Chapitre 3-Louise (Réécrit)

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À peine ai-je décroché que la voix de Garance écorche mes tympans.

‒ Tu as appris la nouvelle ? clame-t-elle, déjà surexcitée à neuf-heure du matin. Inutile d'en rajouter une couche en précisant que c'est dimanche. Le premier dimanche des vacances. Le premier dimanche des vacances après le baccalauréat.

J'essaie de positiver. Au moins ma journée ne sera pas perdue, même si je n'avais rien contre cette idée : faire la grasse matinée. Les yeux mi-clos et la bouche pâteuse je tente de répondre avec enthousiasme.

‒ Allô Louise, ici la terre, s'impatiente-t-elle.

En plus de ça, il faudrait que je me dépêche. On nage réellement en plein délire.

‒ Quelle nouvelle ? tenté-je de m'intéresser.

‒ GRAVITATION !

Je soupire et lui somme de faire une phrase complète parce que je ne comprends rien et que mes nerfs forment actuellement une boule. Hier elle m'annonçait que mon roman était complètement nul, je me suis inscrite sur un site de rencontre, ce qui était totalement inenvisageable pour moi, et maintenant elle me réveille alors que mon programme annonçait « dormir » en lettres capitales. J'espère que sa nouvelle en vaut la peine même si au fond ça m'amuse quand elle s'emballe pour un rien. Quand je dis « au fond », il faut fouiller, gratter, creuser, mais c'est quand même là, enfoui quelque part.

Par exemple, la fois où elle avait flashé sur un fleuriste et que j'ai dû aller acheter un bouquet dans sa boutique pour ensuite le donner à Garance, qui elle-même, devait l'offrir au fleuriste. C'était gênant. Le pire, c'est que ça a marché puisque si je récapitule la situation : Je suis allée demander conseil à un fleuriste sur le choix d'un bouquet pour mon « petit-ami », il m'a donc montré des fleurs qui seraient susceptibles de plaire à un garçon. Mais en fait c'était pour lui. Bref, il faut suivre. J'étais en train de payer quand il m'a dit « c'est super touchant qu'une fille vienne chercher des fleurs pour son copain, d'habitude c'est l'inverse. » Autant dire que c'était un plan magistral. Je suis sortie de la petite boutique de fleurs et j'ai tendu le bouquet à Garance. Elle a souri de toutes ses dents et a fait son entrée dans la boutique. Évidemment, le fleuriste a reconnu le bouquet puisque ça ne faisait même pas cinq minutes que je l'avais acheté. Lui aussi avait souri de toutes ses dents. Et je me rappelle que je m'étais dit qu'ils étaient faits pour être ensembles. Bref, on s'était emballées mais c'est elle qui avait commencé. Ils se sont quittés un mois après pour cause de « trop d'amour, tue l'amour ». Je n'ai jamais cherché à comprendre.

Elle reprend :

‒ GRAVITATION vient de créer un système pour pouvoir rencontrer les personnes sur ta liste de compatibilité. Pour faire simple, ce sont des « fusées » qui voyagent d'une planète à l'autre. Les liens entre les personnes compatibles, donc les planètes, représentent les trajets des fusées.

J'avoue ne pas être retournée sur l'application depuis que j'ai vu que ma liste de compatibilité n'était constituée que de la gente féminine. Je crois toujours à un bug. C'est de la daube cette application. Comment se fait-il que personne ne s'en rende compte ?

‒ Du coup tu veux aller dans l'espace ? ironisé-je.

Je l'entends sourire, même si ce n'est pas possible, je l'entends quand même sourire.

‒ Un peu de sérieux Louise, on parle d'amour là ! Et les fusées ce sont des bus ! Mais puisque tu insistes, on décolle demain. Bon je raccroche je dois me préparer pour venir chez toi.

J'allais contredire ses plans mais je n'en ai pas eu le temps. La seule information qui parvient à mon cerveau, c'est qu'elle sera là dans une heure maximum et que, par sa faute, je dois me préparer un dimanche matin. Je passe sous la douche et m'habille rapidement. À peine le temps de finir d'enfiler mon jean que la sonnerie retentit. Je cours pour ne pas réveiller mes parents. On ne sait pas combien de fois Garance est capable de presser le bouton. Et je n'ai pas envie de le savoir, par respect pour mes oreilles.

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