Le silence devenait pesant. Marie tentait vainement de sécher ses larmes tandis que Joris fixait la route, le visage sans expression.
En vérité, l'homme était plutôt désarmé par ses larmes. Elle ne feignait pas la tristesse, elle était réellement détruite.
-Arrêtez donc de pleurer, ça ne sert à rien.
La jeune femme le fusilla du regard.
"Oubliez- moi un peu."
-Je ne vous comprends pas. Votre vie ici est misérable. Vous faites les tâches ingrates que votre grand-père ne peut plus assumer, vous n'avez pas d'amis...
"Ambre ?"
-Hormis Ambre. Et elle est malade. Vous n'avez pas de travail et votre aphasie n'aide pas.
"Je n'ai pas choisi de perdre la voix", écrit-elle tristement.
-Bien sûr. Ce que je veux dire, c'est que vous pourriez avoir une meilleure vie en vous donnant les moyens. Pourquoi ?
"Croyez-moi, ces derniers mois ont pourtant été les meilleurs de ma vie."
Il fronça des sourcils mais ne répondit rien néanmoins. Tant mieux car elle ne souhaitait pas répondre à toutes les insinuations qu'il pourrait omettre. Après une demi-heure de route, ils arrivèrent à l'aéroport. Curieusement, la limousine ne se dirigea pas vers le parking du bâtiment mais directement sur la piste de décollage. Il avait son propre jet privé !? Incroyable... D'une main derrière son dos, il la guida jusqu'à l'avion. En pénétrant dans l'habitacle, le luxe lui fit écarquiller les yeux.
-Que se passe-t-il ? Vous semblez avancer à reculons.
Marie baissa les yeux en s'asseyant sur le siège qu'il lui désignait, honteuse.
-Vous n'avez jamais pris l'avion ?
"Ça vous étonne ?"
-Un peu, oui. Votre ex-mari était riche avant de finir endetté jusqu'au cou. J'ai pensé qu'il vous aurez sans doute trimbalé aux quatre coins du monde pour découvrir tous les casinos existants.
"Eh bien vous vous trompez."
Joris jeta un regard en coin sur la jeune femme. Ses doigts se crispaient sur les accoudoirs en cuir et sa respiration s'accélérait au fur et à mesure que l'hôtesse débitait les consignes de sécurité. En temps normal, il n'y aurait pas porté d'intérêt. Aujourd'hui, il s'inquiétait pour elle. La jeune femme, quant à elle, avait l'impression d'étouffer. D'une part à cause du décollage imminent. D'autre part à cause du regard perçant qu'il lui jetait. Il l'observait, l'analysait. Ses questions la mettaient mal-à-l'aise. L'homme agissait comme un espion envers son endettée, dans l'optique de connaître la personne à qui il avait affaire. Et puis ses yeux froids la glaçaient entière. Sa beauté la terrifiait. A ses côtés, elle était tellement minuscule...
-Ça va aller ? Je peux retarder le vol... murmura-t-il en s'accroupissant devant elle.
Elle secoua rapidement la tête. Pourquoi autant d'attention ? Elle lui devait une somme d'argent faramineuse et son mari l'avait fui lâchement ! Pourquoi n'était-il pas plus cynique avec elle ? Elle sursauta lorsqu'il effleura sa cuisse.
-J'attache juste votre ceinture. Tout ira bien alors respirez.
L'avion décolle enfin. Marie en a le souffle coupé. A travers le hublot, elle observe le sol qui rapetisse au fil des secondes. Elle qui craignait que l'avion ne s'écrase qu'après une minute dans le ciel, elle était maintenant plus fascinée qu'effrayée. A ses côtés, Joris sortit son ordinateur portable et se mit à travailler. Ses lunettes le rendaient plus sérieux encore. Il était tellement beau, concentré ainsi... "Houlà, qu'est-ce qui te prends de penser à ça, Marie ?" Elle se maudissait d'avoir une telle pensée. Il était son créancier, l'homme que son ex-mari n'avait eu aucun scrupule à tromper et à voler ! Et l'homme qui l'emmenait loin de chez elle...
Elle attira son attention.
"Pourquoi vous êtes aussi gentil avec moi ? Je vous dois une grosse somme d'argent, je suis l'ex-femme d'un voleur qui vous a trompé. Vous êtes sensé me détester !"
Il sembla surpris par sa remarque puis ses yeux la transpercèrent, lui faisant regretter d'avoir tenté de connaître un tant soit peu la vision qu'il avait d'elle. En un instant, il avait repris l'expression de l'homme cruel.
-Je vous déteste, répondit-il froidement.
"Ce n'est pas l'impression que vous m'avez donnée en essayant de me rassurer avant le décollage."
-Ça m'aurais embêté que vous fassiez une crise de panique ou que vous vomissiez sur mes genoux. Pourquoi vous vous êtes mariée avec Yahn ?
Elle plissa les yeux, touchée à la mention de son ex-mari et dégoûtée devant le cynisme de ses premières paroles. Cruel. Et Joris qui étudiait toutes ses réactions ! Ses larmes menaçaient de couler et elle les retint à temps. D'une main tremblante, elle écrivit sur son carnet :
"Ça ne vous regarde pas."
-La réponse la plus lâche existante. Celle qui démontre qu'il y a quelque chose à cacher, remarqua-t-il.
La jeune femme avait pourtant bien perçu l'éclat d'inquiétude dans son regard. Quel cynisme... Pourquoi était-il soudain si froid et curieux ? Il venait de lui démontrer la facette sombre de sa personnalité qu'il n'avait daigné montrer devant son grand-père. Elle le fusilla du regard.
"Je vous déteste."
Il fixa le carnet puis retourna à son travail, comme si cela ne lui faisait ni chaud ni froid.
Joris observait discrètement la jeune femme bouillonnante de colère. Ce n'était pas la première qu'on disait le détester. Et avec n'importe qui, ça ne l'aurait pas dérangé. Mais elle n'était pas n'importe qui. Cependant, agir froidement était la seule chose qu'il pouvait faire pour contenir le désir qu'il lui portait et qu'il refusait d'admettre. Au bout de quelques heures de vol, une hôtesse vient lui annoncer l'atterrissage imminent. La femme aux cheveux roux le dévorait du regard et il la considéra froidement.
Marie était endormie. Ses boucles blondes retombait sur son visage. Ses lèvres étaient roses et son teint pâle. Une beauté naturelle. Elle l'intriguait terriblement, en particulier sur cette histoire de mariage. Il décrocha son portable, déterminée à obtenir des informations sur sa jeune captive puisqu'elle ne désirait visiblement pas lui en donner de son plein gré. Il aurait dû faire des recherches bien plus tôt.
-Allô, Brian ? J'ai besoin que tu fasses des recherches sur une jeune femme qui a la vingtaine et qui s'appelle Marie Jenson...
Alors, que pensez-vous de la relation entre Joris et Marie ? Mystérieuse ? Étrange ? 😉 Je sais que les premiers chapitres soulèvent beaucoup de questions, surtout sur le passé des deux personnages. Mais ne vous inquiétez pas, les réponses viendront et l'action aussi.
Comment se passent vos vacances ? Bien, j'espère ?
A bientôt !
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Attraction
Roman d'amourSon carnet et un crayon, voilà les deux objets que Marie a toujours en sa possession. Avec son grand-père Carl, elle vit au fond d'une forêt perdue, en Bretagne. Timide, elle fuit les habitants du village voisin. Et pour cause : son mutisme forme un...