Moon & Elizabeth Lytton [CORRECTION EN COURS]

~Chapitre 20: Eleanore~

Lorsque, le 22 décembre, Eleanore avait été acceptée au sein de la Maison de santé Sainte Katharine, elle avait dû laisser derrière elle Moon, son amie et complice. Elle l'avait aperçue sur le bateau qui les menait jusqu'en Angleterre au moment de l'embarquement. La jeune irlandaise avait réussi à passer en douce et avait dormi dans le local des vivres à bord d'un des paquebots de la classe America. Le voyage avait duré quelques jours et la blonde avait rencontré Moon sur le pont.

Elles avaient tout de suite sympathisé et la plus jeune lui avait donc permis d'utiliser la cabine que son ex-maîtresse lui avait payé avant son départ. Dès leur arrivée sur le sol britannique, les deux nouvelles amies avaient décidé de faire un bout de chemin ensemble avant de chacune se rendre compte qu'elles n'avaient, ni l'une ni l'autre, un endroit où aller.

Tout était arrivé très vite, après avoir passé de nombreuses nuits dans la rue ou dans des refuges pour les personnes sans abri, elles avaient croisé le chemin de Jehanne qui les avait immédiatement aidées sans poser beaucoup de question et qui avait fini par emmener Moon avec elle jusqu'au manoir des Lytton pour qu'elle y travaille, laissant Eleanore à Sainte Katharine.

La jeune femme avait été placée dans la section des patients soupçonnés d'être atteints du typhus. Son état avait vite empiré et la fièvre s'était emparée d'elle. Le docteur Addison étudiait son cas et venait la voir régulièrement. Après plusieurs semaines il avait décidé de la séparer des autres malades, pensant qu'ils empiraient sa santé. En effet, plus d'une semaine après, son état s'était stabilisé.

***

Eleanore était redressée en position assise sur son lit d'hôpital. La veille, le docteur qui venait la voir presque chaque jour depuis son arrivée lui avait annoncé qu'elle n'aurait plus besoin de soins ici. En réalité, même si la jeune femme était soulagée d'être libérée de sa maladie, elle redoutait le moment où elle devrait quitter la maison de santé pour de nouveau se retrouver sans abri et sans travail.

Interrompant le cours de ses pensées, le docteur Addison entra dans la chambre, portant son habituelle blouse blanche qui commençait à virer au gris. Il semblait fatigué car des cernes avait creusé le dessous de ses yeux et son visage portait une barbe de quelques jours. Il s'approcha de sa patiente, son dossier à la main puis lui annonça :

« -Comme je vous l'ai dit hier, vous allez pouvoir rentrer chez vous. Nous avons effectué tous les soins nécessaires et il semble qu'ils aient porté leurs fruits.

-Je vois. Vous êtes sûr que je n'ai plus rien ?

-Parfaitement, assura-t-il en tournant les pages du dossier. Vous ne présentez plus aucun des symptômes que vous aviez en arrivant et vous semblez prête à reprendre le cours de votre vie.

-Voyez-vous, je ne voudrais pas risquer de rendre malade à leur tour des personnes de ; eh bien de mon entourage. Ne serait-il pas plus sûr que je reste encore un peu ?

-Mademoiselle Eleanore, de quoi avez-vous peur exactement ?

-Rien, je vous assure. Je ne crains que ce dont je viens de vous parler. Tenta-t-elle.

-Ecoutez, il marqua une pause et se passa la main sur le visage. J'ai beaucoup de travail et vous garder ici alors que vous êtes guérie ne ferait que me retarder et me distraire.

-Vous semblez fatigué docteur. Je peux peut-être rester dans votre établissement et vous être utile. »

Cette fois, le concerné ne répondit pas mais fixa à la place la jeune femme qui semblait si déterminée à rester dans cet hôpital qui, pourtant, n'avait rien de très attrayant. Elle avait cependant raison, le docteur était débordé ces derniers temps par de nombreux patients se présentant avec des symptômes différents que ceux de la plupart des personnes qui venait ici avec le typhus. Il finit par lui demander :