Chapitre 7 : Arrivée inattendue

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Photo : Ruben

Je vérifie l’heure une nouvelle fois. Quinze heures quarante-cinq ! Je fais les cent pas en fumant clopes sur clopes devant l’immeuble où je dois normalement emménager.  Devrais serait plus juste. À ce rythme-là, ce n’est pas ce week-end que je mettrai un pied dans mon appartement. Encore faudrait-il que l’agent immobilier daigne montrer le bout de son nez pour y parvenir.

Joye m’interpelle, assise sur le hayon du camion à se faire bronzer.

—  Cali, ne regarde pas ta montre toutes les cinq minutes et calme-toi.

—  Tu veux que je me calme ? Tu rigoles ! La seule réponse que j’ai reçue suite à mes messages me donne des envies de meurtre. Comment est-ce qu’on peut oser m’envoyer ce sms ? J’ouvre le message et lis à haute voix : « Toutes mes excuses pour ce contre-temps, j’arrive d’ici cinq minutes » expédié à quatorze heures cinquante. Tu te rends compte ? Quatorze heures cinquante ! Ça fait quasiment une heure. Ce n’est pas un peu se foutre de ma gueule ça ? L’agent fait un détour en Chine pour me donner les clés ?

—   Zen ma chérie et arrête de tourner en rond, tu me donnes le tournis, ajoute-elle en replaçant ses lunettes de soleil.

—    Aaaarrrgg !!! Je ne sais pas comment tu fais pour rester calme ? On est là, comme des cons, sous le cagnard, à attendre que cet abruti débarque enfin. Mais à bien y réfléchir, il doit siroter un verre tranquille sur une terrasse tandis que nous, on se liquéfie au soleil. Mais ce qui m’énerve le plus, c’est que dans trois heures, Ruben doit rendre le camion à son pote et aller au taf. Tu te sens capable, toi, d’effectuer les allers-retours jusqu’au deuxième étage en portant toutes mes affaires ? Bordel ! On n’y arrivera jamais. C’est impossible !

Ruben sort de l’arrière du camion où il s’était réfugié pour éviter la chaleur écrasante de ce mois de juillet. Torse nu, le jean descendu sur les hanches, il me prend par les épaules alors que je trépigne d’impatience.

—  Ça ne sert à rien de t’énerver, tu ne le feras pas venir plus vite. Au lieu de râler, rends-toi compte de la chance que tu as... la vue est superbe.

Il me pousse de l’autre côté de la route. En arrivant près du rivage, j’admire la vue et j’admets qu’il a raison. J’ai énormément de chance. Je peux dire un grand merci à Inès. Sans elle, l’appart me serait passé sous le nez. Dénicher ce logement, face à la plage de la Grande Conche, était inespéré ! Le cadre est magnifique... en plus d’être proche de Joye, je suis à cinq minutes du boulot, je ne pouvais pas rêver mieux.

—    Retire tes baskets, m’ordonne-t-il.

—    Pour quoi faire ?

—    Ne discute pas et retire-les, tu comprendras ensuite.

Je me tourne légèrement pour le sonder du regard.

—    Alors, qu’est-ce que t’attends ? Tu ne veux quand même pas que je le fasse moi-même ?

—    Ok ! Ok ! C’est bon.

Penchée à délasser mes baskets, je sens la connerie arriver à plein nez quand Ruben se place derrière moi. 

—  J’aime quand tu m’obéis, si tu savais comme j’aime ça. Surtout quand tu mets ta tenue de yoga, elle est si près du corps… la vue est spectaculaire, me nargue-t-il de son rire malicieux.

D’emblée, je me redresse les pompes à la main et fais volte-face en braquant mes yeux noirs sur lui.

—    Ruben Alves ! Fais attention à ne pas aller trop loin, c’est un conseil que je te donne.

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