chapitre 36

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Kessy

Ce matin je me réveille avec un mal de tête énorme, j'ai l'impression que tout un orchestre joue dedans, mais bizarrement j'ai le cœur et la conscience un peu plus légers. Comme si le fait de m'ouvrir un peu m'avait permis de m'apaiser un tant soit peu.

Je me souviens de tout ce qui s'est passé hier soir malgré tout l'alcool que j'ai ingurgité. Il faut dire que j'ai une forte résistance à ce poison, j'ai passé du temps à boire plus que de raison jusqu'au jour où j'ai compris que ce n'est pas dans un verre que je trouverais la force de me reconstruire.

Alice est vraiment la dernière personne à qui je pensais révéler mon passé sordide, mais je pense qu'elle, plus que quiconque, comprend ce que je peux ressentir d'avoir perdu mon enfant et mon enfance.

Même si je veux tout faire pour oublier cette partie de ma vie, elle fait de moi ce que je suis et pour rien au monde je ne changerais celle que je suis devenue. Comme on dit ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort !

Mais je dois bien lui faire comprendre que ce que je lui ai dit doit rester entre elle et moi. Si jamais mon oncle ou Jace venaient à l'apprendre, ils me rejetteraient tous les deux. Car qui veut dans sa vie d'une fille qui a été détruite et salie comme je l'ai été.

Flash back

Quand le médecin a enfin donné son verdict, mon monde s'est écroulé. Moi qui ai à peine 17 ans je suis enceinte du monstre qui me viole toutes les nuits. Non ce n'est pas possible, c'est un cauchemar, il faut que je me réveille.

Mais le plus surprenant c'est quand il a appris la nouvelle je pensais qu'il aurait été en colère mais non bien au contraire. Il était très très heureux, petit à petit il m'a laissé un peu plus de liberté. J'ai pu reprendre des cours, bien sûr par correspondance et il ne se servait plus de moi comme de son jouet enfin ce que je veux dire c'est qu'il n'était plus violent avec moi.

Je ne comprenais pas ce changement de comportement, jusqu'au jour où j'ai surpris une conversation.

-Chef pourquoi la petite salope est aussi libre ?

-Elle porte mon enfant alors je t'interdis de l'appeler comme ça !

Quand il a dit ça j'ai failli laisser échapper un cri de surprise mais par chance j'ai réussi à le retenir. Mais quand j'ai entendu la suite j'ai vite compris qu'il n'avait pas changé non bien au contraire il avait encore plus d'emprise sur moi.

- Alors chef, je ne comprends pas ?

-Tu n'as rien compris, cette petite chienne est à moi pour toujours. Je sais qu'elle ne laissera jamais son enfant, alors dès qu'il sera venu au monde, je lui prendrai et pour le voir elle devra faire tout ce que je veux. Et crois moi j'ai plein d'idées pour cette petite salope.

C'est à cet instant que j'ai compris que je devais tout faire pour m'échapper de là, avant que mon enfant ne vienne au monde.

Le bruit de la porte qui s'ouvre me ramène dans le présent.

Alice rentre dans la chambre avec un plateau garni de plein de nourriture et vu l'odeur il y aussi du café.

-Coucou ma belle. Alors comment tu vas ce matin ?

Je vois dans ses yeux tout ce que je déteste, de la pitié.

- Ca va, j'ai juste l'impression d'avoir un marteau piqueur dans la tête mais à part ça, rien. Alice il faut qu'on parle de ce je t'ai dit hier soir.

Je sens bien que ça la dérange autant que moi de reparler de ça mais il le faut.

-Ce que tu m'as dit hier soir. Ces choses qu'ils t'ont faites, tout ce que tu as vécu, tout ça fait que je comprends mieux tes réactions aujourd'hui. Tu dois en parler à ton oncle et à Jace, ils sauront...

-Non je t'arrête tout de suite ils ne doivent rien savoir. Promets-moi de ne rien leur dire, je le ferai quand ça sera le bon moment. Pour l'instant je veux profiter un peu du bonheur d'avoir une famille et une personne qui tient à moi.

-Si tu savais ma belle, Jace ne tient pas seulement à toi, il est accro total. Et pour ton oncle ça lui fait du bien de t'avoir auprès de lui, et je dois dire que moi aussi, ça me plait de me dire que mon enfant va avoir une tata comme toi.

Ce qu'elle me dit me touche énormément, depuis que je n'ai plus ma mère, personne n'avait été aussi proche de moi. Ça me fait bizarre quand même d'avoir tout ça d'un coup, comme si pour une fois dans ma vie la roue tournait en ma faveur.

Je me demande combien de temps cela va durer.

Prise dans mes réflexions je n'ai pas entendu Alice sortir de la chambre. Je prends mon téléphone qu'Alice a pris le soin de poser sur la table de nuit.

J'ai une vingtaine de messages quasiment en attente, tous de Jace et un d'un numéro que je ne connais pas.

J'ouvre le premier de Jace pour me dire bonne nuit et tout ceux qui suivent sont pour me dire comme il est heureux que je sois rentrée dans sa vie. Et enfin j'ouvre le dernier d'un numéro que je ne connais pas.

« Enfin je te retrouve, sale petite chienne tu vas payer pour ce que tu m'as fait... »

Putain comment il a pu avoir ce numéro, mais les choses ont bien changé, je ne suis plus la petite chose fragile, dont il pouvait faire ce qu'il voulait.

En moins de 10 min je suis habillée, quand j'arrive dans la cuisine je ne vois personne, je laisse un petit mot à Alice pour ne pas qu'elle s'inquiète, puis je prends la route de notre base. Je veux savoir d'où vient le sms que j'ai reçu, la proie que j'étais autrefois est devenue le chasseur.

Quand je suis enfin arrivée il n'y a personne de lever. Je me dis que la soirée a dû être rude pour eux aussi, mais dans un sens ça m'arrange.

Je rentre le numéro de téléphone dans la base de données et en moins de cinq minutes j'ai la localisation, ce connard est à une bonne heure de là où je suis.

Je n'ai pas le temps d'approfondir ma recherche car j'entends un bruit de pas dans le couloir.

South side TigerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant