54/ ✿ LOUNA ✿

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« Dans l'quartier, on s'y fait
Dans l'but de vite s'en tirer, hey
Qui aurait pu penser que nos destins soient liés ?
Qu'on les ferait danser ce que certains voient briller
Pas d'sous en poche, on s'débrouillait pour s'habiller
Pas d'téléphone, on déboule sur ton palier »
(CDGLAXJFKHNDATH)

-Plus à gauche, ordonnais-je.

Ils déplacèrent le tableau dans le sens demandé. Finalement, je fronçais les sourcils.

-Un poil à droite, indiquais-je.

Les deux kabyles soupirèrent mais décalèrent néanmoins le tableau.

Je caressais mon ventre, satisfaite. Je les remerciais et ils descendirent de l'escabeau.

Je leur apportais chacun une tasse de café.

-Merci, dis-je.

Les deux kabyles me sourirent.

-T'as vu Moh ces derniers temps ? Me demanda Framal.

Je clignais des yeux.

-Oui, quelques fois. Il ne sort pas beaucoup de son appartement.

-On ne le voit plus, fit Mekra.

J'acquiesçais.

-Il veut voir personne.

Framal soupira.

-Et Ken ?

-Il se sent toujours aussi mal mais il est borné. Il est persuadé que Moh n'acceptera pas ses excuses alors il n'essaie pas. Pareil pour Alma, il ne lui a pas reparlé.

-Ils sont vraiment cons ! S'emporta Mekra.

J'hochais la tête.

Des semaines que Ken n'allait pas bien à cause de ça.

Des semaines que Moh ne sortait pas de chez lui.

Des semaines qu'Alma ressemblait à un zombie.

Ils souffraient tous les trois mais personne ne semblait prêt à faire le premier pas.

Pourtant, crever l'abcès était la meilleure chose à faire. Un bon règlement de compte et tout rentrerait dans l'ordre. Enfin c'était ce que j'espérais.

1 semaine plus tard,

J'étais stressée.

Ce n'était pas bon pour le bébé mais je ne pouvais m'empêcher d'appréhender.

Est-ce qu'ils allaient m'en vouloir ?

Est-ce que j'étais entrain de me mêler de ce qui ne me regardait pas ?

De mon point de vue non, puisque les gens que j'aimais étaient attristés.

Ken me suivait. Il trainait des pieds, les mains dans ses poches.

Nous étions à quelques mètres de ma galerie.

Quand nous fûmes devant, je m'arrêtais, Ken à mes côtés.

Il fronça les sourcils.

-On devait pas aller au cinéma ? Me demanda-t-il.

-Si, mentis-je.

Je ne lui laissais pas le temps de répliquer et nous entrâmes à l'intérieur.

Comme je l'avais prédit, Alma était encore là. Ces derniers temps, c'était elle qui faisait la fermeture et ce soir n'échappait pas à la règle. Ken se stoppa dans le milieu de la galerie et sa sœur fronça les sourcils à sa vue. Je posais mon sac sur le comptoir.

Les deux grecs me fusillèrent du regard mais ils ne furent pas au bout de leur peine lorsque la porte d'entrée de la galerie tinta indiqua une nouvelle entrée.

-Bon, je te préviens, j'ai pas toute la soirée, fit une voix qui se stoppa net aussitôt qu'il releva la tête.

Moh écarquilla les yeux.

Je les regardais tous, l'air désolé mais résigné.

-J'espère sincèrement que vous allez pouvoir vous dire ce que vous avez sur le cœur et régler cette histoire. Peut-être que ça ne me regarde pas mais je vous aime et vous souffrez, expliquais-je.

Je repris mon sac à main. Je posais une main sur l'épaule de mon meilleur ami avec un sourire encourageant puis sortis de la galerie.

J'espérais sincèrement qu'ils allaient pouvoir régler leur différents.

Les lampadaires illuminaient les rues parisiennes que j'arpentais pour rentrer à l'appartement. Je souris en touchant mon ventre plus que rond. Nous attendions avec impatience l'arrivée de notre petite fille. La vie ne m'avait pas toujours gâtée mais ces derniers temps elle était plutôt sympathique avec moi.

Quelques jours plus tôt, Ken et moi avions enfin choisi le parrain et la marraine après des semaines de débats ! L'affaire n'avait pas été simple tout comme le choix ! Forcément, il y aurait des déçus mais comme Ken l'avait si bien dit, il espérait que notre futur petite fille ne serait pas notre seul enfant. Eh oui ! Ken m'avait ouvert son esprit et m'avait fait part de son envide déjà ! d'avoir un autre enfant.

Je n'avais pas forcément été surprise. Moi aussi je voulais fonder une famille avec lui et peu importe quand nous aurions des enfants du moment que nous étions ensemble et heureux.

D'autre part, la chambre de notre futur petite déesse grecque était quasiment terminée. Les murs et la décoration étaient faits. Le lit, la commode et la poussette étaient montés. Le dressing était déjà rempli de vêtements. Le bac en bois pour les jouets étaient déjà presque pleins et il ne restait plus qu'à monter le parc à jeux. Au sol, les tapis étaient déjà prêts et les peluches posées dans le lit n'attendaient plus que notre princesse. C'était une chambre rêvée et exactement celle que j'avais imaginé pour ma fille. De son côté, Gabriel aussi était aux anges, ne cessant de parler de sa future petite sœur. Je savais déjà qu'il serait un très bon grand frère, protecteur et sachant montrer l'exemple. Je pourrai compter sur lui sans problème.

Après plusieurs minutes de marche, j'arrivais enfin à l'appartement. Je consultais mes messages et fus soulagée de ne pas avoir de sms de Ken, Moh ou Alma. Je me disais que sûrement ils étaient en pleine conversation et c'était ce que j'espérais au plus profond de moi. Que toute cette histoire ne soit qu'un mauvais souvenir. Que l'on puisse enfin passer à autre chose.

Galatée // NEKFEUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant