Ce n'est qu'en ayant la tête dans les nuages que l'on peut apprendre à viser la lune. Les pieds sur terre, on ne voit pas grand-chose. Voici mon théorème, celui que j'applique à toutes les secondes. Je suis en effet, la plus grande rêveuse de tous les temps, écrivain à mes heures perdues. C'est-à-dire H24. Du coup ce ne sont pas vraiment des heures perdues. J'écris pas mal de romances, bien que je n'aie jamais été en couple.
《Candace venait de passer son entretien d'embauche, tremblante et peu sûre d'elle. Comme si ce n'était déjà pas assez difficile comme ça, elle fut très attirée par l'homme en costume qui serait peut-être son futur patron. Elle crut un instant, qu'il la scrutait plus qu'il ne le devrait. Que lui aussi ressentait cette attraction. Peut-être même plus qu'elle.
‒ Votre nom ? lui avait-il demandé d'une voix posée et ambitieuse.
Elle avait frémi. Avant de répondre :
‒ Candace.
‒ Très bien, je pense que vous connaissez déjà mon nom, mais mon prénom c'est Mathieu. Appelez-moi comme ça.
Candace ne put s'empêcher de penser que ce privilège n'était pas réservé à tout le monde.》
Candace et Mathieu ce sont mes personnages. Je suis leur aventure depuis qu'ils ont commencé à m'accompagner dans mon quotidien. J'imagine, puis j'écris. Et même lorsque je n'écris pas, ils sont toujours là. Aujourd'hui je viens de poser le point final de leur histoire et j'avoue que ça me fait un pincement au cœur. Bien sûr ce n'est pas terminé. Il faut tout retravailler, enfin j'espère pas tout non plus. J'ai appelé Garance, une amie à moi, totalement passionnée de lecture. Elle m'a promis de lire mon premier jet et elle a promis d'être totalement sincère sur son jugement pour que ce soit le meilleur roman du monde. Enfin du monde constitué de nous deux.
Je ferme mon fichier Word, à la fois contente d'avoir fini, à la fois agacée de ne pas avoir vraiment fini. La sonnerie retentit, mes parents sont encore au travail à cette heure-ci de l'après-midi. Je m'en vais ouvrir. La silhouette gracieuse de mon amie m'apparaît, je l'embrasse et l'invite à entrer. Bien sûr elle est accompagnée de quelques romans calés sous son bras. Surement quelques titres à me faire découvrir. Ses cheveux blonds lui tombent dans le dos, et ses yeux pétillent déjà à l'idée d'échanger sur nos passions qu'est l'écriture pour moi et la lecture pour nous deux. Même si elle ne l'avoue qu'à moi. C'est triste mais disons que ses autres amis ne sont pas branchés littérature.
‒ Alors tu as fini ? me demande-t-elle.
‒ Oui à l'instant ! Mais je pense que quelque chose cloche.
Elle répond aussi tôt :
‒ C'est normal, sinon il n'y aurait pas d'intrigue !
Je n'ai pas envie de casser son enthousiasme mais je sais qu'il y aura beaucoup à corriger.
‒ Tu sais très bien de quoi je veux parler, ajoutai-je.
Elle roule des yeux.
‒ Allez donne-moi ton texte que je puisse me prononcer.
‒ En toute objectivité, poursuivais-je.
‒ Naturellement, je te l'ai promis.
Je souris puis lui apporte mon ordinateur sur lequel se trouve mes cent-trente-deux pages. Je ne pensais pas que cela me ferait cet effet mais mes mains sont sur le point de trembler, et mon cœur s'emballe comme s'il voulait fuguer de ma poitrine. Je suis sûre que c'est ce qu'il veut. Je stress comme quelqu'un qui vient de se faire voler son journal intime qui cache des secrets inavouables. Chacun pense que ce qui est honteux est inavouable. Ou s'est plutôt la honte qui empêche les mots de franchir les lèvres. Je me ressaisis en me disant que Garance n'a pas mon journal intime entre ses mains mais tout de même. C'est un peu comme si je me tenais toute nue devant elle. J'essaie de ne pas scruter son expression qui ne me semble ni bonne ni mauvaise. Je crois qu'elle vient de finir le chapitre un puisqu'elle relève la tête de l'écran.
‒ Est-ce que je dois te dire toute la vérité ?
Son ton est grave mais je réplique :
‒ Rien que la vérité.
Elle gonfle sa poitrine avant de retenir son souffle et de tout relâcher dans un soupire. J'ai envie de lui épargner le moment de me dire que je dois tout recommencer de zéro mais elle me devance.
‒ Ce n'est pas crédible. La romance entre Mathieu et Candace n'est pas crédible.
Tout à coup je me rends compte que je suis toujours debout mais j'ai besoin de m'installer sur le canapé, à côté d'elle, comme pour mieux entendre ce qu'elle va me révéler.
‒ Qu'est ce qui n'est pas crédible, demandai-je, déçue.
Elle me regarde, puis reprend :
‒ Mathieu, il ne me semble pas... Il est très efféminé je crois. Et puis la romance nait beaucoup trop rapidement.
J'écoute.
Elle a raison.
Je n'y connais rien.
Je me sens trahie par mes personnages.
Le film qui se déroulait dans ma tête n'était qu'une illusion.
Elle poursuit :
‒ J'ai le sentiment que c'est un peu vide, que les personnages manquent de naturel. C'est un peu cliché. Je suis désolée Louise, mais ce n'est que mon avis, essaie de le faire lire à quelqu'un d'autre, me dit-elle en posant sa main sur mon épaule.
‒ Non, je sais que tu as raison. Je ne connais rien à la romance. Je me disais qu'avec Mathieu et Candace j'apprendrais quelque chose. Qu'ils m'apprendraient quelque chose. Que Candace me montrerait à quel point c'est génial d'être avec un homme mais même elle n'est pas heureuse.
‒ Peut-être que Candace ne cherche pas à être avec un homme, me lance Garance.
Je ne sais pas où elle veut en venir mais je ne relève pas et soupire. Tout d'un coup je ne sais plus quoi faire de toutes ces pages, de tous ces mots et je me rends compte que pendant des mois ils ont sonné faux dans ma tête et je ne m'en rendais même pas compte.
Garance regarde l'écran, puis me regarde. Son visage s'illumine.
‒ J'ai une idée !
C'est la phrase qui redonne espoir quand il fait noir mais encore faut-il qu'elle soit bonne.
‒ Laquelle ? demandai-je.
‒ On va t'inscrire sur la nouvelle application de rencontre !
Non, non et non.
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OTHER GIRLS 1
Romance#1 en LGBT Qui sont ces autres filles ? On raconte qu'elles ne sont pas belles. Qu'aucun homme n'en veut. Qu'il serait dommage d'être comme elles. Comme si c'était un échec. Mais qui les connaît vraiment ? Qui prétend les reconnaître au premier rega...