LE ZOO FAIRY : Une nouvelle ère

10 - Le procès

Assise au milieu de la petite pièce, Calya se sentait complètement dépassée par les évènements. Pourtant, elle refusait de rester là, toute seule, sans agir. Tant bien que mal, elle tentait de contrôler sa respiration. Elle commençait à remettre toute sa vie en question. La jeune fille ne parvenait pas à croire qu'elle était elle-même un Elfe. Ça ne pouvait pas être réel, pourtant au fond d'elle, elle ne pouvait nier l'attirance évidente qu'elle avait pour eux. Comment pouvait-elle l'accepter ? Comment avait-elle fait pour ne jamais s'en rendre compte ? Pourquoi ses oreilles n'avaient-elles pas la même forme que celles des Elfes ? Était-ce normal ? Pour quelles raisons, ses parents lui avaient-ils fait croire qu'elle était Humaine ? Pourquoi lui cacher sa vraie identité ?

Assommée par de nombreuses interrogations en suspension, Calya recrachait malencontreusement le peu de nourriture qu'elle avait gardé en elle. Allait-elle être tuée pour avoir été infiltrée parmi les Humains ? Elle n'avait aucune mauvaise attention, elle n'était pas dangereuse. Bien au contraire, tout ce qu'elle souhaitait était que les Créatures et les Humains puissent vivre en harmonie sans se déclencher une énième guerre. Contrairement à ce qu'avait pensé Hildegarde, la jeune fille n'avait jamais proclamé haut et fort que les Créatures étaient supérieures aux Humains.

Prise d'une violente vague de colère, Calya rassemblait le peu de force qu'il lui restait pour se redresser. Là, elle balançait brusquement ses poings menottés contre la porte en bois. Chaque coup lui broyait les os, mais elle continuait. Peut-être avait-elle l'espoir que quelqu'un l'entende et vienne à son secours. Cette façon lui permettait d'évacuer toute sa colère.
À présent, elle était à elle seule, un mélange impressionnant d'émotions. Désespérée, trahie, angoissée mais aussi indignée, révoltée et agacée. Elle se mettait alors à faire les cent pas comme si cela pouvait miraculeusement la calmer.

Une nouvelle fois, ses pensées déviaient vers les personnes qu'elle aimait le plus, à savoir ses parents adoptifs. Elle aurait aimé pouvoir les revoir et leur parler. Elle avait tant de choses à leur dire. Elle espérait de tout cœur qu'ils étaient en sécurité malgré la révélation qui avait été faite.
Calya sursautait. Elle ne se souvenait pas s'être assoupie, pourtant elle se retrouvait adossée contre le mur délabré du cachot. Elle avait drôlement faim. Sa tête lui tournait avec plus d'intensité. Le sol se dérobait sous ses pieds au moment où une silhouette apparaissait devant elle. Lorsqu'elle se concentrait davantage, elle reconnaissait Melissa Harris. Ses cheveux noirs rattachés en un chignon lui donnaient un air de jeune fille. Les sourcils froncés, elle plaquait en un geste doux et maternel, sa main sur le front de Calya. Fiévreuse, la rousse fermait les yeux pendant un bref instant.
Melissa semblait remarquer que la jeune fille était revenue à elle, elle s'empressait dès lors de lui offrir son sourire, auquel Calya ne répondait pas. Elle tentait de se redresser mais le médecin l'en empêchait gentiment.

— Du calme, ce ne sont que les effets secondaires des anneaux d'or. Cela finira bien par passer. Tu as simplement besoin de repos.

Calya restait muette. Une sonnerie stridente de téléphone perçait le silence. Melissa relevait brusquement la tête en décrochant. Calya suivait son mouvement de près, pouvant observer Hildegarde en vidéo. Derrière elle se tenaient trois gardes. On aurait dit qu'elle se trouvait dans un bureau.

— Comment se porte notre prisonnière ? interrogea Hildegarde d'une vois sèche.

— Ça peut aller. Son corps réagit encore par rapport aux anneaux d'or. En soit, ce n'est absolument pas grave. Mais elle doit impérativement se reposer. Il n'y a rien qui puisse faire disparaître ce mal.