Chapitre 23 : Avancer jour après jour

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Sandro

Le café à la main, je referme la porte derrière moi et traverse à pas feutrés la pièce plongée dans la pénombre. Je n’aurais jamais cru qu’écouter le doux ronronnement d’une respiration puisse me tranquilliser autant. Je pose ma tasse et mon portable sur la table de chevet avant de m’assoir avec précaution au bord du matelas. Cali dort à poings fermés. Plongée dans un sommeil réparateur, elle semble enfin apaisée. J’enlève doucement une mèche de cheveux qui lui barre le visage. Les traits détendus, enroulée dans mes draps, elle paraît si paisible. Pourtant les sillons de larmes séchées témoignent de ses derniers tourments. J’ai l’impression que ses cris résonnent encore dans ma tête.

Qu’est-ce que tu caches Cali ?

L’écran de mon téléphone s’allume, attire mon attention. Je le saisis et souris en découvrant de qui provient l’appel. Je m’éclipse discrètement de la chambre pour me rendre sur la terrasse et décroche.

—    Salut Joye. Ça faisait longtemps, je lance avec une pointe d’ironie.

—    Je t’avais prévenu que j’étais pire qu’une sangsue. Je n’ai pas beaucoup de temps, dis-moi plutôt comment va Cali ? me demande-t-elle, stressée.

Je m’installe sur le fauteuil qui fait face à la plage avec la ferme intention d’obtenir des réponses à mes questions.

—    Elle dort toujours. Comme lors de tes derniers appels.

—    Depuis le temps, ce n’est pas normal… t’es sûr qu’il n’y a rien de grave ?

—    Elle ne risque rien, le médecin me l’a certifié. Elle est juste épuisée, il lui faut beaucoup de repos.

—    Je sais… c’est plus fort que moi, j’ai toujours peur qu’il lui arrive quelque chose. D’ailleurs, tu n’as toujours pas de nouvelles de Ruben ? s’inquiète-t-elle. Je n’arrête pas de lui envoyer des messages mais aucune réponse de sa part. Je ne le comprends pas…

La mâchoire serrée, je retiens mes remarques acerbes sur cette enflure. Il est le dernier de mes soucis, j’ai plus important à penser.

—    Non, rien du tout ! je réponds plus sèchement que souhaité. Laisse tomber, ça vaut mieux !

—    Non, je ne laisserai pas tomber ! s’agace-t-elle. J’avais confiance en lui, je pensais qu’il serait présent pour aider Cali et c’est au moment où elle en a le plus besoin qu’il joue les fantômes…

—    On a trouvé une solution, ce n’est pas la peine de te prendre la tête pour ce mec. Pense plutôt à toi, je lui suggère calmement. T’as besoin de décompresser alors concentre-toi sur ce que nous avons convenu.

—    Je n’aurais pas dû accepter. Plus j’y réfléchis, plus je me dis que ce n’est vraiment pas le moment…

—    On en a déjà parlé à plusieurs reprises, la coupé-je, alors pour une fois, laisse-toi faire.

Elle soupire à l’autre bout du fil en pesant le pour et le contre.

—    T’as peut-être raison mais t’imagines pas à quel point c’est difficile pour moi. On n’a jamais été séparées toutes les deux… prononce-t-elle d’une voix chevrotante.

J’imagine combien elle lutte pour ne pas craquer et poursuivre notre plan.

—    Promets-moi que tu resteras près d’elle ?

—    Je ne la lâcherai pas d’une semelle.

C’est maintenant ou jamais. Il faut que j’en sache plus avant que Cali ne se réveille.

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