"J'y pensais seul la nuit sous les traits d'un jeune homme inquiet
Quand la Lune dort le Soleil luit, moi je ne vois qu'elle" (Dans l'Univers)
Je mis un temps considérable pour atteindre la porte de sa chambre. Lorsque ma main fut sur la poignée j'hésitais un moment, la peur au ventre, les battements de mon cœur s'accélérant.
Puis, j'abaissais la poignée blanche et poussais la porte. Je la refermais aussitôt que je fus entrée. Dans la chambre, il régnait un calme, un silence mortuaire.
Quand je me décidais à la regarder, mon cœur se brisa une deuxième fois.
La voir comme ça, allongée sur ce lit d'hôpital, me figea sur place. Je dus faire un effort considérable pour rester debout sur mes deux jambes.
Louna était allongée sur le lit d'hôpital blanc. Une couverture blanche était remontée jusqu'à sa poitrine, laissant entrevoir son cou, sa tête et ses deux bras. Ce fut d'ailleurs à ce moment-là que je remarquais les bleus sur ses bras dont avait parlé le médecin.
Louna était reliée à différentes machines avec des tuyaux. Je ne pus m'empêcher de fixer la machine qui montrait son rythme cardiaque pour m'assurer qu'elle était en vie.
Elle semblait sereine, calme. J'approchais une chaise de son lit et m'assis à ses côtés.
Je pris sa main dans la mienne et la serrait comme si ma vie en dépendait.
Ironie du sort : sa vie en dépendait.
-Louna, chuchotais-je. Tu dois te réveiller, pour toi, pour ton père, pour ta grand-mère, pour Gabriel, pour Moh et pour moi. On en a encore tellement de choses à vivre ensemble. Je vois mon futur avec toi, j'ai déjà imaginé pleins de choses avec toi, rêvais de pleins de choses que t'as pas le droit de partir et de me laisser parce que je sais que je m'en remettrais pas.
Une larme roula sur ma joue mais je continuais.
-Je t'aime, putain, je t'aime comme j'ai jamais aimé et ça fait mal. J'ai mal de te voir comme ça, allongée sans ton sourire, tes beaux yeux bleus. Je donnerai tellement pour revoir tes beaux yeux bleus. Qu'ils me fixent comme tu sais si bien le faire. Et tes lèvres. Sentir tes lèvres contre les miennes. Je veux pas que ça s'arrête.
Mon visage était inondé de larmes.
Je regardais ma montre. J'étais là depuis plus de cinq minutes. Je me levais. J'embrassais son front puis ses lèvres.
Après un dernier regard, je sortis de la chambre.
Il y avait presque foule dans le couloir. Les gars étaient là. Mekra fut le premier à venir vers moi et je me sentis faible lorsque je m'écroulais de pleurs dans ses bras. Entre deux sanglots, je vis Ana entrer dans la chambre à son tour. Mekra me tapota le dos doucement pour me calmer.
Il me fallut une bonne quinzaine de minutes pour reprendre mon calme. C'est alors que je vis qu'Alma, ma sœur, était aussi là.
-Alma ?
Elle ne répondit pas et prit aussi dans ses bras.
-Moh m'a prévenu.
Je fronçais les sourcils mais elle ne le vit pas. Je ne rétorquais rien n'ayant pas la force et quand elle me lâcha, je m'assis sur une chaise. Alma s'assit entre Moh et moi. Doums s'assit aussi. Seuls, Framal et Mekra restèrent debout. Doums s'était excusé de l'absence d'Adèle en disant qu'elle devait garder Ismaël, j'avais souri. Il y avait pas d'excuse à voir. Tout le monde ne pouvait pas être là, c'était normal.
Adriano était à l'écart et je le sentais mal à l'aise d'être à proximité des deux kabyles.
La journée fut longue. Très longue. Il ne s'était rien passé. J'étais allée plusieurs fois au chevet de Louna mais son état ne s'améliorait pas. La « bonne nouvelle » s'était qu'il ne se dégradait pas non plus.
-Tu devrais rentrer te reposer Ken, me proposa Ana alors qu'elle se levait pour partir.
Mais je secouais la tête, refusant.
-Je veux pas qu'elle se réveille et que je sois pas là.
Ana sourit.
-Elle t'en voudra pas, elle t'aime, lâcha alors Adriano pour la première fois de la journée. Tout le monde se tourna vers lui, surpris.
Il hocha la tête.
-Elle me l'a dit l'autre soir.
Je fronçais les yeux. Je fis un pas vers lui et j'entendis les deux frères derrière moi avancer aussi.
-Comment ça elle te l'a dit l'autre soir ? Vous étiez ensemble ?
Mon cœur se mit à battre de plus en plus fort. Evidemment, j'avais toujours eu confiance en Louna et jamais je n'avais douté d'elle mais j'avais peur de ce qu'il pouvait dire.
-On veillait sur Ana et elle m'a dit qu'elle t'aimait et que tu la rendais heureuse. Tout ce que moi je ferais jamais.
Ma respiration redevint normale. Personne ne dit rien, pas même moi. Ana et Adriano nous saluèrent et quittèrent l'hôpital.
Je me rassis sur un chaise.
-Vous pouvez aller dormir, dis-je à l'attention de tous mes potes et de ma sœur.
Mais ils secouèrent tous négativement la tête.
Il y eut d'abord un silence puis tout à coup Doums, plus sérieux que jamais me dit :
-Alors c'est elle ? Je fronçais les sourcils ne comprenant pas, alors il continua. Celle qui va te rendre heureuse, celle que tu vas aimer toute ta vie. C'est Louna ?
Un sourire, bien que triste, se forma sur mon visage.
-Oui, c'est elle.
-T'es sûr que tu veux pas aller te reposer chez papa et maman ? Me demanda Alma, inquiète de mon état.
Nos parents habitaient ici, à Nice. Je refusais. Je ne voulais pas avoir à tout leur raconter, c'était trop. Je n'avais plus la force. Alors comme la nuit précédente, je ne dormis pas. Je restais dans ce couloir au mur blanc, sur cette chaise, le regard rivé sur la porte de sa chambre. Le médecin avait refusé que je reste dans sa chambre pour la nuit. J'avais été déçu mais je n'allais quand même pas contester l'avis d'un médecin et puis c'était pour le bien de Louna.
La nuit fut longue mais le temps tout comme mon cœur sembla s'arrêter lorsque vers 4 heures du matin, le médecin accompagné de deux infirmières fonça en urgence dans la chambre de Louna. Mon cœur et mes jambes bondirent et je me retrouvais debout, soutenu par mes khos en une fraction de seconde.
Ils restèrent enfermer dans la chambre pendant plus d'une heure. Je ne voulais pas faire de conclusion hâtive alors je ne dis rien et je retenais mes larmes. Dans un monde qui me paraissait lointain, Sneazz m'annonça qu'il avait appelé le père de Louna. Je ne réagis même pas.
Enfin, à 5h11, je m'en souviendrais probablement toute ma vie de cette heure, le médecin ressortit dans le couloir. Il nous regarda le visage impassible. Je n'arrivais pas à voir ses émotions, ni à envisager et prédire ce qu'il allait annoncer. Mon cœur et ma respiration s'étaient mis sur pause.
A 5h11, le temps s'était arrêté.
A 5H11, ma respiration s'est coupée.
A 5h11, mon cœur s'était arrêté.
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Galatée // NEKFEU
أدب الهواةLui, Ken, rappeur. Elle, Louna-Rose, photographe. Lui, Ken, coureur de jupons. Elle, Louna-Rose, indépendante. Lui, Ken, grec. Elle, Louna-Rose, grecque. 1# Doums : 10/04/2019 1# Nekfeu : 17/05/2019 1# Grèce : 22/05/2019 1# Ken: 19/06/2019 1# phot...