Cali
Je vérifie ma montre en me dirigeant vers l’entrée : 8h05
Qui peut venir de si bonne heure ? Je distingue juste une masse sombre à travers le judas. Méfiante, j’entre-ouvre la porte avec un pied placé contre le battant pour me sécuriser. Un grand brun se retourne. À vue de nez, il a une petite quarantaine. Vêtu d’un jean et d’un tee-shirt noir délavé, il me passe au scanner de la tête aux pieds tout en poursuivant sa conversation téléphonique.
Sa façon de mater m’agace déjà, ça commence mal !
— Oui c’est bon j’y suis. Ok, on fait comme prévu !
Il coupe la communication et se focalise sur son écran en glissant son index dessus.
— Vous êtes… Cali Mahé ? demande-t-il d’un ton bourru en rivant ses yeux noirs sur moi.
— Oui. C’est pourquoi ?
— On m’envoie pour les travaux dans votre appartement.
Il ne manquait plus que ça !
— Les travaux ? Mais l’agence devait me contac…
— Désolé, mais je n’ai pas de temps à perdre avec des explications ! me coupe-t-il, d’un ton intransigeant. Vous êtes bien Cali Mahé ?
Lui, il me chauffe sévère !
— Oui mais…
Il lève son index pour me faire taire et reprend aussi sec.
— Vous occupez bien l’appartement numéro 6 ?
— C’est bien ici mais…
Il lève à nouveau son doigt et l’envie subite de le lui broyer me traverse l’esprit.
Zen Cali, ne t’énerve pas !
— Donc, c’est bien chez vous que je dois poser une douche. Encore faut-il que vous vous poussiez, ajoute-t-il avec sarcasme.
C’est lui que je vais pousser dans la cage d’escalier. Cet abruti va vite repartir d’où il vient.
— Vous plaisantez j’espère ? L’agence devait me contacter pour que je m’organise, dis-je en haussant la voix.
Instinctivement, ma main se resserre sur la poignée, je suis prête à claquer la porte s’il ose faire un pas en avant.
Excédé, il lâche un soupire en se pinçant l’arête du nez.
— Vous êtes bien mignonne… mais quand on m’embauche pour poser une douche, je pose une douche, c’est aussi simple que ça ! Qu’on vous prévienne ou pas, ce n’est pas mon problème !
Sur le point de le rembarrer, je suis interrompue par Sandro qui arrive dans le vestibule.
— Un problème Cali ? demande-t-il soucieux.
— Non, c’est bon ! Je m’en occupe !
Ma réponse est plus mordante que je ne l’aurais voulu. En deux enjambées, Sandro se poste derrière moi et ouvre en grand. Trop occupé à pianoter sur son téléphone, mon visiteur reprend la parole :
— Bon, j’ai pas toute la journée et j’ai beaucoup de boulot qui m’attend. Vous allez vous décider à me laisser bosser !
— Si tu continues à faire ta tête de con Manu, c’est moi qui ne te laisse pas entrer !
Surpris tout autant que moi par ce ton autoritaire, le dénommé Manu se redresse brusquement et ses traits se dérident en découvrant mon voisin.
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ÉVIDENCE
RomanceComment poursuivre sa vie quand en une fraction de seconde, l'enfer s'abat sur vous ? Cette question tourne en boucle dans ma tête depuis quatre ans. "Cali, tu dois laisser le temps faire son œuvre"... voilà ce que me répète Joye constamment. J'a...