CaliLe paquet de clopes à la main, je fonce sur la terrasse avant que Manu ne pénètre dans le salon avec sa caisse à outils. Tendue comme une corde d'arbalète prête à décocher sa flèche, j'observe de loin cet homme aux traits anguleux et à l'allure massive, discuter avec ma statue Grecque. Sandro le surplombe légèrement en lui donnant des directives, le visage fermé.
- Je ne suis dispo que les matins à partir d'aujourd'hui, à 13 heures je referme...
- C'est bon, pas besoin de me le répéter, tu m'as déjà prévenu hier, le coupe Manu, en jetant des coups d'œil furtifs dans la pièce.
Pourquoi il regarde autour de lui ? Qu'est-ce qu'il cherche ?
- Je te le répéterai autant que je le voudrai ! Ne sois pas en retard !
Immédiatement, Manu se raidit sous le ton autoritaire. Recevoir des ordres n'est pas du tout à son goût.
Comme c'est étonnant !
Il est évident qu'intimider et rabaisser les femmes au rang d'objet est plus amusant pour lui. Ce connard aime la toute puissance mais face à plus fort que lui, il n'en mène pas large. D'ailleurs, son ego en a pris un sacré coup et moi j'en ris encore rien que de penser à sa tête ahurie face à Sandro.
Mais j'ai beau avoir un garde du corps, je n'en reste pas moins sur le qui-vive. Et il en est de même pour le beau brun sinon pourquoi tiendrait-il absolument à jouer la comédie ?Manu se tourne en direction de la baie vitrée et me surprend en train de les espionner. Je serre la mâchoire sans me dérober et intérieurement, face à son sourire narquois, je suis certaine que la réaction de Sandro à mon égard a attisé son instinct de prédateur. Il ne lâchera rien.
- Alors ça va mieux cette grippe ? m'interroge Manu en faisant abstraction de Sandro.
La grippe ?
Les sourcils froncés, sur le point de lui répondre, je remarque les mimiques de mon voisin derrière Manu et saisis tout à coup où il veut en venir.
- Mieux, merci ! je réponds froidement sans le quitter des yeux après avoir allumé ma cigarette.
J'inhale une bouffée de nicotine, la maintient quelques secondes dans mes poumons en l'exhalant par la bouche sous son regard lascif. Ses pupilles se dilatent, il m'étudie attentivement de la tête aux pieds et soudain, mon estomac se révulse en repensant à l'analyse détaillée de Sandro. Les doigts crispés sur la tige, j'aspire une taffe en le mitraillant de mes billes noires quand son rictus en coin s'élargit et que ses iris se chargent de lubricité.
Ce mec me dégoûte !
Sandro se plante entre nous en braquant ses yeux écarquillés sur moi. Surprise, j'avale la fumée de travers, déclenchant immédiatement une quinte de toux qui m'arrache les poumons.
- Ma douce, je t'ai déjà dit de ne pas fumer, ce n'est pas bon pour ce que tu as, renchérit Sandro en me rejoignant à toute vitesse.
Il intercepte ma clope sans sommation et abasourdie, la main encore en suspens, je le regarde l'écraser dans le cendrier posé sur la petite table en fer forgé.
- Non mais t'as osé ?!
- Oui, j'ai osé. Pas de cigarette, le médecin t'a pourtant prévenu, dit-il en saisissant ma taille pour me coller à lui tout en se penchant vers mon oreille. Arrête de le défier tout de suite, murmure-t-il agacé.
Il se repositionne face à moi, sans me libérer et les bras ballants, je lance un coup d'œil rapide dans le salon et constate que Manu s'est éclipsé.
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ÉVIDENCE
RomanceComment poursuivre sa vie quand en une fraction de seconde, l'enfer s'abat sur vous ? Cette question tourne en boucle dans ma tête depuis quatre ans. "Cali, tu dois laisser le temps faire son œuvre"... voilà ce que me répète Joye constamment. J'a...