‒ Hey, c'est toi la coach lesbienne ? s'écrie une femme depuis le bas de l'escalier.
Laurène s'arrête. Je scrute autour de nous pour voir si quelqu'un aurait pu l'entendre. Ce qui est totalement inutile puisque l'orientation sexuelle de Laurène n'est un secret pour personne, et ce, depuis la fusée. Mais pour moi, personne ne sait (que je ne suis pas lesbienne). Alors s'ils m'aperçoivent à ses côtés, alors même que nous sommes en train de remonter dans notre chambre, j'ai peur qu'ils fassent le rapprochement.Mais c'est qui "ils" après tout ?
Garance ?
C'est peut-être moi. Ce "ils" c'est moi qui rejettent la faute sur les autres.
‒ Je suis effectivement coach, réplique Laurène. Et Louise aussi.
‒ Je peux avoir...
‒ Désolée, il est 22h00 et ça ne fait pas parti de nos horaires de travail, répond-elle sans même se retourner.
Et nous poursuivons notre chemin qui mène tout droit au lit. Parce que chambre ça veut dire lit, coussins, oreillers, moelleux, matelas.Mais maintenant ça veut aussi dire Laurène, copine, bisous, câlin, tendresse et la liste est encore longue.
Je m'étale comme une crêpe, mais pas de mon côté. De celui de ma copine. Parce que maintenant la limite invisible entre la droite et la gauche n'existe plus. Ça veut dire que je peux prendre toute la place et que je peux dormir au milieu si j'en ai envie.
Laurène se déshabille et enfile le débardeur de son pyjama. Celui avec la dentelle au niveau de la poitrine. C'est un détail que j'ai noté depuis la première fois que j'ai découvert les beaux ensembles de l'hôtel.
Elle s'installe dans le lit, et je me rapproche pour combler la distance entre nous. On se regarde sans même parler. Parce qu'il y aurait trop de choses à dire et qu'il n'y a pas besoin de les dire. Je suis encore dans ma robe blanche.
‒ Tu sais que tu vas devoir te rhabiller ? je demande.
‒ Pourquoi ?
‒ La soirée de Jade, je réponds.
Elle me dépose un baiser sur la joue.
‒ C'est une pyjama party, elle dit.
‒ T'en es sûre ?
Ses joues sont irisées et lumineuses.
‒ Non.
‒ Ok.Elle me renverse sur le lit en commençant un combat de coussin. Mais plus violent que le dernier. Parce qu'on hésite pas à se rouler l'une sur l'autre. Parce que la limite invisible disparaît de plus en plus, et en réalité, c'est elle que nous combattons avec les coussins.
Je me rends compte maintenant, que je l'ai trouvé attirante depuis le début. Depuis sa robe en cuir et ses escarpins. Depuis ces techniques bancales pour avoir la place au fond de la fusée.
La place à côté de moi. Moi a gauche, elle a droite. Et pourtant le milieu n'existe plus à présent. C'est comme un appel d'air. Un vertige. Un souffle coupé. Elle se retrouve sur moi, pendant que je suis K.O sur le dos. Nos respirations s'emmêlent. Nos lèvres se touchent. On s'embrasse. Mais ce baiser est beaucoup plus long que tous les autres.
Il n'y aura pas de perdantes à cette bataille et les plumes finissent de virevolter autour. Mais c'est la douceur de sa peau et la chaleur de son corps qui retient mon attention. Ce sont mes mains qui glissent toutes seules dans ses cheveux bruns, tout coule de source. Ce sont mes doigts qui parcourent son dos sur le tissus. Puis dessous. Et c'est le temps perdu qu'on rattrape. C'est ses mains partout. Ses mon pouls qui s'accélère. Le sien qui me dépasse. C'est le temps qu'on aura plus demain que nous prenons maintenant.
Toc. Toc. Toc.
Je sursaute. Et je fais sursauter Laurène. Nous nous relevons comme une seule personne.
‒ Une seconde ! intervient Laurène en enfilant le bas du pyjama.
Mon cœur continue sa course.
La porte s'ouvre sur Clara.
‒ Les filles ! Je tenais simplement à vous remercier pour votre travail, vous avez été super, et tout le monde vous réclame maintenant !
‒ Pas de quoi, je réponds agacée d'avoir été interrompue.Merci à toi Clara de m'avoir rapprochée de Laurène. De m'avoir permis de revivre. Même si tu la voulais, c'est moi qui l'est eu. Je souris en fixant ma copine. Tandis que Clara s'en va aussi vite qu'elle est venue. J'attire Laurène jusqu'à moi, pour arrêter le temps une fois encore. Entre ses mains je possède tous les pouvoirs. Et le bonheur. Je suis entre ses mains. C'est improbable, je vais sûrement me réveiller dans quelques minutes, encore faut-il que j'aie le temps de terminer mon rêve. Et pourtant, le temps figé passe quand même et je ne me réveille pas. Parce que c'est la réalité.
Je viens de conquérir la lune. Mon théorème n'est donc pas trop mauvais. Il faut avoir la tête dans les étoiles pour viser la lune, les pieds sur terre on ne voit pas grand chose. En voyageant avec GRAVITATION j'ai parcouru l'espace-temps et les cratères de mon coeur je les redonne à la lune. Je crois que c'était ma mission. Je suis une vraie astronaute.
‒ Soirée ou pyjama party ? je demande pour savoir quoi mettre.
‒ C'est toi qui décide, répond Laurène.
‒ Non, c'est Jade.
Je croise les bras sur ma poitrine. Bouclier magique.
‒ Tu ne vas pas lui demander comment t'habiller quand même ?
‒ Non !
Je fais la moue.
‒ Alors vas-y comme tu veux, argumente Laurène.
‒ On dirait une pub pour le Macdo, je réponds en me moquant.
Je ne peux ignorer les palpitations dans tout mon corps qui me rappelle ce que nous venons d'accomplir juste avant. Et mon bouclier magique s'évanouit. Parce que je suis en très bonne compagnie.
‒ Met ce que tu veux, tu seras toujours acceptée, et si ce n'est pas le cas, c'est qu'ils ne méritent même pas de te regarder. Tant que tu n'offenses personne dans ce que tu fais, ou ce que tu es, tu n'as pas raison d'avoir honte.
‒ Tu parles d'habits ou du fait que j'ai honte que je ne suis pas lesbienne? je demande avec une mine innocente.Elle sait très bien ce que je-ne-suis-pas-lesbienne veut dire. Et je crois que je commence à comprendre qu'il va falloir enlever la négation.
‒ Je sais plus, de pyjama, de Macdo, de Jade, de nous, elle réplique.En attendant ça me dit pas si je dois enfiler mon pyjama ou non.
Avis ?:)
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OTHER GIRLS 1
Romance#1 en LGBT Qui sont ces autres filles ? On raconte qu'elles ne sont pas belles. Qu'aucun homme n'en veut. Qu'il serait dommage d'être comme elles. Comme si c'était un échec. Mais qui les connaît vraiment ? Qui prétend les reconnaître au premier rega...