Chapitre 9 : Douceur d'enfance

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Photo : Cali

Cali

La sonnerie de mon portable résonne dans la chambre et me tire brutalement de mon sommeil. Les appels s’enchainent, je grogne comme une bête enragée en me tournant de l’autre côté du lit et remonte la couette par-dessus ma tête. Putain ! Je veux dormir !

Le silence reprend ses droits, mon corps endolori se relâche et je replonge rapidement dans mes songes.

En état de semi-conscience, je me réveille en sursaut. L’engin de malheur sonne de plus belle. Une douleur lancinante envahit mon crâne. La tête entre les mains, je rage en placardant l’oreiller sur mon visage.

Je suis au bout de ma vie…
Les bras en croix, le corps courbaturé et la tête à la limite de l’explosion, je tâtonne le lit à l’aveugle jusqu’à trouver ce maudit portable. Qui est le suicidaire qui me harcèle dès le matin ?

Joye !

Quatre appels manqués. Merde !
Elle ne me bip jamais le matin sauf en cas d’extrême urgence.

Encore un peu endormie, je la rappelle en me dirigeant dans la cuisine et regarde ma montre : neuf heures passées. Pas de réponse. Fait chier !

Je compose le numéro de la boutique sans attendre. Elle décroche enfin.

—    Aaaaaaah ma chérie, t’es réveillée.

Et un tympan bousillé. Merci Joye.

—    Arrête de crier !

Il me faut une aspirine de toute urgence. Où est-ce que j’ai bien pu les mettre ?

—    Oh toi, t’as pas pris ton café !

Je n’ai ni ma dose de caféine, ni mon compte de sommeil et en prime, un mal de tête carabiné. Le mélange parfait pour une journée « fabuleuse ».

—     Non, je dormais ! Mais avec une folle qui me harcèle au téléphone, difficile de faire la grasse mat’.

—    Maman ours, le retour, lance-t-elle en riant.

Ça faisait longtemps tiens !

J’agrippe mon sac à main sur la table basse et fouille à l’intérieur dans l’espoir d’y trouver des comprimés.

—    Ouais bah ! Maman ours a besoin de son shoot matinal avant qu’on lui adresse la parole. À ce que j’entends, tout va bien pour toi. Il n’y a aucune urgence donc je vais boire mon café et je te rappelle après.

Alors que je suis sur le point de couper la communication, elle braille de plus belle.

—    Si tu me raccroches au nez, je t’appelle toutes les cinq minutes et tu sais que j’en suis cap.

La garce, elle veut ma mort !

—    Bon ok… mais parle doucement, ma tête va éclater.

Je mets enfin la main sur le « Saint Graal » et file dans la cuisine.

—    Qu’est-ce que t’as ? m’interroge-t-elle inquiète.

—    Rien… mauvais réveil, à qui la faute hein ? Vas-y raconte, qu’est-ce qui mérite autant d’acharnement ? 

Je prends le cachet avec une gorgée d’eau en attendant qu’elle me réponde.

—    Je voulais savoir comment tu te sentais ? C’est ta première nuit dans ton appart, je m’inquiétais.

—    J’étais tellement crevée que je suis tombée comme une masse…

Ça ne servirait à rien de lui avouer que je n’ai dormi que deux heures à tout casser. Impossible de fermer les yeux cette nuit. J’ai inspecté porte et fenêtres à chaque bruit qui me semblait suspect. C’était prévisible, je suis consciente qu’il me faudra du temps avant de me sentir en sécurité ici.

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