Chapitre 25 : Deuxième chance

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Photo : Ezio

Sandro

J’ouvre la porte de la chambre et tends l’oreille près de la salle de bain. L’eau ne coule plus. Cali ne va pas tarder à sortir. Je m’empresse de refermer derrière moi. Mon cœur se comprime en tournant la clé, le manque m’envahit tout comme la culpabilité me dévore de jour en jour. Il est important que je garde le cap. C’est encore beaucoup trop tôt, je dois avant tout penser à la protéger. Cali n’est pas prête à voir cette pièce…

La sonnette retentit, je place la clé dans ma poche quand Ez pénètre dans l’appartement, l’air préoccupé.

—    Où est Cali ? m’interroge-t-il à voix basse quand j’arrive à sa hauteur.

—    Dans la salle de bain, pourquoi ?

Il jette un coup d’œil dans le couloir, passe sa main dans sa barbe de trois jours puis me fait signe de le suivre sans dire un mot.

—    Tu m’expliques ? je l’interroge inquiet en atteignant la terrasse.

Il observe par-dessus son épaule avant de faire coulisser la baie vitrée en la laissant entrebâillée.

—    T’as un problème ?

—    Non, ce n’est pas moi mais Cali.

—    Comment ça ?

Mon timbre se fait plus grave comme si un mauvais pressentiment surgissait de nouveau.  

—    Chut ! souffle-t-il en vérifiant qu’elle ne débarque pas dans son dos. Vaudrait mieux que ça reste entre nous alors baisse d’un ton. Tout à l’heure, je me suis rendu sur le port pour boire un café et j’ai croisé Greg au bar. Je l’ai interrogé, l’air de rien, pour tenter d’en savoir plus sur Cali.

—    Et ?

Je l’invite à poursuivre, ma tension monte en flèche dès l’instant où il se gratte l’arrière du crâne en déviant son regard.

—    Tu m’as bien dit que Ruben était seul dans l’appart quand t’es arrivé ? reprend-il sans parvenir à rester en place.

—    Oui, la porte était ouverte. On en a déduit que Cali était venue en coup de vent.

—    Ok…

—    Arrête de tourner en rond et dis-moi ce qui se passe !

Sans tenir compte de ma demande, il poursuit sa réflexion en marmonnant des choses incompréhensibles jusqu’à stopper net en gardant son attention fixée sur l’océan.

—    Ok ! De notre côté, on a supposé que la mer avait tout emporté...

—    Bordel ! Mais tu vas me parler ! 

Excédé d’attendre, je l’extrais de force de ses pensées en l’agrippant par le bras.

—    On a un problème ! balance-t-il en portant enfin son attention sur moi.

Ez saisit quelque chose dans sa poche et ouvre sa paume.

—    Si Cali est venu chez elle, alors pourquoi Greg vient de me donner ses clés et son portable ?

Je reste fixé sur le trousseau et l’écran fissuré dans le coin.

—    T’es sûr que c’est à elle ? 

Il déverrouille l’écran et une photo de Joye et Cali apparait effaçant le moindre doute.

—    J’ai baratiné que je connaissais les filles depuis longtemps en lui montrant une photo de Joye et moi, il a accepté ensuite de me remettre les affaires de Cali. J’ai vérifié les clés en arrivant, c’est bien les siennes, précise-t-il avant de poser le tout sur la desserte entre les deux transats.

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