Laurène-034

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PDV Laurène


Tout va pouvoir reprendre son cours demain soir. J'aurais juste à reprendre ma place dans la fusée et à attendre de retrouver @vingt-cinq-ans. Louise disparaît dans la foule. Je la perds de vue mais je me concentre sur Clara.

‒Comment est-ce que nous allons pouvoir retrouver nos compatibilités ? On devait le faire hier et je doute fort qu'ils nous attendent encore aux points de rencontre, je lui demande avant qu'elle ne s'échappe.

‒ GRAVITATION s'occupe de tout, elle affirme. Nous avons envoyé un message à tous les concernés pour leur dire que nous allons les contacter pour fixer de nouvelles dates et nous nous sommes excusés de ce désagrément...

Je hoche la tête.

‒ GRAVITATION s'occupe de tout mais pas d'embaucher de vrais coachs ?

Je ne regrette pas ce que je viens d'avancer. Au contraire, je me sens plus légère.

‒ Nous vous avons proposé cet atelier pour que vous puissiez apprendre à tous vous connaître, mais si ça vous ennuie, nous pouvons l'annuler et engager des professionnels, elle réplique.

Sa capacité à rester pro en toutes circonstances me fascine. Pas un mot plus haut que l'autre, toujours arrangeante. Elle était beaucoup moins raide lorsque nous flirtions, pas plus tard qu'hier soir. Je pèse le pour et le contre en étudiant tous les arguments qui me viennent en tête. Un élément vient perturber ma réflexion. Cette fois il n'y a plus de doutes possibles, elle saisit la rose qui sommeille dans sa poche (qu'elle a dû renouveler ce matin parce qu'elle serait défraîchie dans le cas contraire), je vois la fleur sortir de sa cachette. Dangereusement. Sans prévenir. Ce n'est pas moi qui à les doigts enroulés autour de la tige pourtant je ressens les épines se planter au fond de ma poitrine. Est-ce que... Non. Si. Non. Elle le fait. Elle me tend sa proposition. Je n'arrive pas à lever le bras pour la saisir, c'est au-dessus de mes forces.

Tout se bouscule encore une fois. Le problème se complique. De nouveaux éléments s'ajoutent.

Clara m'aime bien. Cette donnée met du temps à me parvenir. C'est à moi qu'elle offre sa rose. Et Louise ? Et @vingt-cinq-ans ? Je ne voulais sortir qu'avec des lesbiennes ou bi qui s'assument, plus d'hétéro. En voilà une qui s'approche trop près de moi et je m'apprête à la repousser. Pourtant elle me plaisait pas mal aussi. Ses cheveux de feu, ses yeux de braise. Et le contraste entre son professionnalisme et son intérêt pout moi. Elle est belle, je ne peux pas le nier. Séduisante, aussi. J'attrape la fleur en me piquant les doigts.

Louise.

Ce prénom résonne en moi.

Mais Louise est une mademoiselle-pas-lesbienne de plus.

Mais elle n'est pas comme les autres.

Comment le saurais-je.

Je ne la connais même pas.

Rien ne me rattache à elle.

C'est totalement vrai si je parle avec ma raison, cela dit.

Mais ma raison à tort.

Les yeux de Clara ne se détachent plus des miens.

‒ Je suis désolée, je ne peux pas accepter, j'articule douloureusement.

‒ Moi aussi je suis désolée, elle dit, déçue.

Son métier reprend immédiatement le dessus, elle se redresse.

‒ Garde la rose, sa voix se fait douce mais les épines ne sont pas loin pour autant.

‒ Merci, je souffle.

Je pense que nous pouvons rester amies. Son clin d'œil bienveillant me le confirme, avant qu'elle ne s'envole de nouveau pour prendre un nouveau coup de fil.

Je souffle et décide de me réfugier dans notre chambre.

J'ai pris ma décision, je vais continuer à jouer les coachs d'un jour, je dois avouer que je me sens plutôt bien dans ce rôle. J'ai l'impression d'être utile. Et j'ai la meilleure collègue de tous les temps, qui se prend pour ma stagiaire.

La pause est terminée. C'est le début d'après-midi et la file ne semble pas rétrécir à mesure que le temps passe. Je reprends place, et j'attends Louise avant de reprendre quelqu'un. Je ne sais pas ce qu'elle a fait pendant la pause, surement parce que je me suis endormie aussitôt que je me suis allongée dans notre chambre.

Un mouvement s'empare de la file, celle-ci semble s'agiter mais je n'en perçois pas l'origine puisqu'il commence à l'autre extrémité. Louise surgit parmi les passagers en faisant un signe de la main à Garance, pour lui dire « on se voit plus tard ». Comment ça ? Est-ce qu'elles se sont réconciliés ? Est-ce qu'elles vont vouloir dormir ensembles cette nuit ? Est-ce que je vais me retrouver avec le petit copain de sa meilleure amie ? Le cauchemar... Je regarde la rose, toujours coincées entre mes doigts et je me sens trahie. Et ridicule.

La fleur n'échappe pas à Louise et me demande ou je l'ai trouvé.

‒ Clara, je dis.

Louise se fige. Mon ton était sec.

‒ Ok, elle répond.

Je ne sais pas ce qu'elle pense à ce moment précis. Je n'étais sans doute qu'un moyen de ne pas être seule quand Garance l'a lâché. Maintenant elle n'a plus besoins de mon attention. J'espérais la blesser en disant que Clara m'a offert la rose mais elle n'a aucune réaction.

‒ Elle doit bien t'aimer. Clara.

Mon cœur tambourine dans ma poitrine.

‒ Oui, je réponds.

A ce stade de la conversation on peut dire que l'épine est enfoncée dans mon cœur.

Mon attention se reporte sur la file pour tenter d'oublier ce qu'il se passe ici. Coach sentimentale, tu parles ? Je ne me comprends pas moi-même. Les passagers se tournent et chuchotent entre eux. Qu'est-ce qu'il se passe ? Je me lève pour distinguer l'objet du trafic : un morceau de papier. Personne ne fait attention à nous, tous concentrés sur le message. Qui en est l'auteur ? Et que contient -il ? On croirait à un secret d'état tellement le mot est manipulé avec douceur et passé de main en main. Il n'y a plus qu'à attendre qu'il nous parvienne. Louise observe aussi le mouvement. L'objet de toutes les convoitises est à peu près à la moitié de son chemin.

Bientôt, il sera entre nos mains. 

Avis ? :)

OTHER GIRLS 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant