1/ ✿ LOUNA ✿

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Paris.
La ville lumière.
La ville des amoureux.
Appelez-la comme vous voulez.
Paris est une ville magnifique.
Dominée par cette Dame de Fer qu'est la Tour Eiffel.
Paris est magique. Surtout la nuit. La nuit tout est beau, tout est calme, tout est lumineux. Et la nuit plus que n'importe quel autre moment de la journée, Paris est à nous. Tout semble s'offrir à nous. La vue, le cadre, les monuments, les immeubles...La nuit il n'y a pas l'angoisse de la journée : les bouchons, la pollution, le métro bondé, les grèves...En plein jour, la capitale est à fleur de peau, mais la nuit enfin, elle est au repos.

Je ne connais Paris que depuis cinq ans et pourtant je parle d'elle comme si j'y avais toujours vécu. Paris me fascine. Paris est fascinante.

Paris m'obsède.

La première fois que j'ai posé le pied dans la capitale, je suis revenue en enfance, telle une gamine, et de suite j'ai voulu tout visiter. Mais visiter Paris ne prend pas une journée. En cinq ans, je n'ai pas réussi à tout visiter j'en suis certaine. Il reste encore des trésors cachés. Des trésors qui valent la peine d'être découverts.

Mon appartement est situé dans le VIe arrondissement de la capitale. Une vue imprenable sur Paris que je ne vendrai pour rien au monde. Un cocon chaleureux dans lequel je me sens bien.

Moi, j'étais née sur l'île grecque de Syros, une île des Cyclades et y avait passé quasiment toute mon enfance et mon adolescence. Née d'une mère grecque et d'un père italien. J'étais énormément attachée à mon pays d'origine et malgré l'effort de mon père pour me faire aimer l'Italie, la Grèce restait numéro un dans mon cœur. Désolé papa. J'avais vécu sur l'île de Syros jusqu'à mes dix-neuf ans. Là-bas j'y étais très proche de ma grand-mère : Ana. Une femme extraordinaire, pleine de vie et remplie de gentillesse. La maison d'Ana était située à quelques mètres de ma maison d'enfance. Gamine, j'étais souvent rendue chez elle. Ensemble, nous faisions des tas de choses. Nous faisions la cuisine, souvent des spécialités grecques mais aussi des cookies, des cupcakes et des tartes avec uniquement des fruits provenant de l'immense jardin de ma grand-mère. Ana me faisait aussi visiter mon île, ses coins secrets et aussi les plus belles vues de l'île. A chaque sortie, j'étais munie de mon appareil photo, mon acolyte qui me suivait dans chacun de mes déplacements.

Quand la pluie faisait rage sur l'îlot grec, nous passions des après-midis entiers à jouer à des jeux de sociétés. Le scrabble était le « number one » dans le cœur de ma grand-mère. Nous faisions aussi des parties de cartes et souvent je gagnais. Elle m'avait appris des tas de jeux de cartes différents.

Durant mon enfance, cette merveilleuse femme m'avait fait découvrir le cinéma classique. En passant par Autant en emporte le vent, Top Gun, Mon nom est Personne...

Ana, c'était aussi les livres. Une grande passion pour les bouquins qu'elle m'avait transmise. J'avais lu chacun des livres se trouvant dans sa bibliothèque. Parfois, quand l'ennui nous prenait, nous nous mettions à imaginer des histoires, avec des personnages.

A mon opposé, ma grande sœur, Elena, n'avait mis que très rarement les pieds chez notre grand-mère. Elena passait son plus grand temps soit à travailler soit à sortir avec ses amies. Elle disait sans cesse que l'avenir c'était les amis et pas la famille. Moi, je n'étais absolument pas d'accord avec ça. Pour moi, la famille c'était très important. Ana était la personne de ma famille dont je me sentais le plus proche. Elle savait et sait tout de moi. Nous n'avons aucun secret l'une pour l'autre.

Avec Elena, nous avions de toute façon toujours était en conflit. Elle était jalouse de moi. Cela avait commencé par mon prénom. Louna-Rose. Louna parce que ma mère aimait ce prénom et avait trouvait que ça sonnait grec et Rose car selon mon père ça faisait italien. A ma naissance, mes parents n'ayant pas fait leur choix ont décidé de ne pas choisir et de combiner les deux.

Selon ma sœur, son prénom sonnait américain et n'avait donc aucun rapport que ce soit avec la Grèce ou l'Italie.

Sa jalousie a continué quand j'ai obtenu la plus grande chambre de la maison, qui plus est se situait au deuxième étage de la demeure et avait la meilleure vue de notre résidence. C'était vrai. Avec une grande baie vitrée et un balcon donnant sur la côte de l'île et sur la mer, j'avais une magnifique vue mais pas de quoi en faire une crise.

Il y a eu les garçons qui s'intéressaient bien plus à moi qu'à elle. Bref, ça n'en finit pas. Ma sœur est jalouse de moi. Pourtant, je lui ai sauvé la mise. Plus d'une fois. Jamais un merci, j'attends encore. Ma sœur est une lâche.

Bref me voilà de retour sur Paris après deux semaines d'absence. J'étais en Italie pour faire des photos pour un magazine. Je suis photographe professionnel et accessoirement peintre. J'ai fait des études d'arts tout en gardant dans un coin de ma tête, un rêve. Celui d'ouvrir un jour ma propre galerie d'art. Je gardais espoir. Evidemment, pour l'instant je ne faisais que des petits trucs, des magazines me contactent pour des reportages photos mais c'était déjà ça. Pour ce qui était de mes peintures, une galerie avait bien voulu exposer trois de mes tableaux mais je n'avais pour l'instant aucun retour.

Le train entra en gare et quand nous eûmes l'autorisation, je débarquais sur le quai avec ma valise et ma sacoche contenant mon appareil photo. Au loin je vis mon meilleur ami qui me faisait des grands signes avec ses bras. Un sourire étira mon visage et je le rejoignis. Je lâchais ma valise et le pris dans mes bras.

-Ah tu m'as manqué ! S'exclama-t-il en me serrant tellement fort qu'il commença à m'étouffer.

Je ronchonnais et il me lâcha.

-Ah bon ? Je suis partie que deux semaines, je remarquais.

-Ouais mais je pouvais pu te faire chier !

Je le tapais sur l'épaule et il prit ma valise alors que nous sortions de la gare.

Mohammed, enfin Moh ou encore Sneazzy, son nom de scène, était mon meilleur ami depuis cinq ans, depuis que j'avais débarqué à Paris. Je me baladais dans la capitale avec une pochette remplie de photos, un homme en costume m'avait bousculé et ma pochette était tombée en s'ouvrant faisant s'envoler des semaines de travail. Moh était sur le trottoir d'en face et il était venu m'aider. Depuis on ne s'était pas quitté.

-C'était bien l'Italie ? Me demanda-t-il alors que nous montons dans un taxi. Moh lui indiqua l'adresse de mon immeuble et il démarra.

-Vraiment bien, j'ai été voir la famille de mon père puis bah j'ai bossé et toi ?

-La routine, j'ai écrit des textes, j'ai tourné un clip avec un pote et je suis sorti !

Je souris. Il avait profité de la vie comme nous le faisions tous les soirs, surtout pour ma part.

Après trente minutes de trajet, le taxi s'arrêta en double file devant mon immeuble. Je le remerciais et sortis avec ma valise. Je dis au revoir à Moh qui devait rentrer et il repartit en taxi après un rapide coup de main. J'entrais dans l'immeuble en saluant la concierge et m'insérais dans l'ascenseur me menant au sixième étage. Je vivais dans cet appartement depuis maintenant trois ans. J'étais en colocation avec Inès, une amie que j'avais rencontré quelques mois après mon arrivée à Paris. Nous avions sympathisé et nous voilà colocataires. J'abaissais la poignée pour voir si la porte était ouverte et entrais. A peine avais-je posé un pied dans l'entrée qu'Inès me sauta au cou.

Après de longues embrassades, je posais ma valise dans le salon et lui racontais mon séjour en Italie.

Galatée // NEKFEUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant