30/ ✿ LOUNA ✿

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"J'connais les risques de l'amour mais j'ai toujours l'amour du risque" (Risibles amours)

Après avoir goûté, Gabriel retourna dans sa chambre pour jouer. Il ne resta donc plus que Ken et moi dans la cuisine.

-Tout va bien ? Me demanda Ken en sondant mon regard.

J'acquiesçais. Je mentais.

-Je suis désolée d'avoir dis que tu étais mon compagnon, dis-je en baissant la tête. Il s'approcha de moi et me prit dans ses bras.

-C'est pas grave, lâcha-t-il. Un jour, ça sera vrai.

Je n'osais même pas le regarder dans les yeux mais au moins, il avait réussi à me faire sourire. Au fond de moi, des sentiments naissaient pour Ken. Ils étaient là depuis bien longtemps je crois. Et oui, j'avais envie de croire que dans quelques temps, ça pourrait marcher entre nous. Mais je savais que là, maintenant, j'avais trop de problème, trop de choses à régler pour m'engager dans une relation.

Je me dégageais de ses bras.

-Je dois travailler, annonçais-je alors.

-Je peux t'aider ?

J'allais jusqu'au salon où je pris mon ordinateur portable pour le ramener dans la cuisine et le poser sur le bar.

-Je dois trouver un nom pour mon exposition.

-ça porte sur quoi ?

Je tapais le mot de passe.

-Comme c'est ma première, je veux que ça me corresponde et comme j'ai pleins de toiles et de photos de la Grèce et bien je vais faire une exposition sur la Grèce. Au début, je voulais juste l'appeler : Grèce mais je trouvais ça bien trop simple.

Je le vis réfléchir plusieurs minutes quand un sourire se forma sur son visage.

-Et pourquoi pas Galatée ?

Un sourire se forma à mon tour sur mon visage.

-Galatée ? Comme la nymphe grecque ?

Il acquiesça, fier de lui. Ses yeux brillaient d'une lueur étrange comme un mystère, comme s'il avait quelque chose derrière la tête mais qu'il ne voulait pas dire.

Je réfléchis. Ouais, c'était pas mal. Après tout, Galatée faisait partie de la mythologie grecque et chez nous, en Grèce, on y attachait une grande importance. J'acceptais finalement.

Les heures qui suivirent Ken fut d'une grande aide. Quand je n'avais pas besoin de lui, je le voyais écrire sur son carnet. Sûrement des paroles pour son futur album dont il refusait toujours de me dire le titre. La seule chose qu'il a lâché, c'est je cite : « C'est pas commun. » Merci pour ce merveilleux indice !

Vers 19h00, j'avais déjà sélectionné toutes les œuvres que je comptais exposer. Sur des croquis j'avais esquissé plusieurs plans pour mon expo. Je les avais montrés à Ken mais sur ce coup-là il ne m'avait pas vraiment aidé, les trouvant tous parfaits.

Il se leva et se posta face à moi.

-Je vais rentrer, annonça-t-il.

Je baissais la tête et presque gênée, je dis :

-On a...on a pas parlé de ce qui s'est passé avant que ma mère ne débarque.

Il sourit et s'approcha de moi.

Il prit mes mains dans les siennes.

-On en avait envie tous les deux, dit-il tout simplement.

Quoi ?! C'est tout ?!

J'acquiesçais, essayant de cacher ma déception et mon malaise.

Il m'embrassa le front et se tourna avant de quitter mon appartement.

Je restais debout, plantée en plein milieu du salon comme une conne.

On en avait envie tous les deux.

Il se fout de ma gueule ?

C'était plus que de l'envie. Je veux dire, de mon côté, ça n'avait rien à voir avec la première fois. Ce n'était pas sauvage, c'était doux, c'était passionné.

On en avait envie tous les deux.

Nan mais je rêve.

J'avais l'impression d'avoir pris un claque.

Une violente tempête en pleine face.

Il avait dit ça sans émotions dans la voix, sans me regarder dans les yeux.

Je n'y croyais pas.

Mais très bien, si c'est ce qu'il voulait.

Mais pourtant, quelques heures plus tôt il avait dit qu'un jour nous serions en couple. C'est ce que je voulais mais comme je l'avais dit, ce n'était pas le moment pour ça.

J'étais perdue, je ne comprenais plus ses agissements et ses dires.

Pour oublier mes tourments, je me rendis dans la chambre de Gabriel et nous jouâmes jusqu'au dîner. Je m'étais attaché à mon neveu. J'ignorais quand ma sœur reviendrait le chercher. Dans un coin de ma tête, je me disais qu'elle ne pouvait pas l'avoir abandonné, pas comme ça. Mais pourtant, au fil des jours, Gabriel ne réclamait pas sa mère. Il ne demandait pas après elle, n'en parlait pas. Depuis l'épisode de l'hôpital, il ne m'avait jamais rappelé « maman ». C'était soit Louna, Loulou ou bien Tatie. L'entendre m'appeler Loulou était souvent pour moi un pincement au cœur, car dans notre enfance, c'était ainsi qu'Elena me surnommait.

Nous dînâmes tous les deux dans la bonne humeur. Gabriel était un vrai moulin à paroles et il était bien difficile de s'ennuyer en sa présence.

-Dis Loulou ? Me demanda-t-il alors que je rangeais nos assiettes dans le lave-vaisselle. Il était debout à côté de moi. Je relevais la tête vers lui.

-Oui ?

-Ken, c'est ton amoureux ?

J'eus un énorme pincement au cœur. L'image de Ken, les mots de Ken, tout me revint.

Je voulais crier que oui.

-C'est compliqué, répondis-je.

Il sembla faire la moue.

-C'est des problèmes d'adulte ?

Je souris et acquiesçais.

Il haussa les épaules.

-Dommage, je l'aimais bien.

Mon sourire s'agrandit. Moi aussi, mon chéri. Plus que bien même.

Finalement je me couchais, ses mots revenant sans cesse dans ma tête.

On en avait envie tous les deux.

On en avait envie tous les deux.

Galatée // NEKFEUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant