LE ZOO FAIRY : Une nouvelle ère

34 - Un nouveau plan

Le lendemain, Calya ne se sentait pas au meilleur de sa forme. Assise à une table au hasard dans le réfectoire, elle voyait les gens défiler devant elle. Le regard dans le vide, elle ne pouvait s'empêcher de remettre son existence en cause.

Sans prévenir, une silhouette familière traversait son champ de vision. Vêtu d'un pull vert foncé, Idríl se servait de l'eau. Bientôt, des souvenirs de la soirée de la veille lui revenaient en mémoire. Calya avait appris à le découvrir sous un nouveau jour et il s'était révélé être plutôt marrant quand il avait bu. Elle se revoyait rire aux éclats lorsqu'il lui racontait une histoire de lui encore enfant. Perdue dans ses pensées, Calya ne se rendait pas de suite compte qu'une personne venait de s'installer à côté d'elle.
En détournant le regard, elle observait Meyel, un cure-dent coincé entre ses lèvres.

— J'ai longuement réfléchi à un plan, je crois en tenir un bon. Rejoins-moi dans mon bureau après ton petit-déjeuner.

Calya se redressait aussitôt, elle avait déjà terminé. Meyel l'imitait, il portait son habituel manteau marron et des lunettes de soleil. Il était vraiment très excentrique.

Dans le couloir, ils croisaient Ida et Lokri, s'embrasser. C'était la première fois que Calya les surprenait dans un moment intime et rempli de tendresse. Meyel leur faisait discrètement signe de le suivre.

Tous ensemble, ils se dirigeaient vers le bureau de Meyel. Calya était surprise d'y retrouver Idríl, Níniel, Oryon, Anétha et même Hermine. Le cœur lourd et s'interrogeant sur la raison de sa présence ici, Calya refermait brusquement les bras sur sa poitrine tandis que son amie détournait le regard.
Meyel refermait la porte avant de s'asseoir derrière son bureau. La jeune fille se tenait dans un coin de la pièce, silencieuse, elle préférait analyser l'atmosphère qui s'en dégageait.

— Je sais à quel point la mort d'Azurtan nous a tous grandement affectés, déclara Meyel, mais ce n'est pas la raison pour laquelle je vous ai tous réunis dans cette même pièce. Je souhaite vous faire part d'une idée qui m'a traversé l'esprit durant mon sommeil. Cela concerne notre devoir pour détruire le Zoo.

Pour la troisième fois consécutive, il lançait des petites boules de papier dans la corbeille juste à côté de Calya. Cette dernière était curieuse de découvrir son plan. Peut-être était-il une aide précieuse ?

— Je pense que vous vous êtes mis inutilement en danger lors de votre repérage. Il serait plus judicieux d'emprunter les souterrains pour pouvoir libérer toutes les Créatures. Ça, c'est votre rôle à tous. Moi, je me chargerais de détruire le Zoo en personne.

De quel droit se permettait-il de juger ce qu'il n'avait pas vécu ? Comment osait-il parler de quelque chose qu'il ne connaissait pas ? Calya levait les yeux au ciel. Finalement, elle avait eu tort de penser qu'il pourrait les aider. Il souhaitait simplement s'attribuer leur réussite, sans prendre en compte tous les autres dangers qui les guettaient. Par exemple, les gardes, Hildegarde, Melissa, les caméras de surveillance, les bombes...
Elle rencontrait le regard d'Idríl, qui partageait ses pensées. Il secouait négativement la tête en reportant son attention sur Meyel.

— Justement, on a utilisé les souterrains, déclara-t-il brusquement, mais les bombes les ont fait exploser. Sans vouloir vous offenser, il y a des menaces que vous négligez complètement.

Surpris qu'il prenne la parole, Meyel acquiesçait aussitôt, signe qu'il ne voulait aucunement créer de conflit.

— Les Humains constituent notre plus grand danger, reprit Idríl. Si l'on parvient à les attaquer en premier, alors on aura une longueur d'avance sur eux, et on pourra libérer les Créatures.

— Bien, déclara Meyel. Nous n'avons qu'à nous diviser en deux groupes. Un qui fait diversion et s'en prend aux gardes, et l'autre qui fonce les libérer. Qu'en dites-vous ?

La majorité acquiesçait, même Hermine, qui s'était portée volontaire pour mener à bien cette mission. Cependant, Calya restait encore un peu perplexe. Ce n'était pas vraiment un plan qu'il proposait, mais plutôt une façon de s'organiser. Comment allaient-ils passer la clôture, maintenant que le souterrain avait été détruit ? Comment défier les caméras ? Comment attaquer les gardes alors qu'ils ne sont pas armés ? Plein de questions restaient encore sans réponse. Ils ne devaient prendre aucun risque. Un plan ne pouvait pas se faire en un claquement de doigts. Il fallait le préparer des mois à l'avance.

Sans un mot, Calya quittait le bureau. À peine avait-elle eu le temps de refermer la porte de sa chambre que quelqu'un toquait. Elle hésitait un court instant avant de l'ouvrir. Elle découvrait sans surprise, Ida. Elle lui faisait signe d'entrer tandis qu'elle se laissait tomber sur son lit.

— J'ai des doutes quant au plan de Meyel.

Calya se redressait subitement. Le cœur battant à toute vitesse, elle était pressée d'entendre ce que son amie avait à lui dire. Peut-être avait-elle un plan à proposer ?

— Je pense qu'on ne peut pas se précipiter au Zoo sans avoir étudié les défenses des Humains. Je veux dire que pour la plupart d'entre nous, nous ne sommes même pas capables de nous battre. Vois-tu où je souhaite en venir ?

La jeune fille voyait parfaitement. Jamais de sa vie, elle n'avait tenu d'arme, et elle ne s'était encore jamais battu. Tout à coup, elle repensait à sa capture avec Hildegarde où elle avait été sans défense. Ida disait vrai, Calya ne souhaitait plus se sentir aussi faible. Elle voulait apprendre à se battre.

— Que suggères-tu ? demanda-t-elle d'une petite voix.

— Je pense que l'on devrait prendre notre temps avant d'y retourner. Le plus important, c'est que l'on soit tous en mesure de se défendre.

Calya partageait son avis. Dans sa main, elle tenait le plan d'Azurtan. Grâce à ses indications laissées dessus, la jeune fille savait à présent où se situait l'appartement d'Hildegarde ainsi que ceux de tout son entourage. Elle se gardait de dire aux autres qu'elle souhaitait affronter Hildegarde.