~Chapitre 2 : Un nouveau départ~

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C'était le matin de Noël. Moon s'était déjà levée pour aller à la rencontre de la jeune Elizabeth. Elle portait sa tenue de travail, une robe bleu foncé simple avec un tablier et une coiffe. Jehanne arriva et frappa à sa porte, la faisant se hâter pour ouvrir, trébuchant sur son sac de voyage qu'elle avait laissé au pied de son lit la nuit précédente.

"- Bonjour Moon, avez-vous bien dormi ?

- Oui, merci."

C'était un joli mensonge ; la jeune fille n'avait pas fermé l'œil de la nuit, épuisée mais obsédée par la pensée de rencontrer sa jeune maîtresse. Le regard de la gouvernante balaya la modeste chambre de Moon. La jeune servante avait soigneusement déballé ses maigres possessions et les avait méticuleusement rangées.

" Je dois rendre visite à madame. Je vous invite à vous présenter à Mademoiselle Elizabeth ; vous êtes son cadeau de Noël, tout comme ceci."

Elle lui tendit un paquet sur lequel sa mère avait griffonné un bref message. Moon trouvait l'idée d'être offerte comme une poupée de porcelaine à une enfant assez rabaissant mais ne lui fit pas part de son opinion.
Jehanne partit et la jeune femme alla donc devant la chambre de la jeune Elizabeth les jambes tremblantes.

Elle frappa à la  grande porte de bois comme une somnambule et attendit une réaction. Après quelques secondes qui lui parurent une éternité, la porte s'ouvrit sur sa nouvelle maîtresse. Moon eut l'impression de se retrouver devant Rosina Lytton mais une version plus jeune et à couper le souffle. A vrai dire, elle ne s'attendait pas à ce qu'elle soit si âgée et si élégante et l'imaginait plutôt dans la dizaine. La jeune Lytton était presque le sosie de sa mère; elle possédait une chevelure rousse et bouclée, des yeux qui variaient entre le bleu et le vert, des taches de rousseur qui parsemaient son nez légèrement retroussé et une petite bouche rosée qui contrastait avec sa peau extrêmement pâle.

Elle se frotta les yeux, encore endormie, puis aperçut Moon qui n'avait pas bougé d'un centimètre, paralysée par la situation et la montée soudaine de stress.

" - Qui êtes-vous ? demanda sa nouvelle maîtresse d'une voix comparable au velours.

- Bonjour mademoiselle, je suis Moon votre nouvelle servante. Votre mère m'envoie comme un présent ainsi que ce paquet, débita la concernée à une vitesse sans pareille."

À ces mots, elle tendit à Elizabeth le paquet qu'elle serrait contre son tablier depuis que Jehanne le lui avait remis. Elizabeth l'attrapa, sourit à Moon et l'invita à entrer.

En la suivant dans sa chambre, Moon fut émerveillée. La pièce était immense, et le lit qui s'y trouvait semblait trop grand pour même envisager de tenir dans sa propre chambre. Une vaste fenêtre offrait une vue sur les jardins s'éveillant doucement, et une coiffeuse imposante trônait face à elle. Des armoires élégantes et hautes comme les murs prenaient beaucoup d'espace, et Moon n'osait imaginer ce qu'elles pouvaient contenir. Un tableau représentant sa famille décorait le mur au-dessus du grand lit.

Elizabeth s'assit dessus et ouvrit le paquet venant de sa mère. Sa servante, tout aussi curieuse, se pencha pour voir. À l'intérieur, il y avait deux grands cahiers d'écriture qui semblaient très coûteux, accompagnés de nombreuses plumes et autres fournitures.

Moon prit la parole, un peu hésitante :

"- Votre mère souhaite que je vous instruise dans l'art de l'écriture en plus de mes services habituels, mademoiselle.

- C'est très aimable de ta part d'avoir accepté, Moon, répondit-elle avec un large sourire.

Elle se leva, posa son présent sur la table de nuit et se tourna vers sa servante. Elle était assez surprise et impressionnée de voir une simple servante remplir cette fonction et non un professeur.

"- On t'a expliqué tes fonctions, j'imagine ?

- Oui, mademoiselle.

- Parfait, alors viens. Il se fait tard et je dois m'habiller. Après le petit-déjeuner, je sortirai en ville pour quelques rencontres ; cela ne prendra pas longtemps, mais il est probable que nous ne rentrions qu'après le déjeuner. Tu auras l'après-midi libre jusqu'à ce que j'aie besoin de toi."

Moon acquiesça d'un signe de compréhension sans pour autant parler. Sa jeune maîtresse, remarquant son air perdu, ouvrit les placards, révélant ainsi une multitude de robes, manteaux, chapeaux, souliers et gants. La servante saisit alors, et, se libérant de sa stupeur, s'approcha de la garde-robe pour examiner les robes s'offrant à elle, tout en se rappelant le programme prévu. Après un moment, elle en sélectionna une et la présenta à sa maîtresse. C'était une robe blanche et bleu azur, qui avait l'air à la fois chaude et confortable, idéale pour la journée bien remplie qui les attendait.

Elizabeth l'examina attentivement, puis, avec un sourire, s'adressa à Moon :

"- Vous avez du goût, c'est une bonne chose. Ma mère dit que je ne choisis pas bien mes robes.

- Je vous remercie, mademoiselle, mais c'est à mon ancienne maîtresse que je dois beaucoup, répondit-elle avec fierté."

Remarquant que la jeune femme restait immobile, elle décida de l'aider à s'habiller, ses mains tremblaient car c'était une première pour elle. La tâche s'avéra plus ardue qu'anticipé, nécessitant de lui enfiler un sous-vêtement, puis un corset, et enfin le corsage et le jupon de la robe, ornés d'une multitude de boutons et de rubans à attacher. Malgré la difficulté, elle réussit et demanda, presque à bout de souffle après cet effort inattendu :

"- Est-ce que cela vous convient mademoiselle ?

- C'est parfait."

La servante éprouva un soulagement, car elle ne se voyait pas tout défaire et recommencer. Par chance, Elizabeth lui offrit un sourire pour renforcer son approbation, ce qui la fit sourire en retour. Le sourire de la jeune Lytton avait le pouvoir d'illuminer le monde entier, et la servante brune osa plonger son regard dans celui d'Elizabeth, le temps de capter la teinte de ses yeux. 

"Ils sont plus bleus que verts, se dit-elle intérieurement."

La voix soyeuse de sa maîtresse la tira de ses rêveries :

" Est-ce que tu as fini ? "

Moon ne savait pas si Elizabeth faisait allusion à l'habillage ou à sa propre contemplation et resta silencieuse. Elizabeth, paraissant se divertir de son embarras, sélectionna un manteau et une paire de gants qu'elle offrit à sa servante. Cette dernière se dirigea vers la porte, l'ouvrit et déclara :

" Si vous voulez bien mademoiselle."

Moon & Elizabeth Lytton [CORRECTION EN COURS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant