6 - La rencontre avec Hildegarde

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Peu à peu, Calya reprenait conscience de son corps sans pour autant ouvrir les yeux. Elle se sentait secouée, et avait la nette impression qu'elle se trouvait dans un appareil qui roulait. Sa main appuyait machinalement sur sa blessure, de façon à ce qu'elle puisse perdre le moins de sang possible. Naïve, la jeune fille avait cru que ce geste empêcherait le liquide de couler, sauf que la pression qu'elle effectuait dessus n'était pas assez forte pour le maintenir à l'intérieur. En se concentrant du mieux qu'elle pouvait, Calya sentait même l'air s'infiltrer dans sa blessure : c'était désagréable. Elle avait l'impression qu'une tempête se créait à l'intérieur d'elle, le vent venant défier la marrée de sang qui se jetait avec plusieurs éclats de violence contre sa peau déchirée. La jeune fille s'efforçait de faire abstraction de la douleur qui frappait son corps. Jamais encore, elle n'avait atteint un seuil de souffrance aussi élevé. Elle avait l'impression d'être en apesanteur, comme si plus rien autour d'elle n'était rattaché au noyau de la Terre.

Soudain, elle entendait des chuchotements à côté d'elle. Les yeux toujours clos, elle se concentrait sur ce qu'ils disaient en essayant de ne plus penser à ses malheurs.

— Vous n'auriez pas dû la blesser, observa Hildegarde sur un ton de reproche. Cela n'était en rien nécessaire.

— C'était notre seule option, la petite courrait si vite.

— Elle ne courrait pas ! C'est à peine si elle marchait ! As-tu seulement vu qu'elle boitait ? rétorqua-t-elle d'une voix plus forte, sans cacher son agacement.

— Nous la perdions de vue. À vrai dire dans l'obscurité, on ne voyait pas grand-chose.

Si ce qu'ils disaient s'avérait être vrai, ils n'avaient pourtant pas raté Calya au moment de lui tirer dessus. Bien au contraire, leur balle avait magnifiquement atteint leur cible.

— Fini les excuses ! À notre arrivée, je veux qu'elle soit immédiatement prise en charge ! Après, je pourrais l'interroger. Suis-je assez claire pour vous ?

Le silence occupait tout l'espace. La douleur s'intensifiait et la blessée se sentait à présent prise de vomissements. Elle n'avait pas mangé la veille à cause de sa dispute avec ses parents. Seulement, étaient-ils au courant que leur enfant était en train de se vider de son sang ? Qu'une balle s'était logée dans son bras ?

Pour la seconde fois consécutive, elle sombrait dans l'inconscient. Son corps était trop endolori pour tenir quelques instants de plus éveillés.

*

Une lumière insupportable aveuglait Calya. Désormais, les yeux à moitié ouverts, elle se trouvait dans une pièce entièrement blanche. Seul le plafond était recouvert d'une fresque représentant la ville d'Algar et le Zoo Fairy, trônant fièrement en son milieu.

En observant de plus près, la jeune fille remarquait que ce n'était pas juste une peinture, mais les plans de toute leur communauté. En effet, sous le Zoo, se trouvait un bâtiment, nommé l'Abri. À l'intérieur avaient été construits les bureaux des membres importants du gouvernement, ainsi que les cachots.

Ce qui la surprenait davantage, soulevant toutes sortes d'interrogations dans son esprit, était la superficie des bureaux. Pourquoi les sous-sols étaient-ils aussi vastes que la ville entière ? Ils n'étaient pas si nombreux que cela pourtant à travailler pour le gouvernement...

Sous la peinture était inscrit : « Tant que l'Humain dirige, c'est la Vie qu'il contrôle. » Cette peinture était signée en lettres d'or par deux personnes ; Hildegarde Hellvoutante et Azurtan Carpen.

Calya écarquillait les yeux lorsqu'elle lisait le second prénom. Elle en connaissait un, mais ça ne pouvait pas être lui ? Elle déglutissait péniblement lorsque la porte s'ouvrait. Elle sursautait. Une vive douleur cognait son cœur alors qu'elle tentait de lever son bras droit blessé. Avec surprise, elle constatait qu'un pansement semblable à de l'or couvrait sa plaie.

LE ZOO FAIRY : Une nouvelle ère Où les histoires vivent. Découvrez maintenant