45/ ♫ KEN ♫

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« "Il faut qu'je fasse le point, je n'suis pas devin mais si je clamse demain
J'veux pas qu'l'impact d'une balle de flingue devienne mon clap de fin" »
(1er rôle)

J'étais au studio lorsque mon bigo sonna. L'écran indiquait un numéro inconnu. J'hésitais à décrocher puis appuyais finalement sur la touche verte.

-Allô ?

-Mr Samaras ?

-Oui, c'est moi.

-Bonjour, je suis le médecin qui s'est occupée de Mlle De Vignon, votre compagne, à Nice.

Mon cœur s'emballa.

-Il y a un problème ?

Je m'éloignais des gars et sortis dans la cour de l'immeuble pour être tranquille.

-Disons que Mlle De Vignon est enceinte de quatre mois, elle a d'abord fait un déni de grossesse mais comme maintenant elle est au courant elle doit consulter une sage-femme. Je vous appelle parce que ma confrère n'a toujours pas reçu votre compagne. C'est très important qu'elle aille la voir pour sa santé et celle du bébé.

Ma respiration se coupa une deuxième fois. Je n'avais pas les mots, je ne savais pas quoi répondre à ce médecin.

-Ah, euh...

-Vous étiez au courant ?

-Oui...oui, bien sûr, mentis-je pour faire bonne figure et ne pas aggraver le cas de Louna.

-Bien, alors pourriez-vous la convaincre que c'est important qu'elle aille consulter ?

Je passais ma main sur mon visage en soufflant.

-Oui, bien sûr.

Il me remercia et raccrocha.

-Putain !

Je rentrais dans le studio, furieux. Je ramassais ma veste et sortis du studio sous le regard surpris des gars. Je fonçais tout droit vers notre appartement réclamant des explications. Quand j'entrais, je claquais violemment la porte d'entrée et allais m'asseoir sur le canapé, la conversation résonnant dans ma tête. Quelques minutes plus tard, Louna apparut.

-Ken ? Demanda-t-elle.

Je relevais la tête vers elle. Elle fronça les sourcils.

-Qu'est-ce qu'il se passe ?

-Tu oses me demander ce qu'il se passe ? Demandais-je avec une voix cinglante.

Elle haussa les épaules.

Je me levais du canapé mon portable dans les mains. Je montrais le téléphone.

-Le docteur qui t'as soigné à Nice m'a appelé, lâchais-je.

Elle fronça les sourcils.

-Quoi ? Comment ça il t'a appelé ?

-T'aurais pas omis de me dire un truc ? Un truc genre hyper important qui me concerne ?

Elle semblait dans l'incompréhension et moi c'était la première fois que je la regardais avec de la colère dans les yeux. Au fond, je m'en voulus aussitôt d'éprouver de la colère et de la haine envers elle.

-Ken, commença-t-elle doucement. Je suis désolée mais je ne comprends pas de quoi tu parles.

Mais cela ne fonctionna pas. Ce fut même pire, ma colère redoubla d'intensité et je lui balançais la suite pleins de rage.

-Ton médecin m'a appelé, criais-je. Il s'inquiétait que tu ne l'appelles pas. Je lui ai demandé pour quelle raison. Il m'a demandé « Mlle De Vignon est enceinte de quatre mois, elle a d'abord fait un déni de grossesse mais comme maintenant elle est au courant elle doit consulter une sage-femme ». Il m'a dit qu'il t'avait donné l'adresse d'un confrère mais que tu n'y étais pas allée. Putain comment t'as pu me cacher ça ?! A moins qu'il soit pas de moi ?

Ses épaules s'affaissèrent. Son regard tomba sur le sol. Un poids sembla s'abattre sur elle. Comme elle ne répondait pas je criais un grand coup. Je vis des larmes dévaler ses joues et cela me brisa le cœur. Je partis en claquant la porte. Je dévalais les escaliers à toute vitesse. Je sortis dans les rues de la capitale et me mis à marcher vite.

Très vite.

Sans savoir où aller.

Sans but précis.

Les minutes qui suivirent mon bigo sonna à maintes reprises mais je ne répondis pas. Je finis par me poser sur un banc face à la Seine le regard dans le vide. Je restais là des heures. 

Des heures à observer les passants.

Des heures à observer la Seine.

Des heures à entendre les gamins crier.

Des heures à entendre les parents engueuler leurs enfants.

Des heures à m'imaginer faire la même chose avec Louna.

****

Il était 23h00 quand je me décidais à rentrer. J'avais honte de moi. Finalement après avoir réfléchis de longues heures face à la Seine, j'avais réalisé que j'étais parti précipitamment. Je ne lui avais même pas laisser le temps de s'expliquer. Je montais les escaliers de notre immeuble et une fois devant la porte de notre appartement, j'hésitais.

Lorsque j'entrais, l'appartement était plongé dans le noir. J'enlevais mes chaussures et avançais sur la pointe des pieds. Une fois dans le salon, je distinguais la silhouette de Louna allongée sur le canapé. Elle semblait dormir à point fermer. Je m'approchais d'elle et étalais une couverture sur son corps. Je lui embrassais le front et montais à l'étage. J'allais vérifier la chambre de Gabriel et quand je fus certain qu'il dormait je fermais la porte de sa chambre. La chambre d'ami était occupée par Fram' que j'entendais ronfler à l'autre bout du couloir. Quant à Ismaël il était dans son berceau dans notre chambre. Lui aussi dormait comme un loir. Je pris un short dans un tiroir et allais dans la salle de bain pour me changer. J'essayais de faire le moins de bruit possible. Une fois dans la salle de bain, je fermais la porte doucement. J'allais me déshabiller lorsque deux trucs blancs posés sur le rebord de la baignoire attirèrent mon attention. Lorsque j'approchais je reconnus des tests de grossesse. Mon cœur s'emballa. Je regardais les résultats.

Les deux étaient positifs.

Puis alors, j'en conclus que j'étais hyper con. Ouais genre un gros con. Un mec pas capable d'écouter sa copine. Un mec inconscient et irresponsable.

Si elle avait fait ces tests c'est qu'elle n'était pas au courant.

Elle ne savait pas qu'elle était enceinte. Pourtant le médecin m'avait assuré qu'il lui avait dit. Je ne comprenais plus rien. J'étais paumé et je savais que la seule manière de comprendre c'était d'écouter les explications de Louna.

La seule chose que j'étais en manière de réellement comprendre c'était que Louna était enceinte. 

Ce qui impliquait que nous allions avoir un bébé.

Ce qui impliquait que j'allais être papa.

Je n'étais clairement pas prêt à ça et pourtant savoir, que j'allais partager ce rôle avec Louna, me faisait prendre la chose différemment.

Comme si avec elle, j'étais capable.

Comme si avec elle c'était possible.

Finalement je m'endormis avec la pensée que j'allais être papa.

Que nous allions être parents.

Galatée // NEKFEUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant