Louise-026

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Après notre rude bataille de coussins, nous nous sommes allongées et je me suis endormie d'une traite. Il est six heure du matin et je pense à mon manuscrit. Je pense sérieusement qu'il faut que je fiche la paix à Candace, que je la laisse vivre de son côté et moi du mien.

J'ai la tête enfoncée dans mon oreiller, et mon côté droit à moitié en dehors du lit. La couverture est sans dessus, dessous. La fraîcheur d'un matin d'été se glisse dans la chambre. Je pense que Laurène à ouvert la fenêtre dans la nuit. Contrairement à ce que je lui ai dit, ça ne me dérange pas que la personne avec qui je partage mon lit se lève dans la nuit. Tout simplement parce que je n'ai jamais partagé mon lit. Même avec Garance, on fait beaucoup trop de nuits blanches pour savoir.

Laurène dort encore comme une princesse, je n'en avais jamais vu auparavant mais j'en ai une juste devant moi. Je prends alors le temps de poser mon regard sur elle, fascinée.

Elle doit sentir le poids de mon regard sur elle puisqu'elle ouvre ses yeux, encore mis-clos. Ses cheveux bruns bouclés sont légèrement ébouriffés.

‒ Bonjour.
Sa voix est plus grave sans échauffement.

‒ Bonjour, je réponds.

Le rouge me brûle les joues, est-ce qu'elle a comprit que je l'observais ? Je pourrais lui dire que j'écris un nouveau roman sur des lesbiennes et qu'il faut que j'étudie un de ces spécimens de plus prêt ce qui justifierait la situation. Mais je préfère me taire.

‒ Qu'est-ce que tu fais, elle demande doucement.

Je me retiens vraiment de sortir la première excuse qui me passe par la tête. Quelqu'un frappe à la porte. Je vais ouvrir pendant que Laurène s'enroule dans la couverture si bien qu'on ne distingue plus qu'une forme gracieuse sous le tissus blanc.

‒ Bonjour ! Lance Clara.
Celle-ci porte un costume tailleur avec pantalon fluide. Le tout est mauve. Et une rose toute fraîche trône dans sa poche. Elle me nargue. Comme si elle allait retenter sa chance de l'offrir à ma nouvelle amie. Mais je n'ai pas envie de la partager. Y'a qu'à voir le résultat avec Garance.

‒ Je vous ramène une garde-robe, poursuit Clara.

En effet, elle tire un portant plein de nouveaux habits. Je crois qu'ils mettent la barre haute pour nous faire oublier le petit incident de parcours. On est traités comme de véritables vedettes. Je ne vais pas dire non. Bon, en même temps ils ne vont pas nous laisser avec des habits sales. C'est mieux comme ça pour tout le monde.

Je la remercie simplement en tirant le dressing itinérant à l'intérieur de la chambre. Celle-ci continue sa tournée de dressing dans les autres chambres et je referme la porte derrière moi.

Laurène sort de sa cachette de fortune et scrute les habits. On a les yeux qui pétillent devant tous ces essayages à faire. Visiblement chaque personne à eu droit à sa sélection personnel. L'équipe de GRAVITATION doit être composé aussi de stylistes. Ils doivent cerner nos univers grave à nos profils sur l'application et je pense qu'il y a une taupe parmi le personnel qui s'occupe de nous. Du moins ceux que nous voyons.

Laurène n'a pas l'air d'avoir envie de s'habiller. Et moi aussi j'aimerais retourner dormir. Mais ce n'est qu'une journée à passer après tout rentrera dans l'ordre. Mes parents croient toujours que je suis chez Garance, chose qui arrive tout le temps, donc ils ne s'inquiètent pas.

‒ Tu ne veux pas essayer ? Je demande.

‒ Je fais grève, elle répond.

‒ Grève d'habits ou grève de coaching ? Je dis, en souriant.

Elle me regarde.

‒ Les deux. Je démissionne.

‒ Déjà ? Je ris. Nous n'avons même pas commencé ! Et c'est un contrat à durée déterminée d'un jour : ça devrait aller. 

Elle sourit à son tour.

‒ J'ai le droit de démissionner, elle se plaint. D'accord ? Tu t'en sortiras très bien sans moi !

Je n'ai pas dit mon dernier mot.

‒ Mais je suis stagiaire ! Je suis obligée d'être accompagnée par une pro ! J'insiste.

‒ Qui a dit que tu étais stagiaire ? Demande-t-elle en s'indigniant.

‒ Moi.

Elle me fixe mais je ne me laisse pas déstabiliser.

‒ Et en quel honneur ? Elle demande.

‒ C'est simple ! Imagine qu'une lesbienne vient me demander des conseils, je fais comment ?

Elle rit et me lance un coussin sur la tête que je lui rend aussitôt.

‒ Et ben tu fais ce que tu sais faire de mieux, elle réplique. Tu lui dit que tu n'es pas lesbienne.

Cette fois c'est moi qui m'indigne et fait la moue, avec toujours le dressing sous le coude.

‒ C'est pas bien de rembarrer les clients, j'ajoute.

‒ C'est pas de ta faute si tu n'as pas les qualifications requises ! Elle me nargue.

‒ Qu'est ce que tu en sais ! Je m'énerve pour de faux.

‒ Bah prouve le moi !

‒ Comment ?

‒ Embrasse-moi !

Ok j'aime bien les défis mais celui-ci n'est pas pour moi.

‒ Ok je ne suis pas qualifiée, j'ai aucune expérience dans mon CV c'est pour ça que j'ai besoin de toi ! Je lance.

Elle me regarde dans les yeux.

‒ Ne crois pas que je vais me taper tout le boulot, réplique t-elle. T'as peut-être pas les qualifications homos mais il reste les hétéros.

Je rougis et reste muette. Je repense à Candace, même elle n'a rien dans son CV que ce soit hétéro ou homo. Par ce que Mathieu on peut pas le citer vu la crédibilité du personnage. Je change de sujet.

‒ Je ne sais pas quelle tenue choisir.

‒ Il faut qu'on soit assortie puisqu'on travaille ensemble, elle répond.

Je suis d'accord.

J'opte pour une chemise noire avec un col Claudine et un short de la même couleur. Classe et sexy. Pour mes cheveux je vais les laisser détachés. Laurène choisit une robe de la même matière que ma chemise, très marquée à la taille et blanche. En fait on est pas tellement assorties, on est plus comme le ying et le yang pour le coup mais le rendu est plutôt joli.

Elle prend la robe et part l'enfiler dans la salle de bains.

‒ Louise ! Je n'arrive pas à remonter la fermeture...

Mon cœur s'emballe. Et mes mains deviennent moites. Pourtant j'ouvre la salle de bains et tombe nez à nez avec son reflet dans le miroir. Elle tient ses cheveux relevés pour que je puisse attacher sa robe dont je remarque tout juste le décolleté échancré qui lui va si bien.

Je remonte machinalement la fermeture et deglutis parce que je ne sais pas comment réagir alors que j'ai juste à quitter la pièce.

‒ Les filles ? La voix de Clara retentit. Je vous attends en bas !

C'est déjà huit heure ? Je m'en veux encore plus de nous avoir embarquées dans cette mission, sans ça nous aurions pu rester toutes les deux à rien faire. Comme tout le monde. Mais c'est l'heure de la formation de coaching sentimental. Et je ne suis pas du tout prête !

Avis ?:)

OTHER GIRLS 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant