le silence oppressant. Je refuse d’admettre la cruelle vérité qui m’a détruit jusqu’au plus profond de mon âme. Tout ceci n’est qu’un cauchemar, je vais me réveiller... ce n’est pas la réalité.
La chair de poule m’envahit, mon corps tremble. Epuisée, je me recroqueville et remonte le drap sur mon corps meurtri. Les douleurs s’estompent peu à peu, j’ai envie de dormir. Ou est-ce le médicament qui commence à faire son effet ? Je garde l’illusion qu’à mon réveil rien ne sera arrivé, que j’aurai tout oublié. Je reprendrai ma vie… normalement. Mais peut-elle encore être normale ?

Les yeux fermés, mes sanglots recommencent. « Ils » m’ont conseillé de laisser sortir cette souffrance qui me déchire, c’est mieux pour moi à ce qu’ils disent. Savent-ils au moins de quoi ils parlent ? Ont-ils la moindre idée de ce que je vis et ressens à cet instant ?

Des pas résonnent dans le couloir, ils se dirigent dans ma direction. Je sais ce qui m’attend mais je ne suis pas prête à l’affronter. Est-il possible de l’être un jour en pareille circonstance ? Je ne veux pas qu’on vienne me voir. Je ne veux pas de leur regard compatissant. Je veux que cette journée n’ait jamais eu lieu, qu’elle s’efface de ma mémoire à tout jamais. Mon cœur s’accélère lorsque j’entends chuchoter derrière la porte d’entrée. La poignée s’abaisse, mon souffle se coupe. Trois ombres se dessinent sur le lino. Une grande et deux autres plus petites. La porte s’ouvre sur deux jeunes infirmières qui s’écartent pour laisser place à celui qui m’a envoyé en enfer. Il n’a rien à faire ici ! Effrayée, sans défense, la terreur m’emporte. Je hurle pour qu’il disparaisse de ma vue…

—    CALI !

Prise de panique, je tombe au sol. Malgré la douleur qui me transperce, je tente de me relever mais le grand blond me plaque et m’enserre les poignets avec force. Le personnel soignant ne bouge pas d’un pouce, au contraire ils le laissent faire tandis que je me débats avec rage. Je ne le laisserai pas faire. C’est fini ! Mes coups de pieds fusent sans jamais réussir à l’atteindre. Il m’observe de ses yeux perçants, un sourire en coin.

—    Je vais te tuer ! craché-je.

Il rit de plus belle à mes menaces avant de coller son torse au mien pour m’empêcher de bouger. La bile me monte à la gorge quand il rapproche son visage.

—    Tu es la seule responsable, je t’avais prévenue. Regarde ce que tu as fait ! C’est de ta faute… tout est de ta faute.

Pourquoi me détruire ? Nous détruire… 

—    Bordel ! Réveille-toi ! CALI !!

De l’eau glacée sur mon visage. Impossible de bouger. Je suis maintenue fermement. Je réussis enfin à y voir plus clair : les yeux jade ont laissé place à un regard de jais. J’ai du mal à refaire surface. Perdue entre la réalité et mon subconscient, j’observe tout autour de moi. Merde ! Qu’est-ce qui vient de se passer ? Je ne comprends plus rien. Quelques secondes auparavant, j’étais face à l’homme responsable de ma déchéance et l’instant d’après, je me retrouve sur le sol de ma chambre avec mon “Latin Lover” qui me surplombe. À bout de souffle tous les deux, nos corps tremblants, nous reprenons notre calme. Ruben me libère doucement et s’assied, quasiment nu, sur le rebord du lit. Toujours allongée sur le parquet, dans mon plus simple appareil, je le regarde se frotter nerveusement le visage. J’ai vraiment disjoncté cette fois-ci.

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