Galatée // NEKFEU

5/ ✿ LOUNA ✿

La soirée se déroulait plutôt bien. Enfin, c'est ce dont j'essayais de me persuader. Depuis plus d'une heure, je dansais avec ce gars au milieu de la piste de la boite de nuit. Il avait passé ses bras autour de ma taille. On avait fait plusieurs allers-retours au bar et malgré mon habitude de boire, je commençais à me sentir pompette. Je regardais ce gars dont je n'avais pas retenu le prénom, et les mots de ma mère me revinrent en tête. Elle avait raison, ma vie n'était pas calme. Je n'avais pas de copain, je ne faisais qu'enchaîner les mecs. J'étais photographe et peintre mais la réalité c'était que pour l'instant mon rêve d'ouvrir une galerie et d'avoir mon atelier au même endroit ne s'était toujours pas réalisé. Pour l'instant, le seul atelier dans lequel je pouvais exprimer ma créativité était une chambre que personne n'occupait dans l'appartement que je partageais avec Inès. On ne pouvait pas dire que je débutais bien dans la vie. Certes, j'avais quelques missions que des magazines me confiaient mais rien de bien trépignant. De simples photos par ci par là.

Je sortis dans mes pensées quand le visage du mec s'approcha du mien.

-Oh ! Oh ! Tu fais quoi là ?! M'exclamais-je.

Il sembla surpris et écarquilla les yeux en me lâchant et en s'écartant un peu de moi.

-Je me disais qu'on aurait pu poursuivre notre soirée dans un endroit un peu plus intime.

Il fit jouer ses sourcils et je levais les yeux au ciel.

-Non merci ça va, répondis-je en m'éloignant le laissant seul en plein milieu de la piste. En revenant vers mes amis, je vis que Ken me dévisageait et qu'il avait sûrement vu toute la scène. En tout cas, ça avait l'air de bien le faire rire vu le sourire qu'il affichait. Je soufflais en m'asseyant à côté d'eux. Je repris un verre d'alcool que je bus en une gorgée. Quand je sentis que je commençais à avoir mal à la tête je saluais les gars et me levais. Par bonheur, aucun ne proposa de me ramener et c'était tant mieux. Je sortis donc de la boite, seule, et marchais jusqu'à chez moi. Moh m'avait souvent répété que c'était dangereux de marcher la nuit dans Paris seule. Mais j'avais fini par le convaincre que je savais me défendre. Après une bonne vingtaine de minutes j'arrivais enfin devant l'immeuble. Je composais le code et entrais. Je pris l'ascenseur jusqu'à l'appartement et entrais sans faire trop de bruit pour ne pas réveiller Inès.

******

Quand j'ouvris les yeux, les rayons du soleil vinrent m'agresser et je les refermer aussitôt. Je fus alors prise d'un sale mal de tête et me sentis obligée de me lever pour prendre un cachet. Je traversais le couloir et débouchais dans la cuisine dans laquelle Inès était déjà levée et en train de boire son thé.

-Dure soirée ? Constata-t-elle.

J'acquiesçais en grognant. J'ouvris un placard et attrapais une boite de paracétamol. Je fis fondre le médicament dans un verre d'eau et attendis patiemment qu'il fonde. Je vis Inès m'observait.

-Tu as revu Nekfeu ?

Je levais les yeux vers ma colocataire et amie, surprise qu'elle me parle de lui.

-Oui, il était là.

Elle fit jouer ses sourcils et je grognais encore de plus belle.

-J'ai l'impression qu'il a passé sa soirée à m'observer, avouais-je finalement.

En effet, durant la soirée j'avais souvent vu Ken me dévisageait et observait mes faits et gestes. Je ne savais pas ce que cela signifiait. Sûrement était-il intrigué par moi par simple curiosité ?

-C'est bien ça nan ? Me demanda-t-elle.

J'haussais les épaules en attrapant mon verre.

On ne continua pas cette discussion. Inès se leva quand elle eut finit son petit-déjeuner et partit pour son travail. Sachant que de toute façon je n'allais pas rendormir, je fonçais dans la salle de bain pour prendre une bonne douche. Je pris mon temps pour me préparer. Je laissais mes cheveux pendrent sur mes épaules, appliquais un peu de mascara et enfilais un jean noir troué, mes converses noires ainsi qu'un pull beige. Avant de commencer quoique ce soit, je sortis sur le balcon de ma chambre pour fumer une cigarette histoire de me détendre. Je savais que je détruisais ma santé en fumant mais c'était plus fort que moi. J'avais besoin de ça, de cette sensation chaque matin et plusieurs fois dans la journée. Vers 10h30, j'allumais mon ordinateur et remarquais que le magazine pour lequel j'avais fait des photos en Italie avait répondu suite à l'envoi de mon travail.

De EU Travel :

A Louna-Rose De Vignon :

Mademoiselle De Vignon,

Nous avons été ravis de recevoir votre travail en temps et en heures. Vos photos sont magnifiques et laissez-moi vous dire que vous avez du talent. Vos photos correspondent tout à fait au style de notre magazine et à nos attentes c'est pourquoi nous les avons sélectionnées. Elles seront publiées dans le prochain numéro d'EU Travel que nous vous enverrons.

Cordialement.

Je souris face au mail que je relus à plusieurs reprises pour être certaine de ce qu'il y avait d'écrit. Je leur répondis deux trois formules de politesse et allais dans mon atelier, l'endroit de mes évasions quotidiennes. Au-delà des photos, qui étaient un passe-temps, la peinture, elle, était mon échappatoire, la manière pour moi d'exprimer mes émotions. L'atelier était une pièce au mur, rempli de tableaux dans tous les recoins. Tableaux, qui ne seraient jamais exposés, à mon grand désespoir. J'attendais depuis plus d'un mois la réponse d'une galerie à laquelle j'avais envoyé des tableaux. Je me doutais bien que ce devait être négatif. Mieux valait peut-être ne pas avoir la réponse sinon je devrais me résoudre à trouver un vrai métier. Au fond, j'arrivais à payer la moitié du loyer grâce à mes économies. Les photos, certes ça rapportaient, mais seulement quand les magazines me proposaient des missions et surtout qu'ils étaient satisfaits de mon job.

-Louna ? Appela une voix à l'autre bout de l'appart alors que je commençais une toile prise soudainement par l'inspiration. Je m'arrêtais et sortis de ma « cachette ». Je traversais l'appartement pour finalement trouver Moh dans le milieu du salon.

Il sourit en me voyant.

-Moh ? Je demandais surprise de le voir. Il s'approcha de moi et me fit la bise.

-Ouais, je sais je t'ai pas prévenu que je passais.

J'haussais les épaules.

-C'est pas grave, tu veux boire quelque chose.

Il fit non de la tête.

-Je suis venue te demander un service, déclara-t-il gêné. Je souris intérieurement, c'était bien la première fois que je le voyais gênée.

-Je t'écoute, l'intimais-je.

-Je me demandais si tu voulais bien venir avec moi au studio pour écouter quelques sons de mon album et me dire ce que tu en penses.

Je souris, sincèrement.

-Avec plaisir.

J'allais chercher mon sac et nous sortîmes en direction du studio. J'étais extrêmement touchée qu'il me demande ça.