Louise-038

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J'ai dit oui mais ce n'est pas une demande en mariage après tout. J'ai des picotement partout dans le corps. C'est un peu comme si j'avais dit oui à exister. Comme si je venais de signer pour vivre. Et ça me fait vraiment peur. Laurène peut se sentir privilégiée : elle vient de connaître mon premier souffle, mon premier regard.

J'ai eu des décisions à prendre : pour mes personnages. Je me rends compte que je les traitais comme des marionnettes, que je réfléchissais avec ma tête pour eux. Mais ça ne marche pas comme ça. Ça ne pouvait pas être crédible parce que dans la vraie vie on ne tait pas les désirs du cœur.

Je me sens coupable de ce que j'ai fait subir à Candace. Vous me prenez peut-être pour une folle mais si mes personnages ne sont pas réels pour moi, ils ne peuvent pas l'être pour les autres.

‒ Alors les coachs, comment ça va ? demande Garance, les yeux plissés.

Je soupire et passe une main dans mes cheveux. On s'assoit en face d'elle et de son copain.

‒ Ça va, et vous ? répond Laurène.

Je me promets de ne pas écrire ce genre de banalités dans mon roman.

‒ Qu'est ce que vous avez fait de beau, on a faillit attendre, dit Garance en gloussant.

‒ Heureusement vous n'avez pas eu à fournir cet effort ! je lance.

Laurène a son indéfectible rictus au coin de la lèvre. Elle est tellement détachée que je me sens ridicule de m'emporter.
Mon ton à été plus dur que je ne l'aurais voulu. J'ai l'impression d'être à côté de la plaque.

‒ C'est parce que je sais qu'il n'y a pas plus impatiente que Garance, je tente de me rattraper avec un sourire forcé.

‒ Tu as tes règles ? rit Garance.

Mais je n'arrive pas à me joindre à son délire. A quoi elle joue exactement ?

‒ Non, et ne prend pas ça comme excuse, j'ai le droit d'être de mauvaise humeur sans pisser le sang, d'accord ? je fronce les sourcil.

Vivian me devisage. A chaque fois que je le regarde je vois un pissenlit.

Je reprends :
‒ J'aime pas ce genre de réflexions Garance, c'est les garçons qui les font pour énerver les filles, tu n'es pas un garçon ? Et moi je n'en aurais probablement jamais parce que je ne suis pas lesbienne, OK ?

Encore une fois, j'ai évacué mes pensées à voix haute. Je souffle un bon coup. Laurène réprime un rire. Garance fait son air de chat battu. Et Vivian est raide comme une tige.

‒ Sinon, il y a quoi à manger ? je demande guillerette.

Je tente de paraître douce et gentille. Pour sauver l'ambiance.

‒ Buffet à volonté ! réponds Garance.

‒ Moi je vais me chercher une assiette, annonce Laurène.

Elle me regarde et je suis la seule à remarquer le clin d'oeil qu'elle ne fait pas. Mais je le vois quand même. Je la suis jusqu'à une longue table rectangle, avec une quantité de nourriture très satisfaisante. J'ai soudainement envie de me servir de tout ce que je vois. Mais maintenant que je sors avec Laurène, que je suis en couple, est ce que je dois faire comme si j'avais un petit appétit ?

Non, elle m'aime comme je suis.

Mais c'est plus fort que moi, j'ai envie de la séduire. Alors je me sers quelques sushis, un peu de salade. Et je reviendrais pour le plat. J'ai déjà repéré quelques mets bien gras. Après tout je suis en couple pas en régime !

La présence de Garance me fait plaisir, mais il ne faut pas oublier qu'elle est passionnée de romance et qu'elle lit en moi comme dans un livre ouvert.

J'ai peur qu'elle devine l'intrigue. Personne ne doit savoir. 

‒ Qu'est ce qu'il y a ma puce ? demande Laurène.

Je me raidis au petit surnom aussi inaudible qu'il ai été prononcé. Elle s'en rend compte, Garance lit peut être mes pages mais Laurène lit entre les lignes.

Qu'est ce qu'il y'a ? Je ne sais pas. Enfin...

‒ La présence de Garance me fait plaisir, mais il ne faut pas oublier qu'elle est passionnée de romance et qu'elle lit en moi comme dans un livre ouvert.

Bah c'est ce que je pense. Mot pour mot.

‒ Ne t'inquiète pas, personne ne se doute de rien.

Cette fois elle me fait un clin d'oeil et nous retournons nous assoir. Les assiettes de Garance et Vivian sont déjà remplies.

‒ Tu manges des fleurs ? je demande à Garance.

Des violettes forment un cœur à côté de sa salade.

‒ C'est Vivian qui m'a fait une petite composition, répond ma meilleure amie avec un sourire jusqu'aux oreilles.

Elle a de la chance de pouvoir aimer sans être jugée. Moi, il a encore fallut que je fasse dans l'originalité.

‒ Bon je crois que nous n'avons pas encore fait des présentations dignes de ce nom ! je m'exclame en me tournant vers Laurène.

‒ Tu as raison, réplique Garance en se tournant vers Vivian.

Ma meilleure amie me devance :
‒ Je vous présente Vivian, mon fleuriste préféré, et petit ami passable, elle dit pendant que le jeune homme passe son bras autour d'elle.

Je regrette fortement, au plus profond, d'avoir lancé ce sujet.

‒ C'est à moi je suppose... je toussote. Garance, Vivian, je vous présente Laurène, ma... (petite amie) une amie que j'ai rencontré grâce à GRAVITATION.

Mon cœur palpite. Je suis à la fois la plus heureuse et à la fois mal à l'aise.

‒ Enchantée, dit Laurène avec un sourire qui en séduirait plus d'un.

‒ Idem, répond Vivian.

Celui-ci a l'air d'économiser ses mots, mais ça ne pose pas de problème puisque Garance est très dépensiere à ce niveau là.

‒ Comment on fait pour séduire une fille ? demande Vivian comme s'il jouait à un jeu de séduction avec Garance.

Il n'y a qu'à voir leurs regards complices et amusés alors que ce n'est pas drôle du tout. Ou alors c'est moi qui est trop sur le qui vive.

Face à notre silence il reprend :

‒ Je demande ça parce que vous êtes coach ! Et comme vous pouvez le voir j'ai bien besoins de petites astuces !

Il nous parle mais son regard ne demande qu'à fuir sur ma meilleure amie.

‒ Tu m'étonnes que t'as besoin d'un cours ! réplique celle-ci.

‒ Je ne travaille pas gratuitement, répond Laurène.

Je l'admire. Détachée et efficace. Et toujours chaleureuse.

Soudain je sursaute lorsque quelqu'un sincruste entre Laurène et moi, et nous glisse à l'oreille :

‒ C'est bien vous les coachs n'est ce pas ? J'ai besoin de conseils... Je n'ai pas eu de place tout à l'heure il y avait trop de monde dans la file.

Je ne pensais pas avoir suscité autant d'intérêt.

‒ Je ne travaille pas gratuitement, répond Laurene sur le même ton que la première fois.

Et ça suffit pour que la femme nous laisse tranquille. Le problème : ce n'est pas la seule qui a l'idée de venir nous aborder dans l'espoir d'avoir quelques conseils.

Avis ? :)

OTHER GIRLS 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant