4 - Le retour à la maison

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La sonnerie retentissait, annonçant la fin de la journée. Calya s'apprêtait à quitter la classe lorsque la main de sa professeure se posait brusquement sur son épaule.

— Mademoiselle Tororgnor, un instant, je vous prie !

La jeune fille se rasseyait, attendant patiemment que les autres élèves quittent la classe dans le silence le plus pesant. En passant devant elle, Hermine lui jetait un léger coup d'œil peu rassurant.
Madame Buckette remarquait cette interaction. Elle se plantait devant Calya, qui relevait subitement la tête pour pouvoir la regarder.

— Que vous arrive-t-il en ce moment ? Je ne reconnais plus la joyeuse petite fille qui a franchi cette même porte, il y a dix ans.

— Pourtant, je n'ai guère la sensation d'avoir changé, avoua sereinement Calya.

Sa professeure la dévisageait un instant, puis elle lui tournait autour ; comme pour l'analyser d'une manière plus approfondie. Ses yeux perçants fixaient le visage de la jeune fille. Elle avait la désagréable sensation d'être mise à nue.

— Vous n'êtes définitivement pas comme les autres, trancha-t-elle d'une petite voix. Je ne saurais pas l'expliquer, mais il est facile de voir que vous ne pensez pas comme vos camarades.

À présent, elle se tenait derrière elle. Calya ne pouvait pas la voir.

— Je suis simplement une de vos élèves aux résultats bien médiocres, affirma-t-elle en ayant l'air décontractée.

— Je ne parle pas de ça, rétorqua son institutrice.

Madame Buckette était forcée de reconnaître que Calya était plutôt maligne. Ce qui l'agaçait davantage.

— Je ne voudrais pas qu'à cause d'une de mes élèves aux résultats médiocres, comme vous dites, les membres du gouvernement remettent en cause ma manière d'enseigner. Je suis certaine que vous comprenez où je souhaite en venir.

— Au risque de vous décevoir, je cherche encore le lien qui me relie à votre façon d'enseigner. Qu'ai-je donc à voir avec ça ?

— Il est évident que vous ne partagez pas les mêmes pensées que nous. Je me trompe ?

La jeune fille ne savait pas quelle attitude ni quel discours elle devait lui tenir. Cependant, elle avait la conviction de devoir rester elle-même.

— Vos opinions, que vous ne cherchez guère à dissimuler, représentent une menace pour notre société. Et ça, vous le savez. Vous êtes futée, mademoiselle Tororgnor.

Elle se tenait à présent devant Calya, la dévisageant intensément. Cette dernière pouvait sentir tout son corps se raidir sous le poids de son regard noir. À cet instant précis, Calya prenait pleinement conscience pour la première fois, des conséquences de ses prises de position. Au final, Hermine avait eu raison de la mettre en garde à plusieurs reprises, et c'est seulement maintenant qu'elle se remettait en question.

— Visiblement, vous ne pensiez pas aux conséquences de vos actes, sourit sa professeure, contente de l'avoir déstabilisée. Devrais-je vous rappeler le sort réservé à vos ancêtres qui, comme vous, défendaient outrageusement les Créatures, au risque de leur vie ?

Calya avait l'impression d'être en plein cauchemar. Dans un cauchemar sans issue. Sentant la peur monter d'un cran, elle rassemblait tout son courage pour ne pas montrer le tourment d'émotions qui bouillonnaient en elle. Madame Buckette bougeait. Elle se plaçait à ses côtés, se penchant lentement vers son oreille et lui glissant sournoisement :

— Ils étaient condamnés à mort.

Elle venait de le prononcer d'un ton si ferme que Calya en avait des frissons. Son institutrice s'éloignait d'elle, mais son regard était rempli d'étoiles. Elle ne cherchait même pas à dissimuler son excitation. Sa voix aigue résonnait encore dans le cerveau de l'élève, légèrement engourdi par cette dure réalité.

LE ZOO FAIRY : Une nouvelle ère Où les histoires vivent. Découvrez maintenant