Murat ose venir, chez moi, après tout ça ? Il ose mettre les pieds sous le même toit que moi ? Aucune gêne ? Je m'enferme dans ma chambre, et quelque temps après Ali vient me rejoindre, je n’arrivais pas à définir ce qu’il ressentait à travers son regard, il était neutre, moi ? J’avais honte, honte que mon frère soit au courant de tout ça... Je suis source de problèmes pour tout le monde, je ne pensais qu’à moi, je ne voyais pas plus loin que mon nombril. J’étais égoïste, je m’en rendais pas compte, mais je le regrette, qu’Allah me padonne...
Je me redresse, Ali se pose à côté de moi, il était tranquille, ça m’avait plus ou moins soulagé, mais d’un côté je ne l’étais pas, j’avais honte de moi d’avoir impliqué mon frère dans ces histoires là !
Je stressais à l’idée de savoir ce qu’il pouvait me dire, parce qu’au moins pendant 5 minutes (qui m’ont parues des heuuuuures) personne n’a sorti un mot, ne serait-ce qu’ un bruit. Ça devenait pesant mais je n’osais rien dire.. Mais il l’a fait à ma place.
Ali – Hazal, tu joues à quoi ?
Moi – de quoi ?
Ali – Pourquoi tu fais la star ?
Moi – Attends abi ! Tu dis quoi là, c’est moi que t’accuses ?
Ali – T’étais pas obligée de te comporter comme ça putain !
Moi – Abi, vAllah j’aime pas parler de ça avec toi.. –en baissant la tête-
Ali – Tôt ou tard on va en parler Hazal, que ça soit maintenant ou demain, on allait en parler !
Moi - ...
Ali – Vallah tu l’as énervé !
Moi – Abi (grand frère, signe de politesse chez nous.), tu crois que lui il m’énerve pas ? Je le déteste vAllah je le déteste !
Ali – Cris pas déjà ! C’est bon, il est plus grand que toi, tu le respectes, tu le déteste, mais oublie pas c’est le fils de Ayse teyze ! Donc tu l’respectes, bu kadar ! –c’est tout-
Moi – Pff !
Ali – T’as compris ?
Moi – tout bas- ouais...
Ali – Azi, à cause de toi, il s’est cassé, il était trop énervé wAllah !
Moi – Je m’en fou de sa vie !
Ali – Hazal calme toi ! Pour Ayse teyze au moins !
Moi – Ouais ouais..
Et il sort de ma chambre, il va surement rejoindre l’autre. Je le déteste, je déteste la façon dont je l’aime, je déteste comme mon frère se comporte avec moi pour sa sale gueule, je déteste tout de lui, sa beauté, son sourire, son parfum, cette emprise qu’il a sur moi. Je le déteste Murat, je te déteste, je t’aime plus, non, je t’aime à la haine, c’est ça !
Je me suis allongée sur mon lit, la musique dans les oreilles et j’ai pensé que je m’étais embrouillée avec ma sœur de cœur, celle qui avait toujours été là pour moi... Je me suis prise la tête encore pour Murat, parce que oui, c’est lui qui me rends comme ça. Dis moi Murat, dis moi, si toi aussi tu te mets dans de tels états pour moi, je sais déjà la réponse, et c’est bien ça qui me tue encore plus... Tu t’en fiches littéralement de moi, t’as profité de ta vie de « jeune » à courir derrière des p*tes histoire de vider tes c**illes, et maintenant tu viens me dire, que tu regrettais, que tu veux que j’te pardonne. Eh ben non ça marche pas comme ça, c’est impardonnable, je suis nature rancunière, et c’et bien mon gros défaut. Je me suis assez laissée affaibli à cause de toi.
Regarde Murat ! Regarde comme tu m’as rendue, ce que tu m’as fais vivre, subir ! C’est pas tes pardons qui effaceront mes plaies que j’ai sur le cœur, certes je cicatriserais surement avec le temps, ce que j’espère le plus... Oui, je cicatriserais seulement, parce que je t’aime encore, mais je l’ai dit, mon amour s’est transformé en haine... Mon cœur commencera à cicatriser toutes ces plaies lorsque ma haine s’apaisera… Lorsque j’aurais trouvé quelqu’un qui m’aidera à t’oublier...
J’avais oublié, que Ayse teyze était à la maison, je vais donc dans le salon les rejoindre. Elles parlaient, elles « partageaient » plutôt leurs sources de commérages. Tous les nouveaux ragots de la cité, vous connaissez hein ! bref, ensuite la maman de Mustafa est aussi venue, et voilà, je leurs donnait leur thé, et tout. Je restais avec elles, ça me faisait rire de tout ce qu’elles pouvaient parler. La soirée se finit tranquillement. Je reçois un message de Samih « Oh inek, tu vas mieux ‘spèce de dépressive hystérique » OK. Il a fait un mélange de tout, je suis une vache, dépressive et hystérique. Il est bien con samih mais j’ai décroché un petit sourire en lisant ce petit message. Je lui répondis que tout allait mieux, et tout. On parle un bon bout de temps, par message, je vais dans ma chambre parce qu’il voulait m’appeler.
« Ouaaaais ördek –canard- »
« Oh joues pas la folle inek va ! »
-en riant – « Öküz ! –bœuf- »
« Zehiiii , tu vas pas assumer quand tu vas m’voir hein »
« Ouais ouaaaais »
« Ah j’tai pas dis, mais Serkan il est plus avec l’autre ! »
« J’men fou wAllah ! Me parle même plus de lui ! »
Il criait des choses : « Oh dégage, je sais pas putain ! … nan tu l’prends pas ta race ! vAllah öldürecem çikmazsan –j’vais t’tuer si tu sors pas- »
« Hein ? »
« Attends hazal »
Il continuait de parler, ou plutôt de crier.
Il reprends le téléphone au moins 5 minutes après.
« T’es encore là ? »
« Nan nan ! »
-en riant « Deli va –sale folle va- »
« Pourquoi tu criais ? »
« Parce que mon jumeau il voulait prendre mon t-shirt ! »
Euh, j’ai raté un truc oula ? Il a un jumeau ?
« Attends attends, t’as un jumeau ? »
« Ouais ! »
« Arrêteeeeeeeeeee ! et pourquoi je savais pas ? »
« Bah tu l’sais maintenant »
« Ouaaaah, j’suis choquée là ! »
« Respire inek va ! »
« Pff, c’toi le inek »
« Ouais ouais, bref j’te laisse je vais taper Fatih ! »
« Fatih ? »
« Mon frère handicapée ! »
« Ouais bah je pouvais pas savoir ! Tu m’dis rien sur ta vie ! »
« Bah j’ai deux grandes sœurs aussi, mais elle sont dans le nord elles, hadi, salut inegim – MA vache- »
« Azi, j’suis pas une vache oim »
« Si si, la plus belle vache »
BIPBIPBIP !
Il m’a raccroché au nez ce connard ! Mais sa dernière parole m’avait fait sourire, je sourias comme une mongole wAllah. Cette discussion avec Samih m’avait fait oublié, ne serait-ce qu’un petit moment Murat... Samih avait les mots, l’humour, il avait tout pour me faire oublier un peu Murat. Je ne ressentais pour lui, que des sentiments d’amitié, rien de plus. Je l’appréciais de plus en plus.
Bref, voilà la routine pendant une semaine, on était fin Janvier, et je parlais au moins tous les soirs avec Samih, c’était devenu la routine, on rigolait beaucoup ensemble, enfin je me « divertissais » en quelque sorte. Par contre, j’avais de plus en plus de remords, de m’être embrouillée avec ma sœur, Aya. Fières, l’une que l’autre, on s’ignorait, je n’avais plus de nouvelles d’elle, Karim me parlait, et m’a dit qu’ils s’étaient quittés en bon termes, il ne m’a pas expliqué pourquoi, il m’a dit que si je voulais savoir, je devais aller voir Aya... Je me demandais pourquoi ils s’étaient quittés, ça me rongeait gueh !
Un jour, ma mère m’avait envoyé chercher du pain, je vais à la boulangerie, j’achète mes baguettes, et je rentre à la cité. J’avance vers la cité, et je vois quelqu’un pleurer dans le parc juste à côté, je vois une fille pleurer, plus précisément, Aya.. J’hésite à aller la voir, je cogite pendant deux minutes, et je décide de ranger ma fierté, et d’aller la voir...
Elle pleurait, suffoquait même... ça me faisait mal de la voir comme ça... C’est ma sœur, j’ai honte de l’avoir laissé comme ça, alors qu’elle avait peut être besoin de moi, j’ai honte de moi, je me dégoute...
Je vais m’asseoir à côté d’elle, je la prends dans mes bras, elle était choquée de me voir comme ici. Elle pleura encore plus quand lorsqu’elle était dans mes bras. Je ne disais rien, je ne saivais pas quoi dire.. Elle pleurait de moins en moins, je la regarde, et je m’excuse, m’excuse de l’avoir délaissée, de ne pas avoir été là pour elle, pour tout.. Elle m’a pardonnée, puis m’a expliqué la cause de son état. Bien évidemment Hakim. Il l’a faisait galérer comme un fou, il avait demandé à Yassine qu’Aya fasse une demande de parloir, il voulait lui parler, la voir. Il lui a dit, qu’il allait vraiment tout arrêté, il lui a demandé de l’attendre, enfin vous savez tout je pense. Elle a quitté bien évidemment Karim pour Hakim, parce qu’au fond elle l’aimait encore... ça me faisait mal de la voir comme ça, parce qu’elle ne méritait rien de tout ça. Elle avait tout lâché, elle voulait l’attendre, parce qu’elle disait qu’elle avait vu qu’il avait changé. Dès sa sortie il allait se mettre à fond dans le dine, et tout. Elle pleurait comme une folle, je l’ai réconfortée du mieux que je pouvais.
Aya – en essuyant ses joues- Tu m’as manquée Hegouna !
Moi – Aah toi aussi ma sœur, wAllah !
On se fait un câlin, et je lui dis que je dois rentrer. Je la quitte, je l’admire Aya, je l’admire d’être aussi forte, d’aimer un homme comme ça, de lui pardonner tout ce qu’il ait pu faire. Si seulement j’étais pareille..
Bref j’avance avec mes baguettes à la main vers ma tour, je rentre gênée devant les teneurs de murs habituels. Je monte et au premier palier je vois Murat... J’ai eu peur, et j’ai été surprise de le voir ici... Je décide de l’ignorer, parce que oui, quand je l’ai vu, ma haine a encore pris le dessus... Je passe à côté de lui, mais lui n’était pas du même avis, il me tient le bras et me dit :
-Hazal...