Chapitre 31

11.1K 994 5
                                    

De son bureau, Joris entendait la respiration hachée de sa protégée qui montrait toute sa détresse. Elle était pétrifiée à l'idée que tout soit de sa faute. Elias avait bien fait de l'appeler.

-Marie, écoute-moi, tenta-t-il de capter son attention. J'ai alerté la police, ils ne tarderont pas à le retrouver. Quant à toi, tu vas rentrer et tâcher de te calmer. Je suis sûr que ce n'est pas de ta faute s'il a fui. Je te l'ai dit, Néo est fragile mais je refuse de croire que ce soit toi qui l'ait blessé, il a dû se passer autre chose.

Comme il aurait voulu presser son corps contre le sien pour la rassurer. Mais il ne pouvait même entendre sa voix, juste sa respiration précipitée. Il lui demanda de repasser le combiné à Elias pour lui donner quelques instructions.

-Elias, je te fais confiance. Assure-toi qu'elle rentre à la villa saine et sauve. Je me charge de retrouver Néo.

-Fais vite, je pense qu'elle ne sera rassurée que lorsqu'il sera à l'abri.

L'homme coupa la communication et entraîna la protégée de son cousin à l'intérieur du bâtiment avant d'appeler le chauffeur qui avait conduit Marie et Néo jusqu'à l'Institut. Il déposa une serviette sur ses épaules frêles, conscient que Joris le tuerait si elle prenait froid.

Marie, après avoir entendu la voix de Joris, se laissa trimballer sans opposer de résistance pour partir elle aussi à la recherche de Néo. Trop faible. Elle était trop faible pour être utile et cette vérité ne lui avait jamais parue aussi cruelle. Peut-être valait-il mieux laisser Joris réparer une fois de plus ses erreurs...

Anéantie et seule, elle se repassait la scène en boucle, la décortiquant pour enfin comprendre ce qui avait poussé l'enfant à s'échapper. Elias avait décidé de rester à l'Institut au cas où Néo reviendrait de lui-même. Un éclair tonna tandis que la voiture grimpait jusqu'à la villa. C'était la première fois qu'elle voyait autre chose que le beau soleil grec. Comme si le temps s'accordait avec la situation tragique.

Mais lorsque la voiture s'arrêta sur le gravier, un bruit retint Marie.

-Mademoiselle, qu'y a-t-il ? demanda le chauffeur, agacé d'être retenu sous la pluie.

Sans prendre la peine d'écrire sur son carnet, elle contourna l'engin jusqu'au coffre. Le son était infime mais il lui semblait bien avoir entendu un éternuement. Elle souleva la pièce de métal, ignorant les gouttes d'eau qui dévalaient son visage. Néo. Recroquevillé, tout tremblant et froid. Aussitôt, elle le couvrit de sa veste et courut à l'intérieur, suivie du chauffeur interloqué. Elle retint un sanglot en le déposant sur le lit.

Il était là, enfin retrouvé.

Un nouvel éclair annonça la fin de l'électricité dans la villa. Comment Marie allait-elle bien pouvoir prévenir Joris que l'enfant était avec elle ? Les recherches pouvaient être suspendues. Le téléphone fixe ne marchait plus sans électricité. Elle fixa le chauffeur qui heureusement comprit rapidement ce qu'elle attendait de lui. Il sortit à la hâte son téléphone portable qui s'éteignit à la seconde où il l'alluma.

-Désolée Mademoiselle... Plus de batterie.

Marie crut qu'elle allait l'étrangler. Quelle organisation... Elle jeta un coup d'œil à sa montre. Vingt-deux heures. Paula était déjà partie. Il fallait alors se résoudre à prendre une décision qui ne lui plaisait pas du tout.

"Tous les moyens de communication sont coupés avec la coupure d'électricité. Vous allez retourner à la ville et avertir tout le monde que Néo est ici avec moi. Il est trop dangereux de le redescendre maintenant à l'orphelinat."

Elle jeta un œil sur l'enfant inanimé dont la peau se couvrait d'une fine pellicule de sueur. La fièvre commençait déjà à l'envahir. Le chauffeur acquiesça et sortit de la villa au pas de course.

Seule dans l'immense et sombre demeure, Marie se couvrit les oreilles quand le tonnerre gronda. Elle fouilla les tiroir et en sortit une lampe torche. L'obscurité la pétrifiait mais la santé de Néo lui importait davantage que sa frayeur. Délicatement, elle le nettoya à l'aide d'un linge humide et déposa une compresse froide sur son front. À la suite de ça, elle le couvrit d'une couverture de plus. Ici s'arrêtaient ses compétences en médecine.

Les heures passaient. Bon sang, que faisait Joris ? Elle avait désespérément besoin de lui... Jamais elle ne s'était sentie aussi inutile et fautive. Et à cause d'elle, Néo était tombé malade.

Soudain, la lumière de la lampe torche vacilla jusqu'à s'éteindre. À croire que tout se mettait contre elle. De la sueur froide coula dans son dos. Un bruit la fit sursauter et elle se précipita auprès de Néo. Quelqu'un avait pénétré dans la chambre. Elle distinguait une ombre. Une main attrapa son bras et ce fut comme un électrochoc. Elle se débattait, mue par une peur immense.

-Hé, calme-toi ! C'est moi...

Au son de sa voix, Marie éclata en sanglots. Enfin...

Joris, après que son chauffeur James l'ait averti de la situation, s'était précipité à la villa. En effet, Marie avait fait le bon choix en décidant de rester avec Noé à l'abri. Avec le temps qui se déchaînait dehors, il était bien trop dangereux de sortir. Persuadé de la retrouver effondrée, c'est avec une grande joie qu'il avait constaté qu'elle avait bien su gérer la situation. Elle avait attendu son retour pour craquer. En un coup de main, il rétablit l'électricité dans la maison et administra tous les médicaments nécessaires à Néo.

Il la prit dans ses bras, tâchant de la rassurer du mieux qu'il pouvait.

D'une main tremblante, elle écrivit tout ce qui s'était produit ces dernières heures ainsi que son désarroi quand Néo était parti sans explications. Soudain, son regard se voila.

-Marie, qu'est-ce qui se passe, tu te sens bien ?

"Je sais ! Je sais qu'est-ce qui l'a poussé à partir !"

Joris fronça les sourcils, n'ignorant pas qu'un enfant aussi traumatisé que Néo n'avait pas forcément de raison pour s'enfuir ainsi. Il pouvait simplement se sentir oppressé sans que quelqu'un ne l'ait provoqué. Il l'enjoignit à s'expliquer, soucieux qu'elle se sente encore coupable à tort.

"Tu m'avais dit que sa mère s'était pendue devant lui ? tournait-elle en cercle dans la chambre. Avant que l'on parte, Elias a manipulé des cordes d'un violon. C'est ce qui a dû lui rappeler la corde avec laquelle elle s'est suicidée."

Une petite main attrapa la sienne et la pressa comme pour acquiescer silencieusement.




AttractionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant