12/ ♫ KEN ♫

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"Je suis qu'un passant qui te décrit ce décor-là

                                   Je me sens comme Maupassant quand il écrivait Le Horla" (Le Horla)

Je ne maîtrisais plus mes pensées. Je ne maîtrisais plus mon cœur. Je ne maîtrisais plus mes sentiments. Je ne maîtrisais plus mes gestes. Je ne maîtrisais plus ma vie.

Depuis que Louna y était entrée, elle avait tout bousculé et je ne savais plus où j'en étais. Comme si en quelque sorte, elle avait remis toute ma vie en question. Cela paraissait complétement idiot et pourtant c'était la sensation que je ressentais quand je quittais sa galerie pour rejoindre Moh. Je pestais d'ailleurs contre ce dernier car il nous avait interrompus dans un moment intime. Devant Louna, je n'avais pas pu cacher ma déception de devoir partir.

Avoir assisté à la scène entre Louna et son père m'avait appris de nombreuses choses dont une que je soupçonnais : Louna était fragile malgré ce qu'elle laissait paraître. J'avais appris son vrai prénom que Moh avait failli lâcher lors de notre rencontre : Louna-Rose. Un magnifique prénom qui la rendait encore plus parfaite. Prénom qu'elle n'avait cependant pas l'air d'apprécier. Je me doutais qu'avec le divorce de ses parents, les évènements à suivre n'allaient pas être les meilleurs de sa vie et une envie venue de je ne sais où, voulait que moi, Ken Samaras, sois là pour l'aider, pour surmonter ces épreuves. Et j'étais d'accord. Je voulais être là pour elle parce que d'une façon ou d'une autre, j'avais la nette impression qu'elle était devenue indispensable à ma vie. Perdu dans mes pensées, c'est seulement lorsque je vis la porte de mon immeuble que je réalisais que j'avais zappé de m'arrêter chez Moh. Le fait est que l'inspiration ayant soudainement fait son apparition pendant le trajet, je montais chez moi et me ruais sur mon carnet et me mis à écrire.

Je commençais par écrire quelques lignes que je rayais presque aussitôt, insatisfait par les mots. Une autre vague arriva et je couchais sur le papier les mots qui me vinrent. Au bout de plusieurs lignes, je lus le premier couplet qui me parut parfait.

Mauvaise graine, mauvaise graine
Une mauvaise graine, yeah
À six ans, j'ai dû voir un psy, j'ai dû voir un psy
À seize ans, j'ai dû voir un psy, mauvaise graine
À six ans, j'ai dû voir un psy, j'ai dû voir un psy
À seize ans, j'ai dû voir un psy

Mauvaise graine alors je mords le métal
J'ai pas besoin de leurs merdes ornementales
J'ai connu la galère et je n'en redemande pas
Je sais que devenir quelqu'un demande énormément d'taf
Mauvaise graine, j'ai pas la tête de l'emploi
La mort vient scred', mais la mort ne ment pas
Les mômes espèrent d'la monnaie monumentale
Avant d'avoir le respect, essaye d'avoir le mental
Mais mauvaise graine soulèvera des montagnes
Je veux voir le mauvais chemin, déçu par nos voies
On ne confond pas l'honneur et l'orgueil
On a tous, dans le cœur, le rayonnement des supernovas

Ce n'était certes que quelques lignes mais cela me parut parfait. Alors je continuais d'écrire, encore et encore jusqu'à plus d'inspiration. En deux heures et quelques ratures, Mauvaise Graine fut écrite. J'étais tellement fier que je pris mon carnet et sortis en trombe de l'appartement. Je courais presque dans les rues de Paris jusqu'au studio où j'espérais qu'Hugz soit encore là. Habituellement, il passait ses journées entières dans le studio. Quand je rentrais, je fus ravi quand je vis mon pote en train de bosser comme d'habitude. C'était aussi grâce à lui que mon premier album, Feu, avait été un succès.

Hugz se retourna quand il m'entendit arriver.

-Salut mec ! Me salua-t-il en me checkant.

Galatée // NEKFEUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant