16 - Le départ d'Hagdaar

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C'était la première fois que Níniel et Idríl quitteraient Hagdaar, leur Terre natale. Jamais encore, ils ne s'étaient aventurés en dehors de leur territoire. Ils ne connaissaient rien au monde qui les entourait. Seul Thalion et quelques Elfes prudents étaient partis chasser jusqu'à Algar. Níniel pouvait ressentir à la fois un mélange d'excitation et d'appréhension, que Calya ne connaissait que trop bien.
Elles arrivaient devant la chambre de Calya, c'est là que leur chemin avec les garçons se séparait. Níniel leur donnait rendez-vous dans quelques minutes devant la porte.
Contre toute attente, Calya reprenait espoir. Elle allait enfin pouvoir se mettre à la recherche d'Hermine.

Un geste brusque de la part de Níniel attirait soudainement son attention. L'Elfe était en train de sortir un gros sac noir de l'armoire située à droite du lit où était assise Calya.

— Je peux aider ? demanda-t-elle en se redressant aussitôt.

— Oui, on devrait se dépêcher de préparer nos sacs.

Silencieusement, Calya l'aidait à plier les vêtements avant de les entasser dans le bagage. Les pensées fusaient dans son esprit alors qu'elle tirait sur la fermeture éclaire. Plus que tout, elle appréhendait l'instant où Idríl viendrait les rejoindre. Elle n'avait aucune confiance en lui. Et dire qu'elle devrait l'épouser... cette idée la faisait frissonner.

— Comment c'est dehors ? interrogea Níniel de sa jolie voix.

Sortant de ses pensées désagréables, Calya orientait son regard dans sa direction. Lentement, elle haussait les épaules, les lèvres entrouvertes sauf qu'aucun son n'en sortait.
Dehors ? C'était tout simplement splendide, si on enlevait le Zoo. La grande forêt d'Ironhealth qui entourait Algar était d'une beauté à couper le souffle. Calya avait eu la chance de s'en apercevoir quelques jours plus tôt. Azurtan lui avait raconté qu'il venait ici l'été. C'était son refuge. Il adorait rester des heures près du lac, à contempler les rayons du soleil s'y refléter. Les cigales comme bruit de fond, il finissait souvent par s'endormir. Mais ce que Calya préférait était tout de même sa ville. Même si Algar avait perdu en richesse, elle n'en restait pas moins belle. Les maisons faites essentiellement de pierres rouges représentaient l'âme de la ville. Le marché était son endroit préféré. Chaque dimanche matin, elle adorait s'y balader avec ses parents.

— C'est magnifique. La beauté de la nature n'a rien à envier à la création Humaine. As-tu déjà vu une pleine lune ?

— Jamais, répondit Níniel. Pour se protéger, on ne sort pas d'Hagdaar. Comment était-ce ?

— Je crois bien que c'est la plus belle chose que j'ai pu voir dans ma vie. C'était un soir, je suis sortie en douce après avoir terminé mon repas. À Algar, nous n'avons plus le droit de quitter nos demeures après vingt et une heures. C'est le couvre-feu.

Des bruits derrière la porte les interrompaient dans leur discussion. Deux nouvelles personnes faisaient leurs entrées : Idríl et Azurtan. D'un œil qui ne cachait guère son inquiétude, Calya observait qu'Azurtan n'avait toujours pas repris de couleurs. Il se retenait de bâiller.

— Tout va bien, Níniel ? s'inquiéta aussitôt Idríl.

— Oui, on parlait du monde extérieur.

Il rejoignait sa petite sœur en évitant soigneusement Calya. Il était évident que Níniel était un peu anxieuse à l'idée de s'aventurer hors des sentiers battus. Idríl n'avait aucune difficulté à la comprendre. Doucement, il la prenait dans ses bras en lui caressant le dos.
Calya profitait de cet instant pour pouvoir se planter à côté d'Azurtan. Il était resté dans l'encadrement de la porte, appuyé contre celle-ci. Il lui offrait un mince sourire tandis qu'il inhumait son parfum au goût de la cerise.

LE ZOO FAIRY : Une nouvelle ère Où les histoires vivent. Découvrez maintenant