Chapitre 11 : Visite fracassante

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Cali

Le seuil de mon appart à peine franchi, je reçois un sms de ma blonde. Je claque la porte d’un coup de pied tout en découvrant son message. 

« Sois prête dans 10 min »

Elle est dingue !

« 20 min... je suis à la bourre. C’est quoi le programme ? »

«Ok. Fais-toi belle. »

Rien de plus ? La garce ! Elle se fout de moi.

« On va où ? »

« Surprise. C’est tout ce que tu as besoin de savoir »

Je suis bien avancée avec ça !

Je verrouille la porte quand elle m’envoie un autre sms. 

« Ne ferme pas ta porte, je n’ai pas pris le double des clés »

« Tu fais chier !»

Elle le sait pourtant que ça me stresse de laisser ouvert !

« Ne t’inquiète pas, j’arrive dans 10 min. J’entre et je ferme derrière moi. »

« Promis ? »

« Promis ! »

À contre-cœur, je déverrouille et lui confirme que c’est ok pour moi.

Moi, qui pensais me détendre un peu avant la soirée, c’est loupé. En débarquant à la boutique, j’ai à peine pu échanger deux mots avec Joye qu’elle rejoignait son Apollon à l’extérieur. La seule précision qu’elle m’a donnée avant de s’éclipser... me pomponner et être prête pour vingt heures trente précise, aucun retard accepté. La bonne blague ! Surtout en période estivale, c’est mission impossible.

Je dépose mon sac sur l’îlot central puis emprunte le couloir qui mène à ma chambre. Devant le dressing, j’hésite entre deux robes vu la chaleur accablante de ces derniers jours. La blanche, version hippie chic, ou la bleue plus près du corps ?

Quinze minutes plus tard, je sors de ma douche express enroulée dans une serviette. J’essuie de ma main la buée sur la glace et porte mon attention sur le reflet de la baignoire. Ce matin, à la simple idée d’y pénétrer, j’étais tétanisée et à présent, c’est l’esprit plus léger que j’envisage la situation. C’est loin d’être gagné mais je suis fière d’avoir dépassé ma peur. J’ai franchi un cap qui jusqu’alors me paraissait insurmontable. Il ne me reste plus qu’à en parler à Joye mais ressasser les mauvais souvenirs durant la soirée est loin d’être une bonne idée. J’attendrai le moment adéquat.

Je vérifie l’heure sur ma montre. Les dix minutes sont déjà dépassées et Joye n’est toujours pas là… Je ne suis pas tranquille. Dans cinq minutes je ferme ! Elle attendra que j’ai fini pour lui ouvrir.

J’enfile un tanga blanc quand la sonnette retentit. Enfin ! J’ouvre la porte de la salle de bain et crie à Joye d’entrer avant d’attacher mon soutien-gorge.

—    Désolée pour le retard. Je me dépêche ! prononcé-je assez fort tandis que la porte se ferme. C’était blindé à la boutique, je savais plus où donner de la tête. Sers-toi dans le frigo en attendant, il doit rester quelques bières.

J’applique le mascara, une touche de gloss, un dernier coup d’œil dans le miroir et c’est parti !

—     J’ai besoin de ton aide. Quelle robe je mets à ton avis, la bleue ou la blanche ?

Les tenues à bout de bras, je me précipite vers le salon et me stoppe net à l’entrée de la pièce en la découvrant totalement déserte. Pas de sac à main, ni de veste qui traîne sur le canapé. Aucune trace de Joye dans les parages. J’ai bien entendu sonner, quelqu’un est entré. Je ne suis pas folle ! Ruben ? Non ! Il est au boulot à cette heure-ci. Joye qu’est-ce que tu m’as fait ? Pourquoi je t’ai écouté ? Je n’aurais jamais dû. Un nœud au ventre, j’avance d’un pas hésitant.
Du bruit dans la cuisine. Je plaque mon dos contre le mur qui nous sépare. Analyser. Rester calme. Ne pas céder à la panique. Un voleur ? N’importe quoi, il n’aurait pas sonné ? Mais qui ça peut être ? Un malade mental ? On en entend parler régulièrement aux infos. Et si c’était le cas !
Des pensées sordides s’infiltrent dans mon esprit. Envahie par la peur qui me glace le sang, mes muscles se figent à l’idée qu’il m’ait retrouvé. Ça ne peut pas être lui… pas après tout ce temps. Ça ne serait pas la première fois qu’il entre sournoisement… Il faut que je me barre d’ici. Réfléchir ! Réfléchir ! Réfléchir ! La porte d’entrée ? Non ! Trop loin pour m’enfuir. Mon cerveau tourne à plein régime. Je pose délicatement les cintres à même le sol et scanne ce qui m’entoure. Des pas se rapprochent. Des sueurs froides parcourent mon échine. Un tiroir claque puis un autre. Qu’est-ce qu’il fout ? Mon portable ! Merde, il est dans mon sac. Je ne peux pas attendre que Joye débarque pour appeler les flics. Il me faut une diversion, l’effet de surprise est mon meilleur allié. J’inspire profondément en visualisant mon objectif.

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