Laurène me suit jusqu'en bas en faisant attention de ne pas trébucher avec ses escarpins offerts par la maison. Pour ma part j'ai choisi des baskets blanches. Ses escarpins sont noirs. Autant accorder les couleurs jusqu'au bout. Les autres dorment encore ou se préparent dans leurs chambres.
Clara nous accueille bras ouverts en bas de l'escalier et nous conduit dans une pièce qui ressemble à un énorme placard. C'est sans doutes l'arrière du décor de l'hôtel.
‒ Aidez-moi à déplacer ces cartons dans le hall, s'il vous plait. Je vais vous expliquer ce que vous devrez faire ensuite.
En quel honneur ? Je suis pas venue faire le ménage, puis je me rappelle que c'est moi qui ait accepté cette mission alors je ne dis rien. Laurène s'y met aussi, avec détachement, comme si elle n'était même pas en train de faire un effort. Elle n'est pas habillée pour ça mais ne se plaint pas. Toutes les trois nous vidons la "cave" de ses cartons, gardant notre salive pour la suite.
Les bras nus de Laurène se dessinent gracieusement lorsqu'elle porte les cartons, elle est justement en train de poser le dernier sur le sol vernis.
‒ Merci les filles ! Murmure Clara. Promis le reste du travail est beaucoup plus intéressant que ça.
C'est pas difficile de faire mieux.
‒ Il ne reste plus qu'à déballer et à monter le décor. L'hôtel à gentiment autorisé GRAVITATION à s'approprier les lieux pour une durée limitée.
‒ Quel décor ? Interroge Laurène.
‒ Rien de fou, juste quelques stands pour les différentes activités. Il y aura l'endroit où vous aller accueillir les clients. Et une cabine d'essayage pour l'atelier relooking dont vous allez avoir besoin. Mais pour le moment il faut monter tout ça, dit Clara en claquant dans ses mains comme pour se motiver.
Christian et Logan viennent nous prêter main forte, tellement bien qu'on les laisse finir le travaille l'air de rien.
Au bout d'une heure le hall est transformé en un salon destiné à accueillir des futurs amoureux. Il y a une cabine d'essayage construite à l'aide de quelques barres de fer et des épais rideaux mauves font office de murs. Quatre exactement, parce qu'une cabine c'est carré. (Quand je dis que j'ai un niveau de base en maths).
Deux beaux fauteuils ont été placés l'un à côté de l'autre pour Laurène et moi, devant eux une table, et deux chaises de l'autre côté pour les "clients". Le tout est encadré d'un carton avec écrit "coaching sentimental" en lettres violettes.
Je commence à comprendre le poids des cartons.
‒ Venez, les filles, je vais vous former, annonce Clara en nous invitant à nous assoir sur les fauteuils tout juste installés pour l'occasion.
Sauf qu'il y en a deux, de fauteuils. Alors je prends une des chaises qui se trouve en face d'elles. Une table nous séparent. Dessus, des flyers qui décrivent les fonctions du coach sentimental, sont mis en évidence et chacun peut se servir. Pour faire plus simple c'est de la pub.
‒ Je vais vous enseigner les bases, simplement pour animer cette activité.
‒ Je suis prête, je dis.
Laurène hoche la tête, un peu indifférente comme une élève assise au fond de la classe, à côté du radiateur. La fille qu'on n'ose pas toujours aborder parce qu'elle semble très sûre d'elle et aimée de tous. Pourtant cette nuit j'ai dormi avec elle. Et elle est mon amie. C'est comme si je jouais un peu dans la cours des grands. Quant à moi je m'efforce d'être attentive au cours de Clara. Je l'ai cherché. Ne pas écouter serait vraiment malvenu de ma part. Oui, je fais partie des bonnes élèves, même quand je n'en ai pas envie.
‒ Première chose : j'ai beaucoup de travail mais je serais dans les parages si vous avez besoin d'aide. Si ce n'est pas moi ce sera Christian ou Logan, d'accord ?
Elle fait attention à capter notre attention. Elle poursuit :
‒ Un coach en séduction c'est quelqu'un qui aide des personnes à en séduire d'autres. Jusque là ça va ?Laurène acquiesce mais juste pour que Clara continue et qu'on en finisse. Je dois avouer que pour l'instant je ne me fais pas trop de soucis quant à la difficulté du cours. Et j'ai l'impression que Laurène préférait porter les cartons que d'écouter. Moi je préfère quand même être assise.
‒ Les fonctions du coach sont les suivantes, aider la personne à reprendre confiance en elle et pour cela il faut s'adapter à chacun. Vous pourrez mettre en place, ici même, des exercices de langage corporelle, nous informe Clara.
Elle marque une pause pour faire sa démonstration. Elle recule à l'arrière de son fauteuil pour qu'on distingue mieux ses gestes.
‒ Je vais vous en montrer quelques uns, je vous rappelle que nous parlons exclusivement de séduction.
Elle enroule une mèche de des cheveux de feu autour de son index.
‒ Les femmes font souvent ce geste lorsque la personne en face leur plait.
Laurène et moi nous nous regardons, mitigées. Je ne sais pas si c'est bon à savoir ou si c'est ridicule. J'ai envie de rire mais je me retiens en baissant les yeux sur mes chaussures.
Clara me remarque.
‒ Est-ce que ça va ? Elle me demande.
Le rire me chatouille de plus en plus la gorge. Je continue à fixer mes baskets. Laurène vient à mon secours en affirmant qu'elle est persuadée avoir vu plusieurs de ses conquêtes tortiller leur mèches.
Clara rit et m'oublie. Pour le coup ça ne me dérange pas. Je me reprends et place mes mains sur la table pour montrer mon investissement. C'est mon côté bonne élève qui ressort. Un faux pas mais pas deux.
Clara continu à nous mimer tout un tas de gestes qui constituent le langage corporel de la séduction et je finis par m'y intéresser car je sais que ça va bientôt être à moi de jouer.
‒ Bon très bien les filles, puisque vous avez tout retenu, est-ce que vous pouvez me jouer une scène de séduction s'il vous plait ?
Le ton de Clara est sérieux, même si j'espère déceler une once de blague jusqu'à la dernière seconde. Je me décompose.
‒ C'est qui qui joue la séductrice ? Je demande d'une petite voix.
Je ne me sens pas bien du tout. Mon cœur s'emballe et mes mains deviennent moites. Je crois que j'aurais pu jouer toutes les scènes mais pas celle-là. Je ne sais pas pourquoi et pourtant je ne trouve aucune issue possible, pas de sortie de secours. Mon regard atteri douloureusement dans celui de Laurène.
Avis ?:)
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OTHER GIRLS 1
Romance#1 en LGBT Qui sont ces autres filles ? On raconte qu'elles ne sont pas belles. Qu'aucun homme n'en veut. Qu'il serait dommage d'être comme elles. Comme si c'était un échec. Mais qui les connaît vraiment ? Qui prétend les reconnaître au premier rega...