‒ Il n'y a pas de débat à faire là-dessus, m'énervai-je malgré moi.
Je crois que j'ai crié...
Je captive la totalité de la salle en une fraction de seconde, les poings serrés. Même Laurène tente de saisir ma main pour me calmer, mais j'en ai marre de ce monde d'hypocrites qui font semblants que tout va bien. Je ne veux pas être comme ça et pourtant c'est ce que je fais en niant qui je suis vraiment.
Je me lève, droite face au cercle de passagers, et respire un bon coup. J'aperçois Mathieu dans le fond, je ne l'avais pas remarqué jusque-là, je ne me laisse pas déstabiliser.
‒ Pourquoi est-ce qu''il faut toujours que l'on dénigre ce qui est bien ? Si vous voulez cracher sur les gens, allez cracher sur les violeurs et les criminels ! Pas ceux qui ne font que s'aimer ! Ce qu'il y a dans votre culotte ne vous satisfait pas pour que vous alliez commenter ce qu'il se passe dans celle des autres ?
J'ai le droit à quelques applaudissements, d'autres ne réagissent pas et je me tourne vers Laurène qui observe la scène avec méfiance, prête à bondir pour me protéger.
Notre DJ, lève le bras comme si je venais de mixer une musique avec un rythme incroyable alors que j'ai juste la voix qui tremble. Garance fait parti de ceux qui applaudissent, Vivian est interloqué. Le courage repart aussi vite qu'il est apparu et je me rassois comme si je n'étais jamais intervenue. Heureusement, j'ai des regards de soutiens et Laurène pose sa main sur mon épaule ce qui a le pouvoir de m'apaiser. Pour détendre l'atmosphère, Fidèle envoie une musique populaire, et le dialogue revient peu à peu.
Garance se détache de Vivian pour venir s'agenouiller discrètement face à moi pendant que les autres parlent. Elle soupire avant de baisser les yeux.
‒ Je suis désolée de ne pas avoir été plus présente pour toi, tu peux tout me dire tu sais ? souffle-t-elle.
Je crois que c'est un peu tard pour lui faire part de mes doutes sur mon orientation sexuelle maintenant que je sais qui je suis. Elle n'a pas été là quand je me posais toutes ces questions, et là je n'ai pas envie de parler. De toutes façons ça m'a fait du bien de me faire face.
‒ Je n'ai rien à dire, je réponds simplement.
‒ D'accord, elle dit, déçue.
Elle retourne s'assoir près de son copain.
‒ Mais tu ne crois pas que t'es lesbienne parce que t'as dû avoir des conflits avec des hommes dans ta vie ? Du coup t'essaye de les provoquer, commente Vivian à l'intention de Laurène.
‒ Faut arrêter de croire que vous êtes le centre du monde sérieux, réplique ma copine en tentant de rester calme. Mon orientation sexuelle n'a rien à voir avec mes rencontres ! C'est ridicule ! Renseigne-toi avant de parler. Sinon cherche sur internet, comme je l'ai dit à plusieurs reprises : je ne travaille pas gratuitement et là c'est un cours complet qu'il vous faut.
Face au silence, je rebondis sur ce qu'elle vient de dire :
‒ Ce n'est pas de leur faute Laurène, je dis. T'as déjà vu un couple gay dans un manuel scolaire ou dans un conte pour enfant ? Nous n'avons pas été éduqués au respect de tous. Ils ont du mal à concevoir qu'un modèle différent du leur puisse être normal, ou tout autant légitime.
Elle me sourit et je meurs d'envie de l'embrasser.
‒ T'as raison, souffle-t-elle.
J'ai la chair de poule.
Bien sûr les passagers ne pensent pas à mal en propageant des clichés à travers la chambre, cependant ils pensent mal. Et c'est dérangeant.
‒ Moi je suis d'accord avec vous les filles, s'écrie la jolie rousse.
Laurène lui fait un clin d'œil ce qui me procure un petit pincement. Je ne sais pas encore si je vais laisser passer ou si je lui demanderais des justifications une fois seules. Il me semble que les filles aux cheveux de flammes lui font de l'effet. Je n'ai pas oublié son petit flirt avec Clara.
‒ Je peux vous demander un conseil ? reprend celle-ci.
Je ne la sens pas.
‒ Je ne travaille pas gratuitement.
Inutile de dire qui a répondu.
‒ Qui a dit que je ne paierai pas ? réplique la rousse, déterminée et séductrice.
Laurène rit et demande :
‒ Comment tu t'appelles ?
‒ Lise, répond la concernée.
Est-ce qu'elle est en train de draguer ma copine en se dandinant sur son coussin ?
‒ Eh bien Lise, que veux-tu savoir ? demande Laurène, amusée.
A quoi elle joue ?
‒ Comment fait-on pour embrasser une fille ?
Sa question me prend de court. Tais-toi Louise. Tais-toi. Oups... je met mon bras devant Laurène avant de dire :
‒ Laisse, je m'en occupe, tu as déjà beaucoup travaillé aujourd'hui.
Elle me regarde avec des yeux ronds. Trop tard, je suis lancée.
‒ Lise, c'est ça ? je fais mine de ne pas l'avoir écouté.
Elle hoche la tête, un peu surprise de mon intervention.
‒ Pour embrasser une fille, c'est simple... tu... la
Je m'interromps pour prendre le visage de Laurène entre mes mains.
Mon cœur va me lâcher mais je veux finir en beauté.
Sans qu'elle n'ai le temps de se dégager, je pose mes lèvres sur les siennes et l'embrasse tendrement, elle se laisse faire et saisit ma taille pour que je comble le vide entre nous.
Des cris résonnent aux quatre coins de la chambre ainsi que applaudissements. Le DJ envoie perfect de Ed Sheeran et c'est véritablement parfait. La lumière artificielle éclaire faiblement la pièce, et la lune émet une magnifique lueur blanche par la fenêtre. Ma meilleure amie se jette sur nous et crie :
‒ C'est moi la demoiselle d'honneur !
Tout le monde rit. Je ne remarque pas ceux qui sont réticents.
‒ Que ceux qui s'opposent à l'amour se taisent à jamais, murmure Jade, mais tout le monde l'entend et une nouvelle vague d'enthousiasme se crée.
C'est ainsi que j'embrasse ma copine pendant que tout le monde se croit à un mariage. Je me dégage de son étreinte :
‒ Ai-je été assez claire dans ma démonstration ? je dis à l'intention de Lise.
‒ Oui très claire !
‒ Cependant ce n'était qu'une démonstration, j'ajoute, si je vous ai convaincu c'est que je suis une bonne coach, j'ajoute.
Des éclats de rires retentissent.
‒ Là t'es un peu moins crédible Louise, commente Fidèle.
Je rougis.
Avis ? :)
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OTHER GIRLS 1
Romance#1 en LGBT Qui sont ces autres filles ? On raconte qu'elles ne sont pas belles. Qu'aucun homme n'en veut. Qu'il serait dommage d'être comme elles. Comme si c'était un échec. Mais qui les connaît vraiment ? Qui prétend les reconnaître au premier rega...