Chapitre 14 : Jouer le jeu

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Cali

Je vérifie ma montre en me dirigeant vers l’entrée : 8h05

Qui peut venir de si bonne heure ? Je distingue juste une masse sombre à travers le judas. Méfiante, j’entre-ouvre la porte avec un pied placé contre le battant pour me sécuriser. Un grand brun se retourne. À vue de nez, il a une petite quarantaine. Vêtu d’un jean et d’un tee-shirt noir délavé, il me passe au scanner de la tête aux pieds tout en poursuivant sa conversation téléphonique.

Sa façon de mater m’agace déjà, ça commence mal !

—    Oui c’est bon j’y suis. Ok, on fait comme prévu !

Il coupe la communication et se focalise sur son écran en glissant son index dessus.

—    Vous êtes… Cali Mahé ? demande-t-il d’un ton bourru en rivant ses yeux noirs sur moi.

—    Oui. C’est pourquoi ?

—    On m’envoie pour les travaux dans votre appartement.

Il ne manquait plus que ça !

—    Les travaux ? Mais l’agence devait me contac…

—    Désolé, mais je n’ai pas de temps à perdre avec des explications ! me coupe-t-il, d’un ton intransigeant. Vous êtes bien Cali Mahé ?

Lui, il me chauffe sévère !

—    Oui mais…

Il lève son index pour me faire taire et reprend aussi sec.

—    Vous occupez bien l’appartement numéro 6 ?

—    C’est bien ici mais…

Il lève à nouveau son doigt et l’envie subite de le lui broyer me traverse l’esprit.

Zen Cali, ne t’énerve pas !

—    Donc, c’est bien chez vous que je dois poser une douche. Encore faut-il que vous vous poussiez, ajoute-t-il avec sarcasme.

C’est lui que je vais pousser dans la cage d’escalier. Cet abruti va vite repartir d’où il vient.

—    Vous plaisantez j’espère ? L’agence devait me contacter pour que je m’organise, dis-je en haussant la voix.

Instinctivement, ma main se resserre sur la poignée, je suis prête à claquer la porte s’il ose faire un pas en avant.

Excédé, il lâche un soupire en se pinçant l’arête du nez.

—    Vous êtes bien mignonne… mais quand on m’embauche pour poser une douche, je pose une douche, c’est aussi simple que ça ! Qu’on vous prévienne ou pas, ce n’est pas mon problème !

Sur le point de le rembarrer, je suis interrompue par Sandro qui arrive dans le vestibule.

—    Un problème Cali ? demande-t-il soucieux.

—    Non, c’est bon ! Je m’en occupe !

Ma réponse est plus mordante que je ne l’aurais voulu. En deux enjambées, Sandro se poste derrière moi et ouvre en grand. Trop occupé à pianoter sur son téléphone, mon visiteur reprend la parole :

—    Bon, j’ai pas toute la journée et j’ai beaucoup de boulot qui m’attend. Vous allez vous décider à me laisser bosser !

—    Si tu continues à faire ta tête de con Manu, c’est moi qui ne te laisse pas entrer !

Surpris tout autant que moi par ce ton autoritaire, le dénommé Manu se redresse brusquement et ses traits se dérident en découvrant mon voisin.

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