Chapitre 40

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-Je ne comprends pas comment ce virus a pu passer au travers du logiciel de sécurité installé. Avec le genre de dossiers confidentiels que je conserve sur cet ordinateur, j'ai pourtant pris beaucoup de mesures préventives, dit Joris en fronçant les sourcils.

-Tu as visiblement affaire à un véritable professionnel de l'informatique... Je pense qu'il est capable d'éteindre les caméras et de les allumer à sa guise, ainsi que de contrôler toutes les fonctionnalités annexes. Qui sait de quoi il est encore capable ? Tu n'as aucune idée de qui il peut s'agir ?

Joris secoua la tête négativement.

-Je pense que cette personne connaît bien Marie et depuis longtemps pour avoir autant de photos anciennes d'elle, mais j'ignore qui s'amuse à faire ça, réfléchissait Joris.

-Ainsi, il l'observe depuis plusieurs années sans jamais l'approcher... C'est vraiment inquiétant... Est-ce que tu as mis Marie au courant concernant la menace qui plane sur elle ?

L'homme se releva et plaqua brusquement ses mains sur le bureau.

-Certainement pas ! Je refuse de l'inquiéter ! S'écria-t-il. Elle est encore trop fragile.

Elias se leva de son habituelle allure nonchalante pour se poster près de la fenêtre, observant la nuit. Cela faisait plusieurs semaines qu'il donnait des cours de musique à la jeune femme. La musique est porteuse des sentiments du musicien. Joris ne semblait pas s'en rendre compte, mais Marie était bien moins fragile qu'il le pensait.

-En es-tu absolument sûr ? murmura-t-il avec un sourire en coin.

Joris fronça les sourcils, mais il n'eut le temps de demander des précisions à son cousin que celui-ci renchérit :

-Assure-toi de ne plus utiliser ton ordinateur ni de transférer tes fichiers sur un autre. Il ne faudrait pas que le stalker prenne le contrôle du second.

Joris, soudainement conscient d'un aspect de la situation, saisit un papier et un stylo.

"Je vais emmener Marie dans un autre lieu. Si le stalker a pris le contrôle des caméras de surveillance, ça signifie qu'il peut être en train de nous écouter en ce moment-même. Il ne doit absolument pas savoir où je vais l'emmener ni les mesures que nous allons prendre. Cela pourrait mettre en péril la sécurité de Marie."

Elias le lit attentivement. Comment avait-il pu ne pas penser à cette éventualité ? Heureusement que Joris avait eu l'esprit de réagir à temps. Par chance, rien de compromettant n'avait été dit.

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Une caresse sur sa joue éveilla Marie doucement. Contrairement aux autres matins, la lumière du soleil n'avait pas tenté de percer ses paupières. Et cela pour la simple et bonne raison que le jour n'était pas encore levé.

-Marie, excuse-moi de te réveiller si tôt. J'ai pris quelques jours de vacances, j'ai pensé que ça te ferait plaisir qu'on parte tous les deux, surtout après les derniers événements.

La jeune femme frémit avant de se munir d'un grand sourire. Joris, bien que la rejoignant chaque soir aussitôt son travail achevé, lui manquait malgré tout. Il saisit son menton pour déposer un tendre baiser sur ses lèvres charnues. Elle sentit un frisson parcourir sa colonne vertébrale et une chaleur envahit son bas-ventre. Oui, les prochains jours allaient être magiques...

Alors qu'elle s'apprêtait à ressembler quelques affaires, Joris l'arrêta d'un geste.

-Ne t'en fais pas, nous recevrons nos affaires sur place, un peu plus tard.

Bien que surprise de ce départ plus que soudain, Marie le suivit jusqu'à la voiture. Un chauffeur était déjà prêt à démarrer. Le soleil se levait à peine.

À ses côtés, Joris restait silencieux, ce qui n'était pourtant pas habituel. "Quelle situation étrange..." pensa-t-elle. Quoiqu'il puisse en dire, elle se sentait tout sauf en vacances.

"Où va-t-on ?" chercha-t-elle à en savoir plus.

Sorti de ses pensées, il esquissa une ébauche de sourire, sourire qui ne lui ressemblait pas.

-C'est une surprise ! Mais ne t'inquiète pas, je suis sûr que ça va te plaire. J'y allais très souvent avec mes parents adoptifs, étant jeune.

Perturbée par son comportement, elle se figea sur l'observation de la route le reste du trajet, sans un mot ni une question supplémentaire. Enfin, la voiture s'arrêta. Mais il n'y avait aucune bâtisse à l'horizon. Seul l'océan s'étendait devant eux. Elle lança un regard intrigué dans sa direction.

-Un bateau va nous emmener sur une petite île, à un quart d'heure d'ici, s'expliqua-t-il. C'est là-bas que nous logerons pour les prochains jours.

La jeune femme ne parvenait pas à s'extasier devant la beauté du paysage. Au contraire, elle ne pouvait quitter du regard les signes de tension de Joris. Ses poings serrés, sa mâchoire tendue qui lui donnait un air terrifiant... Cela ajouté à leur brusque départ... Quelque chose n'allait pas.

Débarqués sur l'île, Marie s'étonna de ne voir aucune civilisation autre qu'un bâtiment qu'on pouvait apercevoir au loin. Une falaise la bordait. Cela ressemblait beaucoup à la villa dans laquelle vivait Joris toute l'année.

"Comment se fait-il qu'il n'y ait personne sur cette île ? Elle devrait pourtant être pleine de touristes en cette saison."

-Je l'ai achetée et privatisée il y a quelques temps déjà.

Marie haussa les sourcils, encore surprise lorsqu'il étalait son immense fortune sous ses yeux. Il la prit par la main, l'encourageant ainsi à entrer. Tout était somptueux, comme d'habitude. Et la vue depuis le balcon qui surplombait toute l'île était imprenable.

Mais pas moyen pour la jeune femme d'esquisser un seul sourire tant qu'elle ne connaîtrait pas la raison de leur départ.

Il s'approcha de Marie qui regardait fixement le paysage à travers la vitre. Elle sursauta lorsqu'il posa ses puissantes mains sur ses épaules, d'une façon protectrice. Marie ne se retourna pas pour autant.

-Tout ça n'a pas l'air de te faire plaisir... remarqua-t-il.

-...in...inquiet...

Joris se crispa. Les paroles de Marie étaient si rares qu'il fronça les sourcils en entendant sa voix. Elle ne parlait qu'en cas d'extrême nécessité.

-Comment ? souffla-t-il.

-Je... veux savoir ce qu'il se passe. Tu... sembles in... inquiet depuis qu'on... est parti.

C'était la première qu'il l'entendait autant parler. Il la retourna brusquement. Son visage ! Il devait voir son expression.

-Rien. Il ne se passe rien, souffla-t-il.

Mais cette seule et unique réponse était loin de la satisfaire.

Soudain, un éclat de fureur passa dans les yeux de la jeune femme. Une fureur qu'il n'avait encore jamais vu chez elle.

-Arrête ! cria-t-elle en se soustrayant à son regard perçant. Arrête de me traiter ainsi ! Je ne suis plus autant fragile qu'avant. Cesse de me surprotéger et dis-moi ce qui se passe !

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