Le calcul est vite fait. Même quand on a un niveau exécrable en maths. Le problème étant celui-ci : Laurène, Garance, Vivian et Louise sont un groupe d'ami venant tout juste d'arriver dans un hôtel. Cependant ils sont quatre et il ne reste plus que deux chambres de disponibles. (Et c'est là que l'information importante à surligner apparaît). Sachant que Vivian ne connaît bien que Garance, et que celle-ci connaît bien Vivian et Louise. Mais que Louise connait bien Garance et Laurène et que celle-ci ne connaît que Louise... Comment faut-il former les duos ?
Et c'est le seul problème de maths que je n'ai pas envie de réussir et pourtant c'est le seul où la réponse me saute aux yeux. Je tente quelque chose :
Je pense qu'il est mauvais de remuer le passé ! commençai-je. Deux ex dans un même lit ça ne fait pas bon ménage ! Je dis ça pour vous... Je n'ai pas envie qu'il y ait des histoires.
Garance gomme ma réflexion d'un geste de la main : comme si je l'avais prononcé au crayon à papier.
‒ Pas du tout ! objecte, ma meilleure amie. Ne t'en fais pas pour nous : on est assez grands pour ne pas entre-tuer et puis... On est restés amis, finit-elle en jetant un clin d'œil au fleuriste.
‒ Absolument, répond-il, enjoué.
Ça y'est, ils sont de nouveau envoûtés. Ils vont encore trop s'aimer, puis se quitter. Mais peu importe, ce que je retiens pour le moment c'est la trahison de Garance. Elle ne se demande même pas si ça ne me dérange pas de dormir dans la même chambre qu'une inconnue que je ne connais que depuis ce matin. Celle-ci s'impatiente et fait déjà le tour de la première chambre du couloir : Laurène a marqué son territoire.
Je fixe ma meilleure amie et son copain, vaincue, mais je lève le menton comme pour leur dire de disposer. Ils ne se font pas prier. Il n'aurait pas pu rester arroser ses fleurs celui-là ? Il me vole ma meilleure amie quand j'en ai le plus besoin et elle ne dit rien. Tout à coup je me rends compte que tout mon corps est crispé. Je rentre dans la première chambre et claque la porte derrière moi. Laurène est dans la salle de bain et j'en profite pour me jeter sur le lit afin de reprendre mes esprits. Ce n'est qu'une nuit. Demain matin nous repartirons et tout reprendra son court. Certes, le plan de Garance à été retardé mais ce n'est que reporté à demain.
Cette idée me donne de la force pour affronter la fin de cette journée mouvementée. C'est comme si je m'égarais sur une nouvelle histoire. Soudain la porte de la salle de bain s'ouvre, m'offrant une nouvelle Laurène qui a quitté son cuir et ses talons pour revêtir un peignoir. Ce n'est qu'une impression mais elle semple avoir délaissé sa carapace en ôtant ses habits. Plus vulnérable, plus vraie, et toujours aussi élégante. L'eau dégouline de ses cheveux bruns qui persistent à onduler malgré la douche. Je détourne le regard, comme dans le vestiaire des filles : ne jamais trop fixer les autres, même par mégarde. Ça pourrait être mal interprété.
Je me force à me lever pour aller refaire peau neuve à mon tour. Gardant tout de même son image encrée aux fonds de mes pensées. Nous sommes, vraiment bien logés. Sur ce point, il n'y a rien à redire. GRAVITATION fait de son mieux pour nous livrer la meilleure qualité. Et cet incident est aux frais de l'application. Heureusement, car vu le design moderne et soignée de la chambre, et ce grand lit double trônant au milieu, parsemé de coussins en fourrures violet (pour ne pas changer). Je n'aurais pas pu payer les frais, j'aurais passé la nuit toute seule dehors, ou dans la fusée abandonnée : flippant. Même si je ne suis pas avec ma meilleure amie je préfère de loin être ici, bien au chaud, avec Laurène. La salle de bains n'est pas moins bien agencée avec son grand miroir au-dessus du lavabo et sa douche à l'italienne qui semble avoir été installée la veille tellement l'état est irréprochable. Sérieux, il a combien d'étoiles cet hôtel ? Après ce sera quoi ? Petit déjeuner au lit ? La couleur dominante est le blanc mais quelques touches de mauve ré haussent le tout. Cette couleur... je vais finir par croire que c'est un complot, que nous devions tous atterrir ici depuis le début.
La silhouette de Laurène apparaît, sans prévenir, dans le miroir. Je fais un bon.
‒ Excuse-moi, je ne voulais pas te faire peur.
Je reste figée. Parce que oui elle me fait peur : car je la trouve belle. Je ne dis rien. Je ne m'aperçois même pas que mon silence finit par la rendre mal à l'aise et qu'elle baisse les yeux comme si elle avait peur de les poser sur moi. Ce n'est pas du tout ce que je voulais provoquer. Aie, la cohabitation va être plus compliquée que prévue. D'ailleurs elle n'était pas prévue. Je n'ai pas signé pour ça : je ne suis pas préparée à ça.
Est-ce que je dois l'être ou est-ce que je dois agir sans penser. Sans malaise ni tabou ? Étrangement, je ne ressens aucune gêne, alors que je ne la connais pas. Même lorsque mon regard se pose sur la culotte en dentelle rouge, étalée sur le sol à quelques centimètres de mes pieds et que je comprends que c'est ce qu'elle venait chercher.
Mon mutisme s'arrête et je veux chasser ce malaise qui s'est installé dans ses pensées. Pas de ça avec moi. J'attrape alors le bout de tissus, plutôt bien taillé soit dit en passant, et le lui tend avec une assurance voulue. Je n'allais tout de même pas la laisser sans culotte tout le temps de ma douche. Et puis c'est une culotte, ce n'est pas un tabou. Et ce n'est pas comme si j'étais nue pourtant ses yeux continuent de se poser partout où je ne suis pas.
Je me sens vraiment coupable de la situation : elle n'a pas à se sentir comme ça sous prétexte qu'elle est lesbienne. Je sais très bien qu'elle ne va pas me sauter dessus. Mais visiblement elle a déjà eu à faire à ce genre de situations. Mais je ne suis pas les autres : j'aimerais le lui dire mais je me tais et me hisse dans la douche alors qu'elle n'est déjà plus en face de moi depuis quelques secondes.
Je laisse l'eau couler le long de mon corps. Lorsque je sors, je me place face au miroir : est ce que je suis aussi élégante qu'elle ? Mes cheveux blonds n'ont plus de volume lorsqu'ils sont trempés, mais les ondulations réapparaîtront après le séchage. Cependant j'avais complètement oublié mon liner qui vient manifester sa présence par des traces sur mes joues. Je les efface et me demande si Laurène, elle, me trouve belle. Oui, j'ai ce besoin de me sentir désirée : même si je n'aime pas les filles.
Lorsque je sors, en peignoir (l'hôtel en à prévu deux), je retrouve le premier étalé sur le lit, mais pas de Laurène. Où est-elle ?
Que pensez-vous de ce chapitre ?
Merci de continuer à suivre les aventures de Louise et Laurène, ça fait trop plaisir !
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OTHER GIRLS 1
Romance#1 en LGBT Qui sont ces autres filles ? On raconte qu'elles ne sont pas belles. Qu'aucun homme n'en veut. Qu'il serait dommage d'être comme elles. Comme si c'était un échec. Mais qui les connaît vraiment ? Qui prétend les reconnaître au premier rega...