Chapitre 43

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La jeune femme, transie de peur, se recroquevilla dans un coin de la pièce. Les vitres tremblaient encore sous l'impact du vent, menaçant de s'ouvrir à chaque instant. Elle fixait l'ombre, la porte de la chambre à travers laquelle elle avait perçu le mouvement. Elle craignait de se retrouver face à Wesley qui finalement venait de se révéler. Un fou obsédé. Et même si elle ne comprenait toujours pas ses agissements, elle n'allait certainement pas aller à sa rencontre pour qu'il les lui explique.

Un fracas retentit dans la maison sans qu'elle ne puisse en trouver l'origine. Elle entoura ses jambes de ses bras avant d'enfoncer sa tête dans le creux. Les larmes coulaient sur la peau nue de ses jambes. C'était un cauchemar... Le noir de la chambre s'insinuait en elle, la terrifiait. Elle avait l'impression de retourner des années en arrière lorsque son père, pour la punir, la contraignait à rester plusieurs heures dans un cagibi sombre et étroit. Sa respiration s'accélérait. Elle n'avait plus d'air. Elle étouffait.

Joris poussa la portière de la voiture alors que celle-ci n'était même pas encore tout à fait garée dans l'allée. Le vent était si fort que son manteau qu'il tenait sous son bras menaçait de s'envoler. Tout était calme dans la maison. Pas un bruit. Aucune lumière allumée. Peut-être s'était-il montré un peu trop paranoïaque... Mais la bonne nouvelle était qu'il allait retrouver Marie plus tôt que prévu. Désireux de ne pas réveiller la jeune femme, il monta l'escalier sur la pointe des pieds.

Mais soudain, une ombre traversa hâtivement le couloir. Et ça n'était ni Marie ni Paula. Il avait vu juste en souhaitant rentrer le plus vite possible. Quand ferait-il enfin confiance à son instinct qui se révélait bien souvent plus fiable que sa raison ?

-Et toi ! Arrête-toi ! cria-t-il en se lançant immédiatement à sa poursuite.

Cet effort fut cependant vain. L'homme qui s'était infiltré l'avait pris au dépourvu, ayant ainsi une longueur d'avance. Avant que Joris n'eut même le temps de voir à qui il avait affaire, il avait brisé la fenêtre pour s'y glisser et regagner l'extérieur. Joris observa un instant le jardin dans l'espoir de l'apercevoir mais c'était peine perdue : il avait déjà disparu. Par chance, il semblait être arrivé à temps pour empêcher une quelconque action de sa part.

Comment cet homme avait-il pu entrer ici ? La maison était surveillée vingt-quatre heures sur vingt-quatre. De plus, cette île était privée. Personne, absolument personne, ne s'y rendait sans avoir obtenu expressément un accord de sa part. Et même dans ce cas-ci, les bateaux et les hélicoptères qui les amenaient sur l'île était sous sa possession. Joris frappa violemment le mur, furieux qu'il lui soit échappé aussi facilement. Leur mystérieux stalker et cet homme étaient sans aucun doute liés. Il aurait pu enfin connaître son identité !

Il ne perdit cependant pas plus de temps, et accourut à la chambre où devait se trouver Marie. Mais sans même allumer la lumière, il perçut qu'elle n'était pas dans le lit. Il se pinça les lèvres, s'efforçant de garder son sang-froid. Il sentait son sang battre dans ses veines, paniqué à l'idée de ne pas la retrouver. Puis quelques gémissements attirèrent son attention. Il appuya sur l'interrupteur, plongeant la pièce dans une lumière presque aveuglante.

Et il la vit, recroquevillée au sol dans un recoin de la chambre et les mains crispées sur sa gorge. Sa respiration était difficile...

...

Non. Elle ne respirait plus.

Joris se précipita vers elle et releva sa tête pour la poser sur ses genoux, percé de douleur en la voyant ainsi. Son visage fin était pâle et de la sueur froide coulait le long de son front. Elle leva sur lui un regard plein de larmes dans lequel reflétaient multiples émotions. Soulagement. Peur. Surtout de la peur. L'homme ne tarda pas à comprendre que sa crise était de même nature que celle qui s'était produite peu de temps après son arrivée chez lui. Une crise de panique aiguë, qui avait nécessité un respirateur et un médecin de toute urgence. Deux conditions impossibles à remplir dans l'immédiat. Mais il se devait de ne pas laisser paraître son inquiétude au risque de la paniquer encore plus.

-Chut, tout va bien à présent. Je suis là, tu ne risques plus rien, murmurait-il en espérant que ses paroles suffiraient à apaiser la jeune femme.

Il la plaça de manière plus confortable sur ses genoux, de manière à pouvoir faire des cercles larges sur son dos. De l'autre main, il caressait son visage, essuyant au passage ses larmes dues à ses nerfs en pelote. Leurs yeux ne s'étaient jamais quittés. L'homme y voyait toute sa détresse. Sa peur de ne jamais parvenir à apaiser sa respiration et de s'étouffer. À plusieurs reprises, d'intenses quintes de toux la criblèrent de douleur.

Enfin, après un temps qui lui sembla interminable, sa respiration ralentit et Marie reprit quelques couleurs.

-C'est bien, respire calmement, l'encouragea Joris. Ça va mieux maintenant ?

Après une grande inspiration, elle hocha la tête. Quel avait été son soulagement et voyant ses yeux à la couleur claire caractéristiques ! Son cauchemar était-il enfin fini ? Bien que son esprit ait été trop embrumé pour décoder ses paroles, le son de sa voix l'avait bercée jusqu'à ce qu'elle se calme. Petit à petit, elle avait calé sa respiration sur la cadence avec laquelle Joris faisait ses mouvements dans son dos.

Il la souleva pour la déposer sur le lit. Tendrement, il déposa un long baiser sur son front. Le soulagement de savoir sa douloureuse crise terminée se lisait sur son expression.

-Que s'est-il passé exactement avant que je n'arrive ? demanda Joris en rabattant une couverture sur le corps froid de la jeune femme qui savourait l'air entrer à flot dans ses poumons.

Mais elle trouva finalement la force de lâcher la bombe atomique.

-Wesley... C'est lui depuis le début, sanglota-t-elle.

Joris tombait des nues. Pas lui ! Pas lui qui avait relevé sa sœur après la mort de leurs parents ! Pas lui qui lui avait fait deux merveilleux neveux ! Pas lui qui avait soutenu Marie durant son enfance compliquée ! Pas lui ! Son corps surpuissant s'affaissa sous le choc de la nouvelle. Il lui intima cependant :

-Continue, mon ange. Je t'écoute.

-Il m'a appelée sur le téléphone de la chambre. Je l'ai reconnu grâce à sa voix, dit-elle tremblante. Il m'a...

Elle n'osait continuer. Joris la vit détourner le regard et il comprit immédiatement que ce qu'elle allait dire ne lui plairait pas.

-Il t'a dit quoi, Marie ? demanda-t-il sèchement.

-Il m'a... fait comprendre qu'il souhaitait me faire sienne.

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