28/ ✿ LOUNA ✿

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Je n'avais pas fermé l'œil de la nuit. J'avais d'abord combattu avec mon lit et ma couette pour trouver une position. J'avais ensuite fumé deux ou trois clopes sur mon balcon à observer Paris. Puis j'avais erré dans l'appartement. J'avais pleuré plus d'une heure après avoir trouvé le doudou de Gabriel. Je l'avais serré dans mes bras, le visage ravagé par les larmes. Enfin, quand le soleil s'était levé, j'avais enfilé une salopette en jean, j'avais fait une ridicule queue de cheval puis j'avais peint. Pendant des heures, j'avais exprimé ma colère, ma tristesse, ma haine envers Elena.

Tout.

Tout avait explosé.

C'était à peine si j'avais entendu la porte de l'atelier s'ouvrir.

-Louna ?

Je me retournais et vis Inès. Elle parut choquée en me voyant. Cela devait être horrible à voir. Mes yeux étaient rougis. Mes joues étaient baignées de larmes.

Elle s'approcha de moi et me prit dans ses bras. Elle caressa mon dos puis mes cheveux comme pour me rassurer.

-C'est un cauchemar, dis-je dans son cou.

-Tout va s'arranger, me rassura-t-elle mais je ne la croyais pas. Comment cela pouvait-il s'arranger ? Tout était une catastrophe.

On se décala l'une de l'autre puis nous montâmes dans l'appartement. Je fis chauffer de l'eau puis nous bûmes un thé.

-Gabriel m'a appelé maman, lâchais-je.

Inès se tourna vers moi, la bouche entrouverte, aucun son ne sortant de sa bouche.

-Ma sœur est partie en abandonnant son fils, ajoutais-je. Mon neveu n'a plus que moi et mon père pour l'instant.

-Qu'est-ce que tu vas faire ?

J'haussais les épaules le regard rivé sur le canapé du salon.

-M'occuper de Gabriel jusqu'à ce qu'Elena revienne.

-Tu crois qu'elle va revenir ?

J'enlevais le sachet de thé de ma tasse.

-Aucune idée. Je crois qu'elle n'a jamais vraiment voulu de Gabriel, je crois qu'elle est tombée enceinte par accident et que sur un coup de tête elle a choisi de le garder mais que très vite elle s'est rendue compte que s'occuper d'un enfant en bas-âge avec sa carrière s'était impossible. Alors une femme s'occupait à plein temps de Gabriel. Et moi, quand je l'ai gardé, j'ai pris plus soin de lui et je lui ai offert plus d'attention que ses propres parents ne l'avaient jamais fait.

-Tu lui as dit quoi à ton neveu ?

Je repensais à la discussion que j'avais eu avec Gabriel à l'hôpital. Mon cœur se serra quand je revis son visage tout triste.

-Il a dit que j'étais sa mère, qu'Elena n'était pas gentille, ne s'occupait pas de lui alors que moi si.

Inès termina son thé et sembla réfléchir.

-De toute façon tu ne peux pas le laisser seul.

-Bien sûr que non ! M'exclamais-je. Je suis pas un monstre.

Alors que j'étais déjà sur les nerfs et que je ne voyais pas comment cela allait s'arranger, la sonnette retentit. Je me levais tout en m'excusant auprès d'Inès et allais ouvrir.

Moh se tenait sur le palier, le visage fermé.

-Salut, dit-il. Je peux te parler.

Galatée // NEKFEUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant