Chapitre 27

12.3K 1K 39
                                    

-Je ne les ai pas surveillés pendant deux petites minutes. Ce n'est tout de même pas de ma faute s'ils sont plus rapides que l'éclair ! se défendit l'homme.

Il hoqueta également en apercevant Marie. Puis un sourire fendit son visage.

-Mon dieu... Marie, c'est bien toi ? Tu te souviens de moi ?

"Wesley..."

La jeune femme sentait des larmes inonder ses yeux et ils se jetèrent dans les bras. Wesley, le fils des voisins qui l'avait toujours soutenu durant sa petite enfance. Il était là, devant elle, après tant d'années. Le petit garçon qu'elle avait connu avait bien changé. Son corps était désormais celui d'un homme, il la dépassait de quinze bons centimètres. Elle avait cru ne jamais le revoir après le déménagement. Elle était si jeune.

-Laisse-moi t'observer... dit-il en s'écartant d'elle. Tu es devenue tellement belle. Une vraie femme. Mais ce carnet ? Tu es muette ? Qu'est-ce qui s'est passé ? l'interrogea-t-il.

"J'ai eu un accident à la suite duquel j'ai perdu ma voix. Mais je commence à m'y habituer."

-Oh, je suis désolé...

Joris, qui avait observé la scène de retrouvailles bouche bée et interloqué, s'approcha.

-Je ne comprends pas. Comment vous connaissez-vous ?

"Wesley est un ami d'enfance. Lorsque j'avais dix ans, mes parents ont déménagé et m'ont emmenée avec eux. Suite à cela, je ne l'ai jamais revu jusqu'à aujourd'hui."

Joris peinait à y croire. Une telle coïncidence ! De plus Wesley, son beau-frère qu'il fréquentait régulièrement depuis maintenant deux ans. Il l'appréciait comme un ami proche. Marie semblait heureuse de le retrouver même s'il ne pouvait s'empêcher d'être curieux quant aux moments privilégiés qu'ils avaient dû passer ensembles. Une pointe de jalousie l'étreint même. Wesley avait connu Marie durant son enfance pour le moins compliquée : il connaissait tout un pan de sa vie que Joris ne découvrirait jamais complètement. Malgré tous ses efforts, il peinait toujours à cerner la jeune femme.

Charlotte, passé le choc, retrouvait déjà son incomparable sourire.

-Si ce n'est pas incroyable ! Je vais coucher les enfants et nous pourrons parler tranquillement. J'ai hâte de savoir comment était Wesley enfant. Je suis sûre qu'il était déjà ronchon ! adressa-t-elle un clin d'œil espiègle à Marie.

Wesley leva les yeux au ciel tandis que Tom et Juline bougonnaient de devoir aller au lit alors qu'il régnait une telle atmosphère qui sortait de l'ordinaire. Wesley conduit Joris et Marie dans un salon attenant. Coquet, il demeurait malgré tout luxueux.

-Et vos invités ? demanda Joris en haussant les sourcils.

-Ils peuvent bien rester seuls une trentaine de minutes. Tant qu'ils ont de la nourriture raffinée et de l'alcool, ces idiots ne se plaindront pas, rit-il. 

Marie fronça brièvement les sourcils. Ses paroles sonnaient comme s'il se fichait complètement de ses invités, comme si ceux-ci étaient des objets. Était-il déjà ainsi quand elle l'avait connu ? 

-Alors comme ça, vous êtes ensemble ?

Marie jeta un regard gêné envers Joris. 

-On... peut dire ça, oui, répondit Joris à contre-cœur.

-Comment vous-êtes-vous rencontrés ? Vous l'avez déjà fait ?

Joris ne comprenait pas pourquoi il se montrait si insistant. Wesley savait à quel point il était secret sur sa vie intime. Et au lieu de questionner Marie qu'il n'avait pas vu depuis plus de dix ans sur ce qu'il était advenu d'elle et de sa voix, il les questionnait sur leur couple ? Sa dernière question était carrément déplacée, même s'ils étaient proches ! De plus devant Marie. Il dut se retenir d'exploser d'indignation. Un tel comportement était vraiment étrange et ça ne lui ressemblait pas... Son ton sonnait comme une accusation.

-Je ne vois pas en quoi ça te regarde, répliqua-t-il sèchement.

Sa curiosité commençait à l'agacer et, à en voir l'expression de Marie, cela ne lui plaisait pas davantage. Heureusement, coupant le silence qui devenait pesant, Charlotte entra.

-Ils sont enfin couchés ! Alors, je veux tout savoir ! Y-a-t-il des anecdotes amusantes à propos de mon mari ?

Joris retint un sourire. Quelle gamine... Même s'il savait que ce n'était qu'en apparence. Son entrée avait cependant allégé l'atmosphère. A ses côtés, la jeune femme tentait tant bien que mal de reprendre consistance. Wesley devait inexorablement lui rappeler son enfance et bien sûr ses parents. Il s'apprêtait à intervenir quand Marie commença effectivement à gribouiller sur son carnet. Des anecdotes, accompagnées de dessins pour illustrer. Devait-il se réjouir de la voir évoquer son passé avec Wesley aussi facilement ?

Marie prenait plaisir à raconter les bons moments de son enfance, si rares. Petit à petit, et malgré la première mauvaise impression que son ami avait pu lui donner au début de la soirée, elle se souvenait de son rire si caractéristique, de l'éclat rieur de ses yeux. Et Charlotte était si spontanée et joyeuse que la soirée se déroula finalement mieux qu'elle l'avait envisagée. Seul Joris demeurait silencieux, bien qu'il ne lui paraisse pas particulièrement en colère ni frustré. Seulement en pleine réflexion. Mais à quel propos ?

Puis il avait fallu que tous retournent avec les autres invités qui commençaient à se demander où leurs hôtes étaient partis. Bien que, comme l'avait dit Wesley, il avait bien fallu une heure pour qu'ils se questionnent.

S'ensuivit le repas dans une bonne humeur. Marie se sentait épiée par Joris, qui lui demandait souvent si autant de personnes autour d'elle n'était pas trop éprouvant. Ça l'était. Mais il fallait bien qu'elle avance et rester cloîtrée n'était pas la bonne solution. Aux alentours de minuit, les invités se dirigèrent progressivement vers le hall luxueux de l'immense demeure, couvrant de compliments Charlotte et Wesley sur leur belle soirée.

-Je t'aime beaucoup, Marie, dit sincèrement Charlotte. J'espère que Joris t'emmèneras bientôt à nouveau ici.

Elle lui saisit les mains, comme s'il lui fallait établir un contact physique pour dire les paroles qui allaient suivre.

-Tu es une belle personne, bien que je sais que tu essayes encore de t'en convaincre. Mais ça ira. Car un jour tu te rendras compte que la beauté de ton âme sauve de nombreuses personnes. Dont Joris.

Marie acquiesça. Elle voulait y croire autant qu'elle.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Marie s'était écroulée sur l'épaule de l'homme dès s'être assise dans la voiture. Joris était encore mitigé du déroulement de la soirée. Quelque chose de pointu dans sa poche attira son attention. Il tâta et en sortit un papier plié en quatre.

Marie est à moi.

Joris retourna le papier, à la recherche d'un indice sur l'auteur, mais il n'y avait rien d'autre.

AttractionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant