Chapitre 37

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Marie était allongée sur le lit, la chambre inondée de soleil. Des bras protecteurs l'entouraient et même sans se retourner, elle devinait qu'il s'agissait de Joris. Elle reconnaissait sa manière de la toucher, de l'envelopper comme si rien d'autre ne comptait. Elle sentait leur peau se toucher, se réchauffer. À cet instant, tout était juste parfait, un petit paradis rêvé.

Mais une voix résonna soudain dans son esprit. Une voix qui la terrifiait. Une voix qui la hantait. Ces cicatrices semblaient soudain la brûler. Et puis elle le vit, sur le pas de la porte. Le regard plus menaçant que jamais. Il esquissa un sourire qui la pétrifia, car elle savait ce qui suivait généralement.

-Eh bien, Marie, tu ne pensais tout de même pas que j'allais partir comme ça ? Sans te punir ?

-Tu... Tu es mort, tu ne peux plus rien contre moi. Je suis heureuse, je vis ma vie. Sans toi..., prononça-t-elle d'une voix blanche.

Tiens ? Elle pouvait parler dans les rêves. Il éclata soudain de rire, la faisant sursauter.

-Tu m'a tué. Ne te fais pas d'illusion, je serai toujours là, planant au-dessus de toi telle une ombre. Et comment peux-tu être certaine qu'il ne t'abandonnera pas ?

Marie plaqua ses mains sur ses oreilles, incapable d'en entendre davantage. Elle ne pouvait pas en être certaine. Et cette vérité la minait à chaque instant.

Il leva son doigt, toujours accompagné de son rire horripilant, lui montrant un point derrière elle. Elle se retourna vivement. Joris n'était plus derrière elle mais en train de quitter la pièce. Il partait. Il l'abandonnait. Elle cria pour le retenir mais la porte se referma sans qu'il ne se soit retourné pour lui jeter un dernier regard.

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Joris travaillait encore dans son bureau lorsqu'un hurlement résonna. Un hurlement de femme. Mais il n'y avait personne dans la villa hormis lui et Marie. Paula était rentrée chez elle depuis des heures et aucun autre personnel ne résidait dans sa villa. Quelqu'un s'était introduit dans la maison. Mais l'alarme aurait dû sonner et l'avertir ? Quoiqu'il en soit, il devait aller voir Marie pour la rassurer avant de chercher qui avait poussé ce hurlement. Dans les couloirs, tout était calme.

Mais lorsqu'il poussa la porte de la chambre, il s'étonna de ne pas voir la jeune femme accourir vers lui pour demander ce qui venait de se passer. Il connaissait son caractère anxieux. Au contraire, la lumière était éteinte. Mais il sut qu'elle ne dormait pas lorsqu'il perçut sa respiration rapide. Recroquevillée sur elle-même, il distinguait sa peau luisante de sueur.

-Marie, qu'est-ce que tu as !?

Inquiet, il la redressa pour la poser contre son torse. Elle tremblait, les yeux grands ouverts mais fixant le vide. Il toucha son front mais elle n'avait pas de fièvre. Des larmes avaient coulé sur ses joues. Elle semblait complètement sous le choc. Mais était-ce réellement le hurlement qui l'avait mise dans cet état ?

Il alluma les lampes de chevet, sachant que cela la rassurerait. Elle ne disait rien, ne faisait aucun mouvement, se laissant porter telle une poupée de chiffon. Il avait beau lui chuchoter des paroles rassurantes, rien n'y faisait. Elle stagnait encore entre le sommeil et le réveil. Comprenant qu'il n'y avait que le temps qui lui permettrait de retrouver son état normal, il la couvrit d'une couverture.

Rapidement, il consulta les alarmes et les caméras à partir de son ordinateur portable. Il n'y avait pas eu d'intrusion ni quoique ce soit d'anormal. Mais qui avait poussé ce hurlement ? Doucement, une idée s'infiltrait dans son esprit. Mais c'était impossible ! L'accident... Tous les examens l'avaient confirmé ! Les sourcils froncés, il tentait d'assembler tous les morceaux du puzzle. Il posa son regard sur elle. Tout semblait le mener à une seule et unique conclusion.

Marie avait bel et bien poussé ce hurlement.

Et c'était probablement un cauchemar qui avait provoqué son cri et son état de choc. Petit à petit, la jeune femme reprenait des couleurs. Ses paupières papillonnaient, comme si elle n'avait absolument pas conscience de ce qui venait de se produire. Elle cherchait autour d'elle, l'expression paniquée.

-Je suis là, mon ange. Calme-toi, tout va bien.

Il attendit que sa respiration s'apaise.

-Marie, reprit-il, ne sachant comment formuler sa pensée, tu as fait un cauchemar. Et tu as... Crié.

Elle le regarda sans comprendre. Comment ça, elle avait crié ? Le cauchemar, oui, elle s'en souvenait à présent. Mais elle était muette. D'où sortait-il une telle aberration ? Elle saisit le carnet qu'il lui tendait.

"Tu as dû rêver. C'est strictement impossible."

-Je sais ce que j'ai entendu, répliqua-t-il. Et tu as bel et bien hurlé dans ton sommeil. Je suis conscient que c'est complètement fou mais tu n'es pas muette. Tu ne l'as jamais été. J'ai appelé le médecin, il va venir t'examiner.

"Il est plus de minuit, fit-elle remarquer en haussant les sourcils. Ça peut attendre."

-Non, c'est important. Il s'agit de ta santé. Tu as peur de ce qu'il va t'annoncer, et c'est normal. Mais je sais combien ta voix t'était chère.

Marie détourna le regard. Elle ne savait si elle devait détester et adorer cette façon qu'il avait de toujours lire dans ses pensées. Oui, elle avait terriblement peur de ce qu'on allait bien pouvoir lui annoncer. Elle commençait à peine à apprendre à vivre avec son handicap. Lui faire de faux espoirs, c'était vraiment cruel. Elle préférait presque ne pas être fixée.

Joris essuya les marques de sels qui marquaient encore ses joues après son cauchemar, puis déposa un long baiser sur son front.

-Tu a dû avoir vraiment peur, tout à l'heure. Je suis désolé de ne pas avoir été à tes côtés.

Oui, elle avait eu peur. Mais ça n'était qu'un cauchemar qui n'était en aucun cas un miroir de la réalité. Joris ne cessait de le lui prouver à chaque instant par sa tendresse et ses petites attentions.

Le médecin arriva et examina Marie, sous le regard attentif de Joris qui attendait les bras croisés.

-Monsieur, pourrai-je vous parler en privé ? demanda le médecin en rangeant son matériel.

L'homme acquiesça, la gorge trop nouée pour répondre. Il posa son front contre celui de Marie.

-Nous ne serons pas long. Tâche de ne pas trop t'inquiéter.

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