Se rendant compte de l'absence de discrétion dans sa réaction, la jeune femme se reprit puis afficha de nouveau un grand sourire à l'intention de son amie qui était venue jusqu'ici. Jehanne l'avait bien évidemment reconnue et avait entamé une discussion avec elle :
« -Je suis contente que vous ayez pu vous sortir de votre maladie Eléanore.
-Merci Jehanne, tout cela c'est grâce à vous en tout cas. J'ai pu trouver suite à ça une situation stable disons.
-Quand es-tu arrivée ici ? Tu as de la chance que le baron ne soit pas là. Interrogea Moon.
-Figure-toi que l'on s'est croisés ; lui en sortant et moi en arrivant.
-Cela aurait pu nous apporter des ennuis. Intervint Elizabeth plus fort qu'elle ne le voulait. »
Il y eut un court silence durant lequel la jeune Lytton regretta d'avoir légèrement haussé le ton et où les deux amies retrouvées se regardèrent brièvement. Comme à son habitude, Eleanore répondit sur un ton enjoué et la rassura :
« -Ne vous inquiétez pas pour cela mademoiselle Lytton, je lui ai dit que j'étais une amie de votre fiancé et il m'a donc laissée passer.
-Hum, je vois. Fit-elle en se raclant la gorge. Pardonnez mon léger emportement, nous sommes sous tension ces derniers temps.
-Ah, bien sûr je comprends, ne vous en préoccupez pas. »
Après cela la rouquine alla s'assoir maladroitement, légèrement embarrassée par sa propre réaction. Jehanne finit par prendre congé et laissa donc les trois jeunes femmes entre elles. L'absence du baron leur permettait de parler librement de la situation mais elles devaient tout de même rester vigilantes au cas où Robert Lytton déciderait une nouvelle fois de surgir soudainement.
Moon se chargea de faire une exposition de leur position actuelle à son amie tandis que Elizabeth écoutait tout en grignotant les biscuits que l'intendante avait apportés un peu plus tôt. Elle tendit davantage l'oreille lorsque sa servante commença à demander à la jeune irlandaise si elles pouvaient compter sur son aide, ce à quoi cette dernière répondit :
« -Bien sûr, je vous aiderais autant que je le peux.
-Le problème est que nous ignorons à quel point vous pourriez nous aider. Répliqua la jeune Lytton en posant le biscuit qu'elle avait déjà entamé. Je pense que votre, hum, « position » attirerait l'attention sur nous.
-Ma position ? C'est-à-dire ? Demanda la première.
-Eh bien, le docteur Addison est assez réputé surtout depuis qu'il s'occupe des malades de tous quartiers et je crains que votre contribution nous nuise.
-Croyez bien mademoiselle Lytton que, comme je l'ai dit, je ferais tout ce que je peux et même plus s'il le faut.
-Et où cela nous amènerait donc ? »
Moon, qui avait l'impression d'assister à un duel, ne savait pas si elle devait intervenir entre les deux jeunes femmes qui, malgré leur courtoisie, instauraient petit à petit une atmosphère tendue. Voulant y mettre un terme, la brune tenta :
« -Mademoiselle Elizabeth, je sais que cela est compliqué de savoir en qui faire confiance mais, Eleanore nous aidera comme elle le peut. Et, si cela est impossible sur le moment, nous aurons tout du moins son soutien.
-En effet. Assura l'irlandaise. Croyez-moi mademoiselle Elizabeth, je-
-Vous pouvez continuer de m'appeler mademoiselle Lytton. La coupa-t-elle. »
La jeune servante devenait très mal à l'aise, et cette dernière remarque ne faisait qu'accroître ce sentiment. Heureusement, son amie semblait avoir gagné en patience et en bonnes manières lors de leur séparation et continua calmement après avoir pris une légère inspiration :
« -Mademoiselle Elizabeth, je suis prête à tout et même si mon aide ne sera peut-être pas nécessaire ou utile, je ferai mon possible.
-Je doute que vous sachiez à quel point cela est important.
-Je le sais au contraire. Continua Eleanore en gardant son sourire. De plus, Moon est mon amie et la seule personne à laquelle je tiens ; je serais donc prête à me sacrifier. »
La concernée espérait que cela n'en arrive pas là et s'agita d'un pied sur l'autre en réponse à la tension qui régnait entre les deux jeunes femmes. Elizabeth fixa un moment la jeune irlandaise puis jeta un regard à sa servante qui ne put, sur le moment, lui offrir qu'un sourire légèrement crispé. Clôturant enfin cet affrontement courtois, la rouquine se leva en faisant signe à leur invitée de la suivre dans son mouvement et ajouta :
« -Bien, alors j'espère que le jour venu, nous pourrons compter sur votre aide. Il est déjà tard, voulez-vous que Jehanne ajoute un couvert ?
-Non, merci pour l'invitation mademoiselle Lytton mais le docteur Addison m'attend. »
Les deux se saluèrent respectueusement puis, après avoir caressé doucement la joue au teint caramel de son amie, Eleanore tourna les talons pour rejoindre sa calèche qui l'attendait pour repartir. En attendant que le diner soit servi, Elizabeth souhaita retourner un moment dans sa chambre, en outre pour reposer son chapeau qu'elle avait porté dans le jardin quelques heures auparavant. Moon n'avait pas dit un mot et son amie lui manquait déjà cependant, le silence qui régnait entre les deux jeunes femmes n'était pas aussi chaleureux qu'à l'accoutumée et c'est lorsque sa maîtresse le rompit que la brune en comprit la raison :
« -Vous voir ainsi aujourd'hui, vous semblez vraiment proche.
-En effet mademoiselle, les épreuves que nous avons traversées nous ont beaucoup rapprochées. Répondit la servante en faisant attention à ses réponses.
-Rapprochées... Répéta la jeune aristocrate. Vous êtes simplement amies pas vrai Moon ? »
L'interpellée haussa un sourcil, surprise de la question de sa maîtresse, et demanda :
« Etes-vous jalouse mademoiselle ? »
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Moon & Elizabeth Lytton [CORRECTION EN COURS]
Ficción históricaLa famille Lytton de Knebworth est une grande famille aristocrate d'Angleterre. A Noël 1840, Moon est offerte à la jeune Elizabeth Lytton - accompagnée d'un paquet de la mère de celle-ci - et devient sa suivante. Dès son arrivée, de nombreux événeme...