LE ZOO FAIRY : Une nouvelle ère

43 - Les jours suivants

Plusieurs jours s'étaient écoulés depuis l'attaque du Zoo Fairy. Calya se remettait doucement de ses émotions. Heureusement qu'elle pouvait compter sur le soutien de ses amis bienveillants à son égard.
        
Après un débat de plusieurs jours, un choix avait été finalement fait : ils quittaient Mondersountain pour bâtir une nouvelle ville où ils seraient en sécurité. Malgré la destruction du Zoo, les Humains d'Algar restaient une menace qu'il ne fallait pas prendre à la légère.
        
Comme Mondersountain avait perdu son chef au combat, Ida et Lokri avaient naturellement proposé aux autres Créatures de se joindre à eux, leur promettant ainsi protection et liberté. Sans surprise, tous acceptaient de quitter la grotte.
        
Aussi étonnant que cela puisse paraître, Thalion et les Elfes d'Hagdaar les accompagnaient. Eux non plus ne souhaitaient pas encourir davantage de risque.
        
Calya était vraiment pressée à l'idée de quitter Mondersountain. Elle avait trop de mauvais souvenirs qui l'empêchaient d'avancer comme elle le souhaitait.
        
Alors qu'elle descendait l'escalier qui la menait au Hall, une personne se plantait subitement devant elle. Thalion lui faisait face, les yeux plissés. La jeune fille sentait son cœur faire des bonds, incapable de déchiffrer son regard. Sans le vouloir, ils attiraient l'attention de quelques Créatures.
        
— Je reconnais m'être trompé sur toi, Calya Tororgnor. Tu es bien plus forte que je ne l'aurais imaginé.
        
Mal à l'aise, elle aurait tant aimé pouvoir disparaître. C'était d'ailleurs son attention, mais au même instant, la main d'Idríl se glissait doucement dans la sienne, l'obligeant à rester. Ce geste purement symbolique n'échappait guère au regard de Thalion qui souriait. Soudain, comme si elle venait de se réveiller d'un long sommeil, Calya se souvenait du marché qu'elle avait passé avec lui. Décidément, l'idée d'épouser Idríl ne lui semblait plus aussi inimaginable. Qui l'aurait cru ? Elle était forcée de reconnaître que quelque chose en elle avait changé. Elle avait besoin de lui dans sa vie. Il était le seul qui parvenait à la rassurer en un simple regard. Elle avait le sentiment qu'il la comprenait plus que n'importe qui d'autre. Parfois, on aurait même dit qu'il lisait en elle comme dans un livre ouvert. En définitive, Calya n'avait plus de secret pour le jeune Elfe.
        
— Je suis heureux de te revoir, Idríl. Tes parents seraient tellement fiers de toi.
        
Il baissait rapidement la tête tandis que Thalion portait la main sur son épaule, comme pour le réconforter. Calya orientait ses iris dans sa direction, Idríl était submergé par une vague de tristesse.

*
        
Après plusieurs jours de marche, ils trouvaient enfin l'endroit idéal où se poser. Au départ, ils avaient été réticents à l'idée de s'enfoncer dans la forêt d'Ironhealth, forêt qu'ils ne connaissaient qu'à moitié et dont ils ignoraient tous les dangers. Au fil des heures, ils avaient fini par retrouver la lumière du jour en quittant pour de bon la forêt. Ils laissaient derrière eux de bien mauvais souvenirs. Dorénavant, ils devaient tout rebâtir afin de construire une nouvelle vie où les Humains et les Créatures vivraient enfin en paix.
        
Cependant, de l'autre côté de la forêt, ils étaient loin de s'imaginer qu'un tel endroit pouvait exister. En effet, une plaine bordée de montagnes les avait accueillis à bras ouverts. Après s'être assurés qu'il n'y avait pas de danger potentiel, ils décidaient de s'installer ici. Ils déposaient sur un sol nouveau, à l'herbe bien verte, leurs énormes sacs de provisions et d'outils. Ils devaient construire des maisons pour pouvoir loger tout le monde dans cet endroit qu'ils appelaient : IronGold.
        
Les Créatures s'unissaient toutes pour pouvoir bâtir au plus vite leurs logements.

Calya et ses amis avaient décidé de rester vivre ensemble. Aucun d'eux n'avait osé imaginer se séparer. Pas après tout ce qu'ils avaient vécu.
        
L'enterrement d'Hermine était prévu le lendemain. Les Nains à Queues avaient fabriqué une planche en bois sur laquelle reposait son corps. Une couronne ornée de ses fleurs préférées était posée sur ses longues mèches brunes. La brune semblait dormir paisiblement.
        
Pour l'occasion, toutes les Créatures étaient réunies, ils formaient un cercle autour de la défunte. Anétha commençait le discours en énumérant à quel point Hermine avait été essentielle à leur mission. À chacune de ses paroles, Calya fondait en larmes. Oryon lisait la lettre d'amour qui lui avait écrit lorsqu'il était en prison. Ses mots bouleversaient tout le monde, y comprit ceux qui n'avaient pas connu l'Humaine.
        
— Hermine... je t'écris ces quelques mots car je m'inquiète pour toi... si tu savais à quel point je tiens à toi. Je t'aime, comme jamais j'avais encore aimé... Il m'est impossible de t'adresser cette lettre sans verser quelques larmes...Ô dieu ! Chaque journée passée sans toi devient un enfer. Tu me manques. Depuis que tu es partie, je ne cesse de penser à toi... à la dernière fois où l'on s'est vu. Je ne t'oublierais pas. Je ne peux pas. Ça m'est impossible. Tu restes gravé dans mon cœur. Je ne peux plus supporter de vivre sans toi, loin de toi. Je t'aime.
        
Un long silence accompagnait sa déclaration. Calya et Oryon se prenaient dans les bras. Elle savait qu'il aimait profondément Hermine, mais elle était loin d'imaginer que c'était à ce point. D'un revers de manche, elle séchait une larme qui roulait sur sa joue. Oryon venait d'ouvrir son cœur à toutes les Créatures en exposant clairement ses sentiments. Anétha ne pouvait plus retenir ses larmes.
        
— C'est magnifique, chuchota Calya.
        
Idríl était lui aussi touché par l'émouvante déclaration de son ami. Sa petite sœur pleurait tandis que Lokri s'essuyait les yeux à plusieurs reprises.

Rendant un dernier hommage à Hermine, les Elfes commençaient à jouer de leurs instruments. Une douce et jolie mélodie retentissait, couvrant ainsi les sanglots de Calya et de ses amis. Idríl ne pouvait s'empêcher d'avoir le cœur serré face à cette terrible scène. Contrairement aux autres, il parvenait à maîtriser sa tristesse et à retenir ses larmes.
        
Lorsque la fin de la mélodie approchait, des applaudissements venant de toutes les Créatures ramenaient Calya et Oryon à la réalité. Il était temps à présent de laisser partir Hermine vers une destination à laquelle la jeune fille n'avait pas accès. Elle devait tourner la page sans pour autant l'oublier.
        
— Longue vie à la guerrière ! hurlèrent-ils tous en chœur.
        
— Il est temps de la laisser partir, lança gentiment un Nain à Queue.
        
Alors qu'elle acquiesçait, Oryon tombait brusquement à genoux. Calya l'aidait maladroitement à se relever, mais le jeune homme était lourd de tristesse. Idríl et Níniel n'hésitaient pas à lui venir en aide.
        
Les Nains à Queues les plus forts soulevaient la planche sur laquelle reposait Hermine, entamant ainsi une marche vers l'unique grotte existante. Elle se terrait au pied d'une des sept montagnes. Les autres Créatures restaient devant, afin de laisser les proches d'Hermine lui rendre un dernier hommage.
        
Aussitôt, sur sa poitrine, Calya déposait le collier que lui avait offert Hermine lors de son anniversaire. Quelques souvenirs lui revenaient en mémoire alors qu'elle tentait d'étouffer ses sanglots.
        
— Longue vie à toi, souffla-t-elle en collant sa tête contre son front. Je n'aurais rien pu faire sans toi. Que les étoiles t'accueillent parmi elles. Bon voyage.
        
Trébuchant, elle se reculait, les larmes brouillant sa vue. Elle adressait un mince sourire à Oryon avant de tourner le dos à Hermine. Oryon se jetait précipitamment sur celle qu'il aimait profondément, pour lui rendre un dernier hommage.
        
Calya retrouvait tous ses amis dans l'entrée de la grotte. À peine les avaient-elles rejoints, qu'ils la prenaient dans leurs bras.
        
— Hermine sera toujours avec nous, déclara Níniel d'une petite voix.
        
D'un geste doux et délicat, Idríl passait sa main dans le dos de Calya, qui malgré tout le chagrin qu'elle ressentait, ne pouvait s'empêcher de sourire légèrement. Elle avait perdu Azurtan et Hermine, mais il lui restait tout de même ses amis, puis... elle avait Idríl aussi. Ramenant ses pensées vers lui, elle lâchait gentiment Níniel afin de se tourner vers lui.
        
Des centaines de nouvelles réflexions lui traversaient l'esprit. Il semblait qu'Idríl captait chacune d'entre elles. Calya savait qu'il la comprenait mieux que personne. C'est discrètement qu'il entremêlait ses doigts avec les siens. Au même moment, Oryon revenait parmi eux, attirant toute l'attention de leurs amis. Si bien, que personne ne remarquait le lien qui venait de se créer entre la jeune fille et Idríl.
        
Anétha était la première à réconforter Oryon.
        
— On est là, chuchota-t-elle, brisée par le chagrin de son ami.
        
Ils s'apprêtaient à regagner leur maison lorsque Lokri et Idríl s'y opposaient.
        
Inquiète, Ida se retournait vers eux en leur lançant un coup léger d'œil.
        
— Je sais que nous n'avons pas pu ramener le corps d'Azurtan, remarqua Lokri d'une voix tremblante. Mais nous tenons à lui rendre hommage à lui aussi. Il le mérite plus que n'importe qui.
        
« Il s'est sacrifié pour nous, pensa Calya, le cœur serré. » Elle avait toujours avec elle, le plan qu'il lui avait donné avant de rendre son dernier souffle.