Chapitre 10 : Blocage

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🚩 Avant de débuter le chapitre je voudrais mettre en garde les personnes sensibles. La scène du flashback ( écrit en italique ) pourrait heurter votre sensibilité vous avez la possibilité de sauter ce passage cela ne vous pénalisera pas trop pour la suite du chapitre.

Média : Ignite / Marek Iwaszkiewicz

Cali / Flashback 3 ans auparavant

Recroquevillée dans la baignoire, le corps frissonnant, je me balance d’avant en arrière espérant calmer mon angoisse. Les minutes passent, je me détends bercée par le bruit de l’eau qui s’écoule. Le regard perdu dans le vide, j’attends. J’attends que mes genoux soient immergés. C’est ma limite. Celle que je me suis imposée.

Un an aujourd’hui… un an que j’ai perdu l’envie de me battre.

Qu’est-ce qui me retient à présent ?

Rien… je n’ai plus rien.

Il m’a tout pris. Mes projets… mes rêves sont désormais anéantis. Une enveloppe vide, voilà ce que je suis devenue ces derniers mois. Un amas de chair et d’os errant dans un monde obscur où l’amour s’est transformé en haine viscérale. Je me noie un peu plus chaque jour dans cet abysse sans réussir à en sortir, oppressée par cette souffrance permanente qui me fait suffoquer. La culpabilité me ronge dès le réveil, me broie les tripes jour et nuit. Entrainée dans un marasme incessant, je n’ai plus la force de combattre.

La douleur se diffuse, s’immisce en profondeur, aliénant mon esprit. Les questions m’assaillent, tournent en boucle sans rien en retour. Que serait-il arrivé si je m’étais enfuie ? L’issue aurait-elle été la même ? Si j’avais eu le courage de prendre cette décision, que serait-il advenu de « nous » ? Je n’ai aucune réponse, n’en aurai jamais et ça me torture de ne pas savoir. Comment accepter la situation et passer au-delà quand j’ai la certitude que j’aurais pu changer notre destin. Pas un jour ne passe sans qu’on n’essaie de me convaincre du contraire. Ils ont tort, je suis la seule fautive.

Je n’en peux plus. J’ai mal. Il faut que ça cesse !

Entourée par une tiédeur apaisante, il ne me reste plus que quelques centimètres avant d’atteindre mon but. Un rayon de soleil perce la grisaille parisienne et éclaire la pièce embuée. Je sors de ma torpeur attirée par le scintillement métallique posé sur le rebord de la baignoire. Mes yeux se voilent face à la réalité. Ma réalité. Celle que j’ai choisie. La gorge nouée, je tente de contenir le flot d’émotions qui s’empare de moi. Une larme s’échappe puis une deuxième jusqu’à ce que mes joues soient inondés. Ma détresse explose. Prise de spasmes, je laisse une dernière fois mes sanglots s’échapper ne parvenant plus à les retenir. J’agonise, aujourd’hui plus encore que les jours précédents. Il n’existe pas d’autre solution. Je n’ai pas peur de ce qu’il va arriver, bien au contraire. Je suis déjà morte au fond de moi. Seule la tristesse brouille mes pensées et me déchire le cœur à l’idée d’abandonner Joye. Elle me détestera, je le sais. Mais sans moi, elle sera enfin libre et heureuse. Je suis arrivée au point de non-retour…

Il est temps… je ferme le robinet et m’installe en prenant appui contre les parois. Mon palpitant bat à toute vitesse au moment où je me décide à agripper la lame entre mes doigts. Mon destin est entre mes mains, c’est la seule chose que je peux encore contrôler. Vivre dans un enfer constant ou mourir pour enfin me délivrer de toutes ces atrocités qui me hantent ? Haletante, je reste bloquée, le bras en suspens. Quelques secondes d’hésitation avant que le feu du rasoir ne tranche l’intérieur de mon poignet.

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