LE ZOO FAIRY : Une nouvelle ère

31 - Le retour à Mondersountain

Plusieurs voix la tiraient de son sommeil. En reprenant peu à peu ses esprits, Calya sentait ses jambes engourdies sous l'épaisse peau de bête qui la recouvrait. La forte luminosité de la grotte lui indiquait que le soleil était déjà levé. La veille, ils avaient veillé jusqu'à tard.

Elle ne tardait plus à se lever, grimaçant à cause des quelques douleurs de son corps. Elle se souvenait avoir rêvé d'Azurtan qu'elle s'efforçait de chasser de ses pensées. En quittant la grotte après avoir enfilé son pull, elle observait que ses amis étaient tous dehors. Ils étaient rassemblés dans l'herbe, formant une ronde. Anétha était la première à remarquer sa présence. Níniel, suivant son regard, se redressait immédiatement en lui faisant signe de les rejoindre.

Aujourd'hui serait une longue journée de marche. En effet, ils devaient regagner Mondersountain le plus vite possible afin de placer les Créatures en parfaite sécurité. Calya appréhendait son retour là-bas. Pour se changer les idées, elle discutait un instant avec Oryon, lui racontant toutes sortes d'histoire. Il était légèrement amusé par le fait qu'elle soit sans filtre. Il lui attribuait un sourire franc auquel elle répondait aussitôt. Assit en face d'eux, Idríl ne manquait rien à la scène. Il fronçait les sourcils alors qu'il dévisageait Calya comme si c'était la toute première fois qu'il la voyait. La jeune fille ne remarquait pas le poids de son regard posé sur elle. Elle entamait une pomme au moment où Ida, couvée par le regard amoureux de Lokri, s'en allait réveiller les Chevaux ainsi que Cassiopée qui dormaient paisiblement dans le pré d'à côté.

Quelques instants plus tard, elle revenait en compagnie d'un homme blond à la carrure imposante et au visage ridé. Nul doute que c'était lui, Guntbeck, le Chef des Chevaux. Lorsqu'il croisait le regard de Calya, il se penchait en avant afin de la saluer. Elle lui répondait par un minuscule sourire.

La journée était déjà bien entamée et ils devaient partir sans attendre un instant de plus. Après avoir préparé le nécessaire à amener à Mondersountain, la troupe se mettait en marche. Ida et Lokri étaient tout devant, étant donné qu'ils connaissaient relativement bien la forêt d'Ironhealth. En effet, Calya savait que des Créatures terrifiantes pouvaient y rôder, et elle n'avait aucune envie de faire leurs rencontres. Ainsi, ils ne devaient pas se séparer. Plus ils étaient nombreux, et plus ils devenaient des proies potentielles. Tout naturellement, Calya s'était proposé pour refermer la marche. Discrètement, le cœur serré, elle jetait un dernier coup d'œil derrière elle. Cet endroit si paisible allait lui manquer, elle en était certaine. Au fur et à mesure qu'ils avançaient, elle pouvait observer la ville d'Algar se dessiner sous ses yeux. Le visage d'Azurtan lui barrait brusquement la vue, comme une hallucination à répétition. Calya ne s'était même pas rendu compte qu'elle pleurait. Plus que tout au monde, elle souhaitait le laisser partir, mais ce n'était pas évident étant donné qu'une partie d'elle restait encore rattachée à lui. Azurtan était son ami, il avait pris sa défense devant Hildegarde, et l'avait soutenue bien plus qu'elle ne l'avait imaginé. À présent, elle ne souhaitait plus se souvenir de lui, comme le garçon qui avait tenté de l'étrangler, mais plutôt comme celui qui l'avait soutenu, peu importe ses choix et ses prises de décisions.

Dans un élan de chagrin immense, Calya sentait le sol se dérober sous ses pieds, puis elle glissait à genoux. L'odeur de l'herbe venait lui chatouiller les narines. Sans qu'elle puisse l'anticiper, elle sentait deux mains se glisser sous ses aisselles. Par le fruit d'un heureux hasard, Calya se retrouvait de nouveau debout. Idríl la lâchait seulement après s'être assuré qu'elle possédait suffisamment de force pour tenir en équilibre. Timide, elle l'observait un instant, incapable de prononcer le moindre mot. Ses cheveux noirs étaient coiffés en une tresse. Lui non plus ne parlait pas. Aussi étrangement que cela puisse paraître, le silence entre eux n'était pas gênant, bien au contraire. Calya détournait doucement la tête, écoutant d'une oreille distraite les conversations autour d'elle.