Chapitre 13 : Réflexions

2.6K 172 118
                                    


Lisandro

Le soleil se lève éclairant la chambre de sa douce lumière. Une chambre dans laquelle je ne devrais plus me trouver. Je m'étais juré de ne pas m'approcher de Cali plus que nécessaire. Et pourtant, je suis allongé dans son lit à me torturer les méninges alors qu'elle dort paisiblement.

En venant chercher Cali, j'étais décidé à ne pas dépasser la limite que je m'étais imposée. Enfin c'était ce que je croyais... jusqu'à ce qu'elle réveille une part de moi que je pensais morte depuis longtemps. Face à face, mon corps effleurait cette beauté ténébreuse, sa peau recouverte de frissons, elle me défiait du regard et moi je n'avais qu'une obsession : goûter ses lèvres. Je crevais d'envie d'en connaitre leur saveur en y déposant les miennes. J'ai désiré sa bouche... une autre bouche... quand j'en ai pris conscience, tout a basculé. La trahison s'est infiltrée dans mon esprit en me renvoyant de plein fouet ma réalité. Une fois le charme rompu, je me suis reculé. Mais au moment où j'ai plongé dans ses grands yeux noirs, j'ai su. J'ai su que malgré mes engagements, je n'arriverais pas à m'éloigner de Cali.

J'avais tout prévu. Tout sauf l'inexplicable attirance que je ressens. Elle est là, latente mais bien réelle. Et c'est bien ça le problème. Si j'étais honnête, j'éviterais de faire entrer Cali dans ma vie. Je resterais à distance afin de lui épargner mon quotidien qui n'est devenu que confusion.

Tu ne peux plus rien faire à présent. Il est temps de te décider !

Les paroles de Ez ont tourné en boucle dans ma tête toute la nuit. Il me pousse à prendre une décision depuis longtemps. Je n'y arrivais pas. Passer ce cap était intolérable, j'avais en permanence le sentiment d'être tiraillé entre espoir et fatalité. Cette fatalité qui s'est immiscée jour après jour, au point que je me suis habitué à vivre avec...

Cali se tourne de mon côté. Le visage apaisé, elle parait si douce, si fragile à cet instant, loin de l'image forte et distante qu'elle arbore en général. Hier soir, le masque qu'elle s'obstine à garder s'est fissuré. J'ai entrevu une autre facette, plus sensible, plus vulnérable... La vraie Cali, celle qui se cache, qui se barricade dès que je l'approche. Une faille s'est ouverte. Une faille dans laquelle j'ai envie de m'engouffrer. Peut-être qu'Ez a raison. Je n'en sais rien. Il est possible que je fasse fausse route mais je n'ai plus envie de vivre dans les regrets.

Le plaid glisse sur ses courbes voluptueuses, attirant mon attention, dévoilant le dessin gravé sur sa peau. En l'apercevant, j'ai été immédiatement attiré par cette fleur entremêlée d'arabesques. Un symbole fort vu la vitesse à laquelle elle a cherché à le dissimuler. Je me rapproche sensiblement pour l'examiner de plus près. L'esquisse prend sa source sous sa poitrine, sillonne son flanc pour trouver refuge sous les pétales délicats. D'où je suis, j'arrive à distinguer d'anciennes cicatrices sous les ombrages et les volutes qui reprennent sur sa hanche. Je parcours l'encre noire qui glisse jusqu'à son bas ventre quand Cali étire soudain son bras et percute mon abdomen. Je n'ai pas le temps de réagir, elle se colle à moi comme un aimant, sa tête posée sur mon torse et son bras encerclant ma taille. Surpris par cette proximité inattendue, je reste là comme un con, les bras levés à ne pas savoir quoi faire. Elle se presse un peu plus, lâche un soupir de contentement. Sa main glisse sous mon tee-shirt, sa jambe remonte sur la mienne jusqu'à atteindre mon entre jambe. Zen Sandro ! Elle dort encore. Respire. J'aimerais la serrer contre moi... mais n'ayant aucune certitude sur ce qu'elle pourrait désirer, je ronge mon frein et croise mes bras derrière la tête.

Le plus important pour l'instant est de garder mon sang froid. Je dois penser à autre chose qu'à la pression qu'elle exerce insidieusement sur ma virilité. J'ai besoin d'un truc, n'importe lequel ! Mais quoi ? Mon cerveau tourne à plein régime. Je tente de me concentrer mais sentir le bout de ses doigts effleurer mon pec m'empêche de réfléchir correctement. Dans quelle galère je me suis mis ? Si Ez était là, il se foutrait de ma gueule et me pousserait à profiter de l'occasion. Mais ça, je ne veux pas, pas tant que je ne serai pas sûr de ce qu'elle souhaite réellement. Maitrise-toi ! Mais je fais comment quand elle presse ses seins contre moi en ondulant sensuellement son bassin ? L'effet est immédiat, la pression se fait sentir plus au sud. CONTRÔLE !! Je ferme les yeux et me focalise sur les premières images qui me viennent en tête. La mer, le sable fin, le bruit des vagues, idéal pour me détendre. L'Andalousie, mon chez moi... ma mère... Voilà ! C'est exactement ce qu'il me fallait. Ma mère !!! Je la visualise sous son patio ombragé, le sourire aux lèvres, ses yeux rieurs d'un bleu étincelant, ses cheveux noirs parsemés de fils d'argent...

ÉVIDENCE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant