Après le discours de Clara, le mouvement des passagers pour rejoindre la sortie forme une foule compact, et trop épaisse pour avancer avec fluidité.
Je perds Louise de vue, au milieu de tout ça. Une main saisit la mienne mais mon coeur rate un battement car je comprends que ce n'est pas celle de ma copine. Je n'ose pas lever la tête pour voir à qui elle appartient mais elle n'est pas assez délicate pour être celle d'une femme.
Le mouvement de foule me pousse à regarder où je met les pieds pour n'écraser personne ou pour ne pas trébucher. Je tourne mon poignet de gauche à droite dans un mouvement de recul mais je n'arrive pas à me dégager de son étreinte. Je commence à stresser. Pourquoi est-ce qu'il ne me lâche pas ?
Je me faufile malgré moi à travers les passagers, je ne suis pas du genre à passer devant tout le monde mais la main me tire de plus en plus. Je ne vois pas grand chose au milieu de toutes ces têtes. Je distingue tout de même que nous sommes à l'embrasser de la porte pour gagner la sortie et qu'il n'y a pas que des passagers de GRAVIRATION autour de moi car nous sommes beaucoup plus qu'une vingtaine.
Ce doit être le succès de l'application qui attire les foules. Je savais qu'il était dur de trouver quelqu'un n'ayant pas téléchargé GRAVITATION sur son téléphone mais je ne pensais pas que ça déplacerait les gens comme si nous étions des stars. Je suis bousculée dans tous les sens et je tente de me dégager de cette main mais je n'y parviens pas. J'ai envie de crier mais rien ne sort, le brouhaha étouffe mes plaintes avant même que je ne les prononce.
Dans la panique je cherche des yeux un visage familier mais rien. Pas de Louise, pas de Clara, de Garance, de Logan, de Christian...
Comment n'ont-ils pas anticipé ce succès ?
Le courant est trop fort pour aller à l'encontre, je plisse instinctivement les yeux lorsque l'air frais entre en contact avec ma peau. Le soleil m'eblouie. Je bifurque sur ma droite sans comprendre, tirée par quelqu'un.
Je me sens impuissante, toute petite. Lorsque j'ouvre correctement les paupières je suis dans une ruelle, juste derrière l'hôtel. Il n'y a que des murs de pierres autour de moi et j'entends encore les jacassements de la foule.
Un homme se tient face à moi, c'est le propriétaire de la main qui m'a tiré jusqu'ici. C'est Mathieu, il a les poings serrés, les épaules remontées, le visage inexpressif. Je n'ai le temps de remarquer que son regard vide, avant de recevoir un coup dans la joue.
‒ Salopard, je crie en passant mes doigts sur mes lèvres ensanglantées.
Je reprend mon souffle et me met à courir mais il m'attrape le poignet avant de m'assener un second coup sur l'autre joue.
Je tombe, et je sens mes yeux se fermer sous le poids de la douleur. Comment tenir debout à présent ? J'ai juste le temps de voir qu'il n'est plus là avant de me laisser tomber complètement. Je ne vois plus que du noir. Je n'ai plus la force de distinguer la moindre couleur. De toutes façons le monde en est dépourvu. Je vois donc la réalité, je viens de me la prendre en pleine face. Et ça fait mal.
Je ne peux pas rester là, pourtant je ne vois plus rien. Je ne sais pas si c'est du sang ou des larmes qui coule jusqu'à mon cou. Sûrement un mélange des deux. Je ne veux même pas savoir.
La main sur la mâchoire, je me relève douloureusement. Il m'a mise à terre ce con. Je puise le peu de force mental et physique qu'il me reste pour rejoindre le monde, hors de cette ruelle. J'ironise en me disant que si des journalistes sont sur place je vais voler la vedette en première page à GRAVITATION. Je vais faire couler de l'encre pour la rubrique "scandale". Je rejoins le mouvement des passagers.
Heureusement Louise me voit. C'était inespéré et je crois que si je n'avais pas croisé son regard je me serais laisser tomber là. Son expression change en me voyant. Elle m'arrache un sourire, qui lui fait sans doute plus peur qu'autre chose avec le sang qui dégouline.
Elle se précipite sur moi et tout ce que je sais c'est qu'après je me laisse tomber dans ses bras. J'ai mal. Je sens qu'elle s'assoit pour tenir le coup, avec moi entre ses bras. J'entends qu'elle appelle au secours. Puis j'entends aussi les voix de Clara, Logan, Garance, et je ne sais pas si j'hallucine mais il y a aussi la sirène des ambulances.
Des "reculez s'il vous plait !", "ce n'est pas un spectacle", "Oh mon Dieu, qu'est ce qui lui est arrivée ?", "Elle fait partie des passagers de GRAVITATION?"...
Puis de nouveau plus rien, à part une douleur qui me martèle les tempes. Des pas, des voix, Louise, Louise et encore Louise.
Plus rien.
Du noir.
De la douleur.
Si ma vie est une série, je crois qu'on peut lancer le générique maintenant. Mais ce n'est pas le cas et mon générique se transforme en un trajet en ambulance, enfin je crois... Je n'ai pas la force d'ouvrir les yeux. Je me rassure seulement avec le contact de la peau de Louise. Je m'aggripe à elle comme une enfant perdue. Comme si je jouais au parc et qu'un enfant venait de voler mon jouet. Mais là on joue dans la cours des grands, et les grands méchants sont parfois les enfants violents des parcs de jeu.
Ok, que les gens pensent que hétérosexualité est une norme mais au moins éduquez correctement vos enfants, ou alors protégez-vous avant de faire quoi que ce soit. La violence ne se justifie pas et l'amour n'a pas besoin de permission.
Là, est-ce qu'on peut vraiment lancer la pub ou le générique ? Parce que je n'arrive pas à choisir entre perdre connaissance ou philosopher... Je suis un peu fatiguée.
Avis ?:)
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OTHER GIRLS 1
Romance#1 en LGBT Qui sont ces autres filles ? On raconte qu'elles ne sont pas belles. Qu'aucun homme n'en veut. Qu'il serait dommage d'être comme elles. Comme si c'était un échec. Mais qui les connaît vraiment ? Qui prétend les reconnaître au premier rega...